En famille | Page 6

Hector Malot
bien les sept francs annonc��s et le florin d��Autriche.
?Combien cela fait-il en tout? demanda Perrine, je connais si mal l��argent fran?ais.
-- Je ne le connais gu��re mieux que toi.?
Elles firent le compte, et en estimant le florin �� deux francs elles trouv��rent neuf francs quatre-vingt-cinq centimes.
?Tu vois que nous avons plus qu��il ne faut pour le m��decin, continua Perrine.
-- Il ne me gu��rirait pas par des paroles, il ordonnerait des m��dicaments, comment les payer?
-- J��ai mon id��e. Tu penses bien que quand je marche �� c?t�� de Palikare, je ne passe pas tout mon temps �� lui parler, quoiqu��il aimerait cela; je r��fl��chis aussi �� toi, �� nous, surtout �� toi, pauvre maman, depuis que tu es malade, �� notre voyage, �� notre arriv��e �� Maraucourt. Est-ce que tu crois que nous pouvons nous y montrer dans notre roulotte qui, si souvent, sur notre passage a fait rire? Cela nous vaudrait-il un bon accueil?
-- Il est certain que m��me pour des parents qui n��auraient pas de fiert��, cette entr��e serait humiliante.
-- Il vaut donc mieux qu��elle n��ait pas lieu; et puisque nous n��avons plus besoin de la roulotte nous pouvons la vendre. D��ailleurs �� quoi nous sert-elle maintenant? Depuis que tu es malade, personne n��a voulu se laisser photographier par moi; et quand m��me je trouverais des gens assez braves pour se fier �� moi, nous n��avons plus de produits. Ce n��est pas avec ce qui nous reste d��argent que nous pouvons d��penser trois francs pour un paquet de d��veloppement, trois francs pour un virage d��or et d��ac��tate, deux francs pour une douzaine de glaces. Il faut la vendre.
-- Et combien la vendrons-nous?
-- Nous la vendrons toujours quelque chose: l��objectif est en bon ��tat; et puis il y a le matelas...
-- Tout, alors?
-- Cela te fait de la peine?
-- Il y a plus d��un an que nous vivons dans cette roulotte, ton p��re y est mort, cela fait que si mis��rable qu��elle soit, la pens��e de m��en s��parer m��est douloureuse; de lui c��est tout ce qui nous reste, et il n��est pas une seule de ces pauvres choses �� laquelle son souvenir ne soit attach��.?
Sa parole haletante s��arr��ta tout �� fait, et sur son visage d��charn�� des larmes coul��rent sans qu��elle p?t les retenir.
?Oh! maman, s����cria Perrine, pardonne-moi de t��avoir parl�� de cela.
-- Je n��ai rien �� te pardonner, ma ch��rie; c��est le malheur de notre situation que nous ne puissions, ni toi ni moi, aborder certains sujets sans nous attrister r��ciproquement, comme c��est la fatalit�� de mon ��tat que je n��aie aucune force pour r��sister, pour penser, pour vouloir, plus enfant que tu ne l��es toi-m��me. N��est- ce pas moi qui aurais d? te parler comme tu viens de le faire, pr��voir ce que tu as pr��vu, que nous ne pouvions pas arriver �� Maraucourt dans cette roulotte, ni nous montrer dans ces guenilles, cette jupe pour toi, cette robe pour moi? Mais en m��me temps qu��il fallait pr��voir cela, il fallait aussi combiner des moyens pour trouver des ressources, et ma t��te si faible ne m��offrait que des chim��res, surtout l��attente du lendemain, comme si ce lendemain devait accomplir des miracles pour nous: je serais gu��rie, nous ferions une grosse recette; les illusions des d��sesp��r��s qui ne vivent plus que de leurs r��ves. C����tait folie, la raison a parl�� par ta bouche: je ne serai pas gu��rie demain, nous ne ferons pas une grosse, ni une petite recette, il faut donc vendre la voiture et ce qu��elle contient. Mais ce n��est pas tout encore; il faut aussi que nous nous d��cidions �� vendre...?
Il y eut une h��sitation et un moment de silence p��nible.
?Palikare", dit Perrine.
-- Tu y avais pens��?
-- Si j��y avais pens��! Mais je n��osais pas le dire, et depuis que l��id��e me tourmentait que nous serions forc��es un jour ou l��autre de le vendre, je n��osais m��me pas le regarder, de peur qu��il ne devine que nous pouvions nous s��parer de lui, au lieu de le conduire �� Maraucourt o�� il aurait ��t�� si heureux, apr��s tant de fatigues.
-- Savons-nous seulement si nous-m��mes nous serons re?ues �� Maraucourt! Mais enfin, comme nous n��avons que cela �� esp��rer et que, si nous sommes repouss��es, il ne nous restera plus qu���� mourir dans un foss�� de la route, il faut co?te que co?te que nous allions �� Maraucourt, et que nous nous y pr��sentions de fa?on �� ne pas faire fermer les portes devant nous...
-- Est-ce que c��est possible, cela maman? Est-ce que le souvenir de papa ne nous prot��gerait pas? lui qui ��tait si bon! Est-ce qu��on reste fach�� contre les morts?
-- Je te parle d��apr��s les id��es de ton p��re, auxquelles nous devons ob��ir. Nous vendrons donc et la voiture et Palikare. Avec l��argent que nous en tirerons, nous appellerons un m��decin; qu��il me rende des
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