De profundis! - Episode Maritime | Page 6

Carolus
se hasardant �� rompre le silence:
--Toi..., c'est bien toi!... Tu n'es donc pas mort!...
--De fait, puisque me voici,--r��pondit le matelot, en souriant malgr�� lui.
Le capitaine lui saisit les mains.
--Mon pauvre Raymond!... Que je suis content!... Embrasse-moi donc!...
Ils s'��treignirent longuement.
--Tu vas tout me raconter,--continua le capitaine.--Mais tu arrives, tu dois avoir faim.... Hol��! la m��re, �� souper pour ce gar?on!...
La vieille qui, discr��tement, s'��tait retir��e dans la pi��ce voisine, rentra alors. Ce fut de sa part, en reconnaissant le jeune homme, une nouvelle surprise, m��lang��e de frayeur et suivie de pr��s d'une seconde accolade �� laquelle notre ami se pr��ta de bon coeur.
Il ��tait assis, quelques instants apr��s, devant un solide repas et se disposait, tout en mangeant, �� faire le r��cit que r��clamait son h?te.
Soudain il tressaillit; la paleur couvrit ses traits, pendant que son regard s'attachait avec insistance �� celui du capitaine:
--Tout le monde me croit donc mort?--interrogea-t-il d'une voix mal assur��e.
--Tout le monde. Qui pouvait supposer que tu avais ��chapp�� �� cette catastrophe sans nom?... On t'a vu tomber de la barque. Les camarades, en rentrant au port, ont d��clar�� qu'ils n'avaient pu te sauver.... On a esp��r�� quelque temps que tu avais ��t�� recueilli par les hommes de la chaloupe, puis cette opinion a ��t�� abandonn��e, apr��s quelques mois d'attente.... D'o�� vient que la nouvelle de ton sauvetage n'a pas ��t�� envoy��e ici?
--C'est mon histoire qu'il faut vous raconter, capitaine. Ecoutez-moi. Je serai bref....
Raymond ��pongea la sueur froide qui perlait sur son front et continua d'une voix sourde:
--Les matelots de la chaloupe, apr��s m'avoir recueilli sans connaissance, renonc��rent �� poursuivre leur sauvetage. Ils regagn��rent le navire d'o�� on leur faisait signe de retourner �� la hate.... Quand je revins �� moi, j'appris que j'��tais �� bord d'un bateau de Hambourg, �� destination de New-York.... Je suppliai pour qu'on me d��barquat en Angleterre. Le capitaine s'y refusa. Il fallait ��viter les c?tes, la temp��te avait d��j�� retard�� le navire, et les armateurs pouvaient subir les plus grandes pertes des suites d'un retard plus consid��rable.... Il fallut me r��signer. J'offris m��me mes services. Mais j'��tais incapable de supporter la plus petite fatigue.... Un matin, je restai clou�� au lit, en proie �� la fi��vre. Pendant quelques jours le mal me balan?a entre la vie et la mort.... Nous approchions de New-York, quand la temp��te nous assaillit de nouveau. Je fus r��veill��, une nuit, par un matelot alsacien qui m'avait pris en affection:--Camarade,--me dit-il,--il faut vous lever, tout de suite. Le navire fait eau, on renonce �� le sauver.... Laissez-moi faire.--Il m'enleva dans ses bras robustes. L'��motion ��tait trop forte, je m'��vanouis. Quand je revins �� moi, ranim�� par les soins de mon sauveur, nous ��tions trois hommes �� bord d'un l��ger canot, presque sans vivres, presque sans eau.... Combien de temps errames-nous sur cette mer tourment��e?... Comment le saurais-je?... Je n'avais plus conscience de la vie et je m'��tonne que mes compagnons ne me jet��rent pas �� la mer, me croyant mort.... Je me rappelle seulement qu'un vapeur allant �� New-York nous recueillit; j'ai ce vague souvenir que Fritz, mon sauveur, veilla �� mes c?t��s jusqu'au moment o�� nous d��barquames en Am��rique. L��, toujours grace aux soins de ce brave coeur, on me transporta dans un h?pital.... Apr��s cela, il y a dans ma vie une lacune, capitaine.... Je devins fou....
--Fou!--interrompit le capitaine avec stup��faction.
--Oui, fou.... Oh! vous devez comprendre le choc que ma pauvre raison avait subi quand, tout �� coup, je m'��tais vu arrach�� �� mes r��ves de bonheur; �� la pens��e que peut-��tre ceux que j'aimais me croyaient mort!... Je devins fou.... Quand je revins �� la r��alit��, j'��tais au fond d'un h?pital, �� quelques cents lieues de France! J'��tais rest�� l�� une ann��e!...
Ma gu��rison fut constat��e et le consulat fran?ais me fournit les moyens de me rapatrier....
Le capitaine ��tait devenu r��veur. Quand Raymond se tut il le regarda fixement:
--Que comptes-tu faire �� pr��sent?...
--Vous m'aiderez, capitaine, �� pr��parer ma r��apparition. Ne brusquons rien, surtout. Je resterai chez vous, cach��, pendant que vous irez annoncer doucement �� Talbot, puis �� Jeanne..., �� ma fianc��e....
--Ta fianc��e,...--r��p��ta le capitaine avec un accent ��trange.--Ses yeux ��vit��rent le regard inquiet du jeune matelot.
Raymond s'aper?ut de cette ��motion:
--Parlez, au nom du Ciel!--s'��cria-t-il,--Jeanne?... Qu'est-il arriv��?
Le capitaine h��sitait �� r��pondre.
--Oh! piti��, piti��!--sanglota le matelot en cachant son visage dans ses mains.
Le capitaine se leva, et posant sa main sur l'��paule du jeune homme:
--Sois fort, matelot, Jeanne est mari��e.
--Mari��e!...
Raymond se redressa brusquement. Il comprima un instant les battements d��sordonn��s de son coeur:
--Avec qui?...
--Jeanne est la femme de Talbot.
Un soupir gonfla la poitrine du jeune homme:
--Dieu l'a voulu,--murmura-t-il,--et Dieu est juste!...
Et, comme se parlant �� lui-m��me:
--Oui, Dieu est juste! Il a voulu que la volont�� d'un mourant f?t respect��e.... Mon mariage avec Jeanne e?t ��t�� un crime ... qu'il n'a pas permis.... Cette catastrophe, cet ��loignement
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 11
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.