De profundis! - Episode Maritime | Page 7

Carolus
forc��, ma folie..., tout n'est-il pas l�� pour le prouver?...
--Capitaine,--continua-t-il avec l'accent de la r��solution,--vous ��tes le seul dans le pays qui me sachiez vivant.... Voulez-vous me promettre d'en garder le secret?... Vous allez me comprendre.... Il y a ici deux ��tres qui portent mon deuil. C'est Talbot ... c'est Jeanne.... Ils me pleurent, mais ils sont heureux d'un bonheur auquel le Ciel les a destin��s. Ce bonheur fera leur vie.... Mon devoir, �� moi, est de rester dans la tombe o�� leurs pens��es m'ont si souvent visit��.... Promettez-moi que jamais ils ne sauront mon retour....
--Je le jure,--r��pondit le capitaine, visiblement ��mu.
--Merci. Mais dites-moi.... Depuis quand Talbot et Jeanne sont-ils mari��s?
--Quelques semaines �� peine. Jeanne a ��t�� longtemps malade. Le choc qui a ��branl�� ta raison, dis-tu, l'a mise, elle, �� deux doigts de la mort.... Pendant sa maladie,--c'est Talbot lui-m��me qui me l'a racont��,--elle n'a eu qu'une id��e fixe. Elle revoyait son p��re, pr��s d'expirer, unissant la main de Talbot �� la sienne, et quand ce dernier veillait �� son chevet, cherchant tous les moyens de la distraire:--Donnez-moi votre main,--lui disait-elle souvent. Il se rendait �� son d��sir et elle murmurait en souriant:--Je suis heureuse et je veux ��tre votre femme.--Le vieux Talbot pleurait sans rien dire. Mais, un jour, elle lui dit:-N'est-ce pas, ami, que nous devons nous marier? Promettez-moi que lorsque je serai gu��rie nous ferons notre devoir, promettez-moi que je serai votre femme....--Il dut lui faire cette promesse. Elle gu��rit et, au bout de sa convalescence, elle exigea qu'on publiat les bans.... Mais elle voulut garder ses habits de deuil.
--Des habits de veuve!--murmura Raymond.--Jeanne a fait son devoir.
Les deux hommes rest��rent un instant silencieux. Tout �� coup Raymond releva la t��te:
--Il le faut,--s'��cria-t-il.--Capitaine, il faut que je les revoie.... Oh! rassurez-vous, ils ne me verront pas, eux.... La nuit tombe et les quais sont obscurs.... Voulez-vous m'accompagner?
Le capitaine Robert fit un signe d'assentiment et ils sortirent.

VIII
Raymond et son compagnon arriv��rent sans ��tre vus jusqu'�� la naissance de la jet��e. La maison de Talbot s'��levait tout pr��s. Une lumi��re brillait aux fen��tres.
Le capitaine arr��ta le matelot �� quelques pas de la maison et s'avan?a seul. Il revint au bout d'un instant et, prenant le bras du jeune homme, il le conduisit pr��s de la fen��tre ��clair��e.
--Regarde,--lui dit-il,--mais prends garde!
Raymond se pencha avidement.
Assise pr��s d'une table, tout pr��s de la fen��tre, Jeanne ��tait l��.
Elle fixait des yeux, sous la lumi��re vive d'une lampe, un objet cach�� dans sa main. Soudain cette main se porta �� ses l��vres. Ce mouvement permit au matelot de voir en pleine lumi��re l'objet qu'elle tenait et qu'elle baisait �� plusieurs reprises.
Un cri ��touff�� lui ��chappa:
--Mon portrait!...--murmura-t-il, pendant qu'un tremblement convulsif s'emparait de tous ses membres.
La t��te lui tourna. Il allait crier, frapper au carreau, se trahir, quand un pas lourd se fit entendre du c?t�� de la jet��e.
--Prends garde!--dit encore le capitaine.--C'est Talbot. Il a pu nous voir. Laisse-moi faire.
Et, tout en parlant, il for?a Raymond �� se blottir dans un renfoncement de la muraille. Le jeune homme resta cach�� pendant que son compagnon allait au devant de Talbot.
Il entendit la voix du pilote jeter un salut amical au capitaine. Il le vit s'avancer de son c?t��. Il reconnut le coup familier frapp�� au carreau.... La porte s'ouvrit. Un rayon de lumi��re s'allongea sur le pav�� du quai, et l'ombre de Jeanne se maria un instant sur le sol �� celle du vieux matelot.
Raymond crut que son coeur se brisait!...
L'��preuve n'��tait pourtant pas finie.
La porte s'ouvrit encore, et, dans la lumi��re de la fen��tre, le jeune homme vit Jeanne s'avancer.... La main de la jeune femme se tendit de son c?t�� pour d��tacher le volet de la fen��tre.
Il aurait pu saisir cette main, crier:--Jeanne!... c'est moi!...--la prendre dans ses bras comme le jour o�� elle lui avait dit:--Va et meurs!
Il ne le fit pas!...
Le bruit de la porte qui se refermait le d��cida seul �� sortir de sa cachette.
Il chancelait. Le capitaine, qui arrivait, dut le soutenir un instant.
--Raymond,--dit-il avec une compassion mal dissimul��e,--il ne faut pas rester ici... Reviens chez moi, mon gar?on...
--Non, capitaine,--r��pondit le jeune matelot avec plus de calme.--Vous l'avez dit: il ne faut pas rester ici.... La nuit favorisera mon projet.... Demain, je serai loin du Havre.
--O�� vas-tu?
--O�� Dieu me conduira.... N'est-il pas le ma?tre de nos destin��es?
Les deux hommes s'embrass��rent. Raymond jeta un dernier regard vers la maison, maintenant sombre. Un sanglot d��chira sa poitrine.
Puis, pressant une derni��re fois la main du capitaine:
--Adieu!...
Et il se perdit dans la nuit.

End of Project Gutenberg's De profundis!, by Carolus [Charles-Auguste Durand]
*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK DE PROFUNDIS! ***
***** This file should be named 12451-8.txt or 12451-8.zip ***** This and all associated files of various formats will be found in: http://www.gutenberg.net/1/2/4/5/12451/
Produced by Tonya Allen and PG Distributed Proofreaders. This file
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 11
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.