260 Nos superbes vainqueurs, insultant à nos larmes, Imputent à leurs dieux le bonheur de leurs armes, Et veulent aujourd'hui qu'un même coup mortel Abolisse ton nom, ton peuple et ton autel. Ainsi donc un perfide, après tant de miracles, 265 Pourrait anéantir la foi de tes oracles, Ravirait aux mortels le plus cher de tes dons, Le saint que tu promets et que nous attendons? Non, non, ne souffre pas que ces peuples farouches, Ivres de notre sang, ferment les seules bouches 270 Qui dans tout l'univers célèbrent tes bienfaits; Et confonds tous ces dieux qui ne furent jamais.
Pour moi, que tu retiens parmi ces infidèles, Tu sais combien je hais leurs fêtes criminelles, Et que je mets au rang des profanations 275 Leur table, leurs festins, et leurs libations; Que même cette pompe où je suis condamnée, Ce bandeau, dont il faut que je paraisse ornée Dans ces jours solennels à l'orgueil dédiés, Seule et dans le secret je le foule à mes pieds; 280 Qu'à ces vains ornements je préfère la cendre, Et n'ai de go?t qu'aux pleurs que tu me vois répandre, J'attendais le moment marqué dans ton arrêt, Pour oser de ton peuple embrasser l'intérêt. Ce moment est venu: ma prompte obéissance 285 Va d'un roi redoutable affronter la présence, C'est pour toi que je marche. Accompagne mes pas Devant ce fier lion qui ne te conna?t pas, Commande en me voyant que son courroux s'apaise, Et prête à mes discours un charme qui lui plaise. 290 Les orages, les vents, les cieux te sont soumis: Tourne enfin sa fureur centre nos ennemis.
SCèNE V.
(_Toute cette scène est chantée_.)
LE CHOEUR.
UNE ISRAéLITE seule.
Pleurons et gémissons, mes fidèles compagnes; A nos sanglots donnons un libre cours. Levons les yeux vers les saintes montagnes 295 D'où l'innocence attend tout son secours. O mortelles alarmes! Tout Isra?l périt. Pleurez, mes tristes yeux: Il ne fut jamais sous les cieux Un si juste sujet de larmes. 300
TOUT LE CHOEUR.
O mortelles alarmes!
UNE AUTRE ISRAéLITE.
N'était-ce pas assez qu'un vainqueur odieux De l'auguste Sion e?t détruit tous les charmes, Et tra?né ses enfants captifs en mille lieux?
TOUT LE CHOEUR.
O mortelles alarmes! 305
LA MêME ISRAéLITE.
Faibles agneaux livrés à des loups furieux, Nos soupirs sont nos seules armes. TOUT LE CHOEUR.
O mortelles alarmes!
UNE DES ISRAéLITES.
Arrachons, déchirons tous ces vains ornements Qui parent notre tête. 310
UNE AUTRE.
Revêtons-nous d'habillements Conformes à l'horrible fête Que l'impie Aman nous apprête.
TOUT LE CHOEUR.
Arrachons, déchirons tous ces vains ornements Qui parent notre tête. 315
UNE ISRAéLITE seule.
Quel carnage de toutes parts! On égorge à la fois les enfants, les vieillards, Et la soeur et le frère, Et la fille et la mère, Le fils dans les bras de son père. 320 Que de corps entassés! que de membres épars Privés de sépulture! Grand Dieu! tes saints sont la pature Des tigres et des léopards.
UNE DES PLUS JEUNES ISRAéLITES.
Hélas! si jeune encore, 325 Par quel crime ai-je pu mériter mon malheur? Ma vie à peine a commencé d'éclore. Je tomberai comme une fleur Qui n'a vu qu'une aurore. Hélas! si jeune encore, 330 Par quel crime ai-je pu mériter mon malheur?
UNE AUTRE.
Des offenses d'autrui malheureuses victimes, Que nous servent, hélas! ces regrets superflus? Nos pères ont péché, nos pères ne sont plus, Et nous portons la peine de leurs crimes. 335
TOUT LE CHOEUR.
Le Dieu que nous servons est le Dieu des combats. Non, non, il ne souffrira pas Qu'on égorge ainsi l'innocence.
UNE ISRAéLITE seule.
Hé quoi? dirait l'impiété, Où donc est-il ce Dieu si redouté 340 Dont Isra?l nous vantait la puissance?
UNE AUTRE.
Ce Dieu jaloux, ce Dieu victorieux, Frémissez, peuples de la terre, Ce Dieu jaloux, ce Dieu victorieux Est le seui qui commande aux cieux. 345 Ni les éclairs ni le tonnerre N'obéissent point à vos dieux.
UNE AUTRE.
Il renverse l'audacieux.
UNE AUTRE.
Il prend l'humble sous sa défense.
TOUT LE CHOEUR.
Le Dieu que nous servons est le Dieu des combats. 350 Non, non, il ne souffrira pas Qu'on égorge ainsi l'innocence.
DEUX ISRAéLITES.
O Dieu, que la gloire couronne, Dieu, que la lumière environne, Qui voles sur l'aile des vents, 355 Et dont le tr?ne est porté par les anges!
DEUX AUTRES DES PLUS JEUNES.
Dieu, qui veux bien que de simples enfants Avec eux chantent tes louanges!
TOUT LE CHOEUR.
Tu vois nos pressants dangers: Donne à ton nom la victoire: 360 Ne souffre point que ta gloire Passe à des dieux étrangers.
UNE ISRAéLITE seule.
Arme-toi, viens nous défendre. Descends tel qu'autrefois la mer te vit descendre. Que les méchants apprennent aujourd'hui 365 A craindre ta colère. Qu'ils soient comme la poudre et la paille legere Que le vent chasse devant lui.
TOUT LE CHOEUR.
Tu vois nos pressants dangers: Donne à ton nom la victoire; 370 Ne souffre point que ta gloire Passe à des dieux étrangers.
ACTE SECOND.
(_Le théàtre représente la chambre où est le tr?ne Assuérus_.)
SCèNE I.
AMAN, HYDASPE.
AMAN.
Hé quoi? lorsque le jour ne
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.