recueilli que peu de légendes cosmogoniques ou métaphysiques;
ce sont les contes intitulés: D'où vient le soleil[11]--La créance de la
Mort--Le chien et le caméléon--L'anguille et l'homme au canari--Les
nyama et le cultivateur. Mais on en trouvera de nombreux exemples
chez d'autres folkloristes. Ainsi, la controverse du crapaud et du
caméléon[12] nous apprend qui, des montagnes ou de la boue, a été
créé en premier lieu; celui du «Déluge universel» nous expose la
tradition agni sur ce sujet. Le conte de Froger, intitulé: «Le genre
humain» élucide le problème de la création de la femme selon les
Môssi. Enfin, la différence des races et l'infériorité des noirs sont
expliqués par des contes divers de Laumann, d'Ollone, d'Arcin[13] et
de Bérenger-Féraud[14].
[Note 11: Pour les contes cités, se référer à la table des matières
alphabétique qui sera publiée à la fin de l'ouvrage terminé.]
[Note 12: Delafosse, Essai de manuel de la langue Agni. La formation
du Monde. Le Déluge universel.]
[Note 13: Arcin, La Guinée française.]
[Note 14: Contes populaires de la Sénégambie. (Voir aussi Vigne
d'Octon cité par Arcin (le 1er griot) et Bérenger-Féraud «L'origine des
griots et des laôbé». Op. cit.).]
L'évolution de la civilisation, telle que l'entendent les noirs, se trouve
exposée dans les contes ci-après: L'invention des cases.--Le minimini
ou la fondation des villages.--La conquête du dounnou et Antimbé,
ravisseur du bohi, (relatifs à l'invention des tambours).--L'ancêtre des
griots.--Le cadavre ambulant.--La première des dots.--Les sinamousso.
La légende se fait historique ou quasi-historique pour expliquer
l'origine de divers téné[15]. Voir à ce sujet les contes de Fadôro--de La
femme enceinte--du Cheval noir--du Lionceau et l'enfant.
[Note 15: Le téné est l'animal «tabou» pour une famille, une race ou
une tribu, celui qu'on ne doit pas tuer, ni surtout manger quand on
appartient au groupement pour lequel il est sacré. C'est aussi une sorte
de blason rudimentaire.]
Elle est même délibérément historique--abstraction faite du
merveilleux--quand elle célèbre les exploits d'un héros mythique
comme Samba Guénâdio Diêgui (La geste de S.-G. Diègui) Namara
Soundieta, NDar, Amadou Sefa Niânyi, la fondation d'une dynastie
royale: (Légende de NDiadiane, NDiaye), la conquête du pouvoir
(L'éléphant de Molo) ou encore quand elle rappelle les aventures des
Sorko pêcheurs ou des Gow chasseurs du Niger[16] l'émigration des
Agni, sous la conduite d'Aoura Pokou, leurs guerres au Baoulé contre
les Gori[17], la faiblesse paternelle du damel Amady NGôné[18], la
folie «caligulienne» de l'almamy torodo Amady Si (Amady Si, roi du
Boundou) le dévouement du Khassonké Yamadou Hâvé ou de la fille
du massa, etc., etc.[19].
[Note 16: Ajouter Malick Sy (Légendes de Bérenger-Féraud et de
Lanrezac). La fondation de l'empire Diolof (B.-F.).]
[Note 17: Dupuis-Yakouba, Contes des Gow et Desplagnes «Le Plateau
central nigérien».]
[Note 18: Delafosse, op. cit.]
[Note 19: Conte de Bérenger-Féraud. Damel signifie «roi» en
cayorien.]
On pourrait s'étendre longuement là-dessus, mais de plus longs
développements contraindraient à dépasser le cadre, peut-être trop
ample déjà, qu'on s'est imposé pour cette étude.
B. Contes de science fantaisiste.
Ces récits, bien entendu, ne prétendent nullement à la science et c'est
très consciemment qu'ils procèdent de l'imagination de leurs conteurs.
Les auditeurs ne les tiennent guère, non plus, pour scientifiques et leur
demandent un amusement bien plutôt qu'un enseignement.
Le plus souvent ils donnent la cause originelle des particularités
physiques de certains animaux: les zébrures horizontales du pelage de
l'hyène (L'hyène et l'homme son compère); la déclivité de son
arrière-train (Les générosités de l'hyène--La chèvre grasse); les rayures
abdominales de la biche (La femme-biche); ils expliquent pourquoi les
grenouilles n'ont plus de queue (La grenouille indiscrète) pourquoi le
cheval arbore un si beau panache et l'hippopotame, un moignon ridicule,
en guise d'appendice caudal[20]; d'où vient l'enfoncement des yeux du
singe dans leurs orbites (Le singe ingrat).
[Note 20: Arcin, op. cit. Le cheval et l'hippopotame.]
Ils expliquent encore les habitudes qu'ont certains animaux: les
tourterelles, d'aller toujours par deux (Les deux jumelles); l'hyène, de
farfouiller dans la paille bottelée (L'hyène commissionnaire); les poules,
d'éparpiller leur manger (Pourquoi les poules etc...); les motifs qu'a la
race caprine de redouter l'eau (La peur de l'eau) ceux qu'elle eut de se
résigner à la domestication (Les chèvres domestiquées).
De même ils exposent l'origine de certains oiseaux (Les obligés ingrats
de Ngouala.--Le cultivateur, etc., etc.).
C. Récits (merveilleux ou non) de pure imagination et sans intentions
didactiques.
J'ai classé dans cette catégorie les contes qui n'ont d'autre but que de
provoquer l'intérêt par l'exposé d'événements de deux sortes: les uns,
comportant des personnages de nature fabuleuse et les autres ne
produisant en scène que des personnages de nature humaine qui
évoluent au milieu d'une action purement anecdotique ou romanesque.
Il y a lieu de distinguer cette catégorie de celle dont on parlera
immédiatement après, en ce que le conteur n'imagine que pour le plaisir
d'imaginer tandis que l'autre catégorie trahit des intentions
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