de
connaître et que désignait le signe indicatif placé à l'extrémité sud de
l'aiguille. Les Chinois ont inventé l'imprimerie, sinon par les caractères
mobiles, du moins en gravant des livres qu'ils pouvaient tirer à des
exemplaires illimités et cela, des siècles avant Gutenberg. Ils ont
inventé la soie, il y a quatre mille cinq cent ans. L'Impératrice Youen-Fi,
alors régnante, sortit un jour en grande pompe de son palais, et alla
planter de sa main dans un des temples de la capitale un jeune mûrier,
puis elle enseigna la culture et l'élevage des vers à soie. Les Chinois
reconnaissants ont déifié Youen-Fi, et lui rendent hommage encore
aujourd'hui.
On ne peut pas dire des Chinois, «qu'ils n'ont pas inventé la poudre»
car ils l'ont inventée. Au siège de la ville Lian-Lian, il y a neuf siècles,
ils en emplirent des globes de fer qui éclataient, et qu'ils lançaient à
l'aide de tubes: les obus, ou à peu près.
Mais on n'a pas cherché à perfectionner et à répandre l'art de
s'entre-détruire. Le peuple qui, cinq cents ans avant le Christianisme, a
proclamé que tous les hommes sont frères, ne pouvait penser qu'à se
défendre. Sitôt l'ordre rétabli, on fondait les armes pour en faire des
instruments d'agriculture, on licenciait l'armée pour rendre les
travailleurs à la terre et le terrible engin n'avait plus que des fracas
joyeux sous la forme de ravissants feux d'artifice...
La porcelaine, elle aussi, est originaire de Chine, la célèbre fabrique de
King-te-Tchin existe toujours; elle est située dans la vallée de Fo-Liang
sur une petite rivière nommée Tchang. C'est là que l'on garde depuis
huit siècles les précieux secrets de sa fabrication.
Trois mille fourneaux brûlent dans la ville, sans s'éteindre jamais. Un
million d'ouvriers travaillent continuellement, tout le monde vit de la
grande fabrique. Les enfants et les vieillards arrosent le Kaolin, les
aveugles broient les couleurs.
Le soir, de loin, il semble qu'un immense incendie flamboie dans la
vallée, et le passant attardé, qui chemine sur les côteaux, croit voir
voltiger dans les flammes le poussah de la porcelaine, celui qui,
autrefois ouvrier de King-te-Tchin n'ayant pu réussir un modèle
proposé par l'empereur, se précipita dans la fournaise et s'y transforma
en un vase merveilleux qui avait «la couleur du ciel après la pluie, la
clarté d'un miroir, la finesse d'une feuille de bambou et la résonnance
d'un gong.»
L'opulente ville de Fou-Tchéou, seule, fait une concurrence sérieuse à
King-te-Tchin. On y fabrique en grand de faux antiques, dont on
trafique ouvertement, on reproduit les genres de toutes les époques: les
craquelés de Ko-Yao le frère ainé, les truites de la Belle Chou, qui
vivait sous les Song, les fonds grenats et veinés de rouge de l'époque
des Ming, la porcelaine bleue des Tsin, la verte des Soui, les fonds
blancs du VIIe siècle, les bleus célestes du Xe, les gris clair et les
blancs de lune.
Les Chinois fabriquèrent même les allumettes chimiques, mais ils ne
s'en servirent guère, préférant l'antique briquet, car, et c'est là une
particularité très singulière, les Chinois n'attachent pas beaucoup
d'importance à la plupart de leurs inventions, ils s'en amusent quelque
temps comme d'une curiosité, mais cherchent bien rarement à exploiter
la trouvaille et à en tirer parti.
Bien des siècles avant Pascal, ils ont imaginé et mis en usage un
véhicule portant sur une seule roue. La brouette chinoise a, il est vrai,
un aspect assez différent de la nôtre, bien qu'elle ait le même principe.
La roue assez grande la partage en deux compartiments, sur lesquels
doivent s'empiler les marchandises à transporter. Quelquefois, le
possesseur de la brouette prend un, voire deux passagers. S'il y en a un
seul, il met ses bagages de l'autre côté de la roue, pour faire
contre-poids. S'ils sont deux, ils se font équilibre.
À Shanghai, il y a des brouettes, dont les compartiments très allongés,
peuvent recevoir jusqu'à dix passagers. Lorsque le vent est favorable,
on ajoute une voile à l'équipage, dont l'allure devient alors presque
rapide. Pour ne pas trop fatiguer ses bras, le conducteur croise sur son
dos deux courroies qui sont assujetties à la brouette.
CHAPITRE II
LE LANGAGE ET L'ÉCRITURE
Si un contemporain de l'empereur Yao, qui régnait plus de deux mille
ans avant notre ère, pouvait soulever la poussière de son tombeau et
prêter l'oreille aux bruits du Monde, il comprendrait encore les paroles
qui vibrent sur les lèvres du Chinois d'aujourd'hui et pourrait lire les
caractères tracés par leur pinceau.
Le langage des Chinois est un des plus anciens du Monde et le seul qui,
depuis des temps presque fabuleux, soit encore vivant, tandis que le
Sanscrit, l'Hébreu, le Zind, le Copte, sont devenus des langues mortes,
retrouvées et conservées seulement par les efforts des savants, tandis
que l'on parle et l'on écrit le Chinois
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.