En famille | Page 7

Hector Malot
forces pour quelques jours, c��est tout ce que je demande. Si elles reviennent, nous ach��terons une robe d��cente pour toi, une pour moi, et nous prendrons le chemin de fer pour Maraucourt, si nous avons assez d��argent pour aller jusque-l��; sinon nous irons jusqu��o�� nous pourrons, et nous ferons le reste du chemin �� pied.
-- Palikare est un bel ane; le gar?on qui m��a parl�� �� la barri��re me le disait tant?t. Il est dans un cirque, il s��y conna?t; et c��est parce qu��il trouvait Palikare beau, qu��il m��a parl��.
-- Nous ne savons pas la valeur des anes �� Paris, et encore moins celle que peut avoir un ane d��Orient. Enfin, nous verrons, et puisque notre parti est arr��t��, ne parlons plus de cela: c��est un sujet trop triste, et puis je suis fatigu��e.?
En effet, elle paraissait ��puis��e, et plus d��une fois elle avait d? faire de longues pauses pour arriver �� bout de ce qu��elle voulait dire.
?As-tu besoin de dormir?
-- J��ai besoin de m��abandonner, de m��engourdir dans la tranquillit��, du parti pris et l��espoir d��un lendemain.
-- Alors, je vais te laisser pour ne pas te d��ranger, et comme il y a encore deux heures de jour, je vais en profiter pour laver notre linge. Est-ce que ?a ne te para?tra pas bon d��avoir demain une chemise fra?che?
-- Ne te fatigue pas.
-- Tu sais bien que je ne suis jamais fatigu��e.?
Apr��s avoir embrass�� sa m��re, elle alla de-ci de-l�� dans la roulotte, vivement, l��g��rement; prit un paquet de linge dans un petit coffre ou il ��tait enferm��, le pla?a dans une terrine; atteignit sur une planche un petit morceau de savon tout us��, et sortit emportant le tout. Comme apr��s que le riz avait ��t�� cuit, elle avait empli d��eau sa casserole, elle trouva cette eau chaude et put la verser sur son linge. Alors, s��agenouillant dons l��herbe, apr��s avoir ?t�� sa veste, elle commen?a a savonner, �� frotter, et sa lessive ne se composant en r��alit�� que de deux chemises, de trois mouchoirs, de deux paires de bas, il ne lui fallait pas deux heures pour que f?t tout lav��, rinc�� et ��tendu sur des ficelles entre la roulotte et la palissade.
Pendant qu��elle travaillait, Palikare attach��, �� une courte distance d��elle, l��avait plusieurs fois regard��e comme pour la surveiller, mais sans rien de plus. Quand il vit qu��elle avait fini, il allongea le cou vers elle et poussa cinq ou six braiments qui ��taient des appels imp��rieux.
?Crois-tu que je t��oublie?? dit-elle.
Elle alla �� lui, le changea de place et lui apporta �� boire dans sa terrine qu��elle avait soigneusement rinc��e, car s��il se contentait de toutes les nourritures qu��on lui donnait ou qu��il trouvait lui-m��me, il ��tait au contraire tr��s difficile pour sa boisson, et n��acceptait que de l��eau pure dans des vases propres ou le bon vin qu��il aimait par-dessus tout.
Mais cela fait, au lieu de le quitter, elle se mit �� le flatter de la main en lui disant des paroles de tendresse comme une nourrice �� son enfant, et l��ane, qui tout de suite s����tait jet�� sur l��herbe nouvelle, s��arr��ta de manger pour poser sa t��te contre l����paule de sa petite ma?tresse et se faire mieux caresser: de temps en temps il inclinait vers elle ses longues oreilles et les relevait avec des fr��missements qui disaient sa b��atitude.
Le silence s����tait fait dans l��enclos maintenant ferm��, ainsi que dans les rues d��sertes du quartier, et on n��entendait plus, au loin, qu��un sourd mugissement sans bruits distincts, profond, puissant, myst��rieux comme celui de la mer, la respiration et la vie de Paris qui continuaient actives et fi��vreuses malgr�� la nuit tombante.
Alors, dans la m��lancolie du soir, l��impression de ce qui venait de se dire ��treignit Perrine plus fort, et, appuyant sa t��te �� celle de son ane, elle laissa couler les larmes qui depuis si longtemps l����touffaient, tandis qu��il lui l��chait les mains.

III
La nuit de la malade fut mauvaise: plusieurs fois, Perrine couch��e pr��s d��elle, tout habill��e sur la planche, avec un fichu roul�� qui lui servait d��oreiller, dut se lever pour lui donner de l��eau qu��elle allait chercher au puits afin de l��avoir plus fra?che: elle ��touffait et souffrait de la chaleur. Au contraire, �� l��aube, le froid du matin, toujours vif sous le climat de Paris, la fit grelotter et Perrine dut l��envelopper dans son fichu, la seule couverture un peu chaude qui leur restat.
Malgr�� son d��sir d��aller chercher le m��decin aussit?t que possible, elle dut attendre que Grain de Sel f?t lev��, car �� qui demander le nom et, l��adresse d��un bon m��decin, si ce n����tait a lui?
Bien s?r qu��il connaissait un bon m��decin, et un fameux qui faisait ses visites en voiture, non �� pied comme les m��decins de rien du tout.: M. Cendrier, rue Riblette, pr��s de l����glise; pour trouver la rue Riblette
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