se hasardant �� rompre le silence:
--Toi..., c'est bien toi!... Tu n'es donc pas mort!...
--De fait, puisque me voici,--r��pondit le matelot, en souriant malgr�� lui.
Le capitaine lui saisit les mains.
--Mon pauvre Raymond!... Que je suis content!... Embrasse-moi donc!...
Ils s'��treignirent longuement.
--Tu vas tout me raconter,--continua le capitaine.--Mais tu arrives, tu dois avoir faim.... Hol��! la m��re, �� souper pour ce gar?on!...
La vieille qui, discr��tement, s'��tait retir��e dans la pi��ce voisine, rentra alors. Ce fut de sa part, en reconnaissant le jeune homme, une nouvelle surprise, m��lang��e de frayeur et suivie de pr��s d'une seconde accolade �� laquelle notre ami se pr��ta de bon coeur.
Il ��tait assis, quelques instants apr��s, devant un solide repas et se disposait, tout en mangeant, �� faire le r��cit que r��clamait son h?te.
Soudain il tressaillit; la paleur couvrit ses traits, pendant que son regard s'attachait avec insistance �� celui du capitaine:
--Tout le monde me croit donc mort?--interrogea-t-il d'une voix mal assur��e.
--Tout le monde. Qui pouvait supposer que tu avais ��chapp�� �� cette catastrophe sans nom?... On t'a vu tomber de la barque. Les camarades, en rentrant au port, ont d��clar�� qu'ils n'avaient pu te sauver.... On a esp��r�� quelque temps que tu avais ��t�� recueilli par les hommes de la chaloupe, puis cette opinion a ��t�� abandonn��e, apr��s quelques mois d'attente.... D'o�� vient que la nouvelle de ton sauvetage n'a pas ��t�� envoy��e ici?
--C'est mon histoire qu'il faut vous raconter, capitaine. Ecoutez-moi. Je serai bref....
Raymond ��pongea la sueur froide qui perlait sur son front et continua d'une voix sourde:
--Les matelots de la chaloupe, apr��s m'avoir recueilli sans connaissance, renonc��rent �� poursuivre leur sauvetage. Ils regagn��rent le navire d'o�� on leur faisait signe de retourner �� la hate.... Quand je revins �� moi, j'appris que j'��tais �� bord d'un bateau de Hambourg, �� destination de New-York.... Je suppliai pour qu'on me d��barquat en Angleterre. Le capitaine s'y refusa. Il fallait ��viter les c?tes, la temp��te avait d��j�� retard�� le navire, et les armateurs pouvaient subir les plus grandes pertes des suites d'un retard plus consid��rable.... Il fallut me r��signer. J'offris m��me mes services. Mais j'��tais incapable de supporter la plus petite fatigue.... Un matin, je restai clou�� au lit, en proie �� la fi��vre. Pendant quelques jours le mal me balan?a entre la vie et la mort.... Nous approchions de New-York, quand la temp��te nous assaillit de nouveau. Je fus r��veill��, une nuit, par un matelot alsacien qui m'avait pris en affection:--Camarade,--me dit-il,--il faut vous lever, tout de suite. Le navire fait eau, on renonce �� le sauver.... Laissez-moi faire.--Il m'enleva dans ses bras robustes. L'��motion ��tait trop forte, je m'��vanouis. Quand je revins �� moi, ranim�� par les soins de mon sauveur, nous ��tions trois hommes �� bord d'un l��ger canot, presque sans vivres, presque sans eau.... Combien de temps errames-nous sur cette mer tourment��e?... Comment le saurais-je?... Je n'avais plus conscience de la vie et je m'��tonne que mes compagnons ne me jet��rent pas �� la mer, me croyant mort.... Je me rappelle seulement qu'un vapeur allant �� New-York nous recueillit; j'ai ce vague souvenir que Fritz, mon sauveur, veilla �� mes c?t��s jusqu'au moment o�� nous d��barquames en Am��rique. L��, toujours grace aux soins de ce brave coeur, on me transporta dans un h?pital.... Apr��s cela, il y a dans ma vie une lacune, capitaine.... Je devins fou....
--Fou!--interrompit le capitaine avec stup��faction.
--Oui, fou.... Oh! vous devez comprendre le choc que ma pauvre raison avait subi quand, tout �� coup, je m'��tais vu arrach�� �� mes r��ves de bonheur; �� la pens��e que peut-��tre ceux que j'aimais me croyaient mort!... Je devins fou.... Quand je revins �� la r��alit��, j'��tais au fond d'un h?pital, �� quelques cents lieues de France! J'��tais rest�� l�� une ann��e!...
Ma gu��rison fut constat��e et le consulat fran?ais me fournit les moyens de me rapatrier....
Le capitaine ��tait devenu r��veur. Quand Raymond se tut il le regarda fixement:
--Que comptes-tu faire �� pr��sent?...
--Vous m'aiderez, capitaine, �� pr��parer ma r��apparition. Ne brusquons rien, surtout. Je resterai chez vous, cach��, pendant que vous irez annoncer doucement �� Talbot, puis �� Jeanne..., �� ma fianc��e....
--Ta fianc��e,...--r��p��ta le capitaine avec un accent ��trange.--Ses yeux ��vit��rent le regard inquiet du jeune matelot.
Raymond s'aper?ut de cette ��motion:
--Parlez, au nom du Ciel!--s'��cria-t-il,--Jeanne?... Qu'est-il arriv��?
Le capitaine h��sitait �� r��pondre.
--Oh! piti��, piti��!--sanglota le matelot en cachant son visage dans ses mains.
Le capitaine se leva, et posant sa main sur l'��paule du jeune homme:
--Sois fort, matelot, Jeanne est mari��e.
--Mari��e!...
Raymond se redressa brusquement. Il comprima un instant les battements d��sordonn��s de son coeur:
--Avec qui?...
--Jeanne est la femme de Talbot.
Un soupir gonfla la poitrine du jeune homme:
--Dieu l'a voulu,--murmura-t-il,--et Dieu est juste!...
Et, comme se parlant �� lui-m��me:
--Oui, Dieu est juste! Il a voulu que la volont�� d'un mourant f?t respect��e.... Mon mariage avec Jeanne e?t ��t�� un crime ... qu'il n'a pas permis.... Cette catastrophe, cet ��loignement
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