tous les ministres des voluptés de leurs maîtres. On doit cependant
applaudir l'humanité de la loi qui assure la liberté à chaque esclave
Espagnol, en état de payer sa rançon.
[10] On a suivi dans les États-unis différentes méthodes pour
l'affranchissement des esclaves. Dans quelques parties le petit nombre
de Nègres qu'il y avoit, a permis de les affranchir tout d'un coup; et ils
sont restés attachés à leur maîtres, comme domestiques et journaliers.
[11] Les Lacédémoniens limitoient, pour leur sûreté, le nombre de leurs
esclaves, et ils en firent quelquefois exposer les enfants.
«Rien, dit encore Montesquieu, ne met plus près de la condition des
bêtes, que de voir toujours des hommes libres, et de ne l'être pas. De
telles gens sont des ennemis naturels de la société, et leur nombre seroit
dangereux». Liv. XV, chap. XIII.
[12] Voyez une brochure écrite par John Newton à la société de
Manchester. Il a lui-même fait la traite des Noirs; et les détails qu'il
donne, font frémir.
[13] J'ai porté à 1200 livres le produit du travail d'un Nègre dans la
force de l'âge, et on ne peut pas l'évaluer plus haut. M. Arthur Young,
écrivain Anglois, célèbre par l'étendue de ses connaissances
économiques et politiques, évalue, d'après quelques informations
parlementaires, le produit du travail des Nègres de 9 à 15 livres
sterlings au plus, et d'après le produit général de la Jamaïque à 7 livres
10 schelings par tête.
J'ai réuni dans le tableau suivant le produit des principales îles comparé
au nombre de leurs Nègres travailleurs.
St. Domingue cultivée par 300,000 esclaves produit 100,000,000 l. La
Jamaïque par.......... 200,000 esclaves produit 35,000,000
GUADELOUPE par........... 100,000 esclaves produit 18,000,000
MARTINIQUE par........... 80,000 esclaves produit 18,000,000
-------------- 680,000 esclaves produit 171,000,000 l.
J'ajouterai pour la valeur des denrées consommées dans ces îles
provenant de la culture des Nègres 69,000,000 -------------- 240,000,000
l.
Ce qui donne par esclave 352 livres 18 sols 10 deniers.
M. Young évalue en Angleterre le travail annuel d'un bon cultivateur à
2.400 livres. Notre culture accablée par la misère publique, n'offre pas
des résultats aussi brillants: mais ils surpassent de beaucoup le produit
du travail des esclaves.
Supposons qu'en France la consommation de chaque individu soit de
130 livres seulement, terme moyen; la reproduction totale, si on compte
24000000 d'habitants dans le royaume, doit être de 3120 millions.
D'après d'autres données, la reproduction totale, en 1779, fut évaluée à
3164 millions. On croit que le quart au plus de la population générale
est attaché à la culture; ainsi la reproduction totale est le prix du travail
de six millions d'individus; ce qui donne par tête un produit annuel de
527 livres 6 sols 8 deniers.
Le produit du travail est encore en raison de la fertilité ou du prix des
denrées cultivées; de la fertilité, lorsque les denrées et les valeurs sont
les mêmes; et du prix, lorsque les denrées et les valeurs sont
différentes.
Le carreau de terre dans les colonies produit au moins 2000 livres par
an, ce qui donne environ 800 livres par arpent. Le produit de l'acre en
Angleterre n'est evalué qu'à 4 livres sterling, ou 108 livres par arpent
[Note: Le carreau est de 3,400 toises quarrées. L'acre de 1,135 toises, et
l'arpent de 1,334.4.].
Un homme, dont le travail rend annuellement 520 livres dans une terre
qui ne produit que 108 livres par arpent, donnerait dans une terre qui
produit 800 livres, 3851 livres 17 sols. Je réduis cette somme au tiers à
cause de l'avantage qu'a le cultivateur d'Europe d'employer des
machines que le cultivateur esclave n'emploie pas, et nous aurons 1283
liv. 19 sols pour le travail de l'homme libre, tandis que celui de
l'esclave n'est que d'environ 353 livres.
J'ai comparé le travail de la vigne à celui des sucreries, il faut
exactement le même nombre de journées d'esclaves que de vignerons
dans la même étendue de terrein cultivée en cannes ou en vignes. Dans
un arpent de vigne produisant 240 livres, le travail du journalier peut
être évalué à 1200 livres par an, comme celui du Nègre sucrier dans sa
plus grande valeur. La proportion du travail libre au travail servile est
donc ici comme 4000 livres à 1200 livres. Pour prévenir les objections,
j'ai infiniment réduit les avantages du travail de l'homme libre. Je
préviens qu'il est toujours question dans ces calculs du produit absolu
du travail, et pas du tout du produit net, que bien d'autres causes
peuvent augmenter ou diminuer.
[14] Voyez ce que dit M. Parmentier de la fécondité du _maïs_ à
l'Amérique, dans son excellent mémoire sur la culture de cette plante,
couronné par l'Académie de Bordeaux en 1784. L'évaporation à
l'Amérique est beaucoup plus considérable que dans nos climats; et il
seroit peut-être possible de prouver que la fertilité des différentes
parties de la

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