De linfluence des passions sur le bonheur des individus et des nations | Page 7

Anne Louise Germaine Necker Baronne de Stael-Holstein
de s'arr��ter �� une r��flexion qui m��rite, je crois, une attention particuli��re.
Dans toutes les sciences humaines, on d��bute par les id��es complexes; en se perfectionnant, l'on arrive aux id��es simples; l'ignorance absolue dans ces combinaisons naturelles est moins ��loign��e du dernier terme des connaissances que les demi-lumi��res. Une comparaison fera mieux sentir ma pens��e. �� la renaissance des lettres, les premiers ��crits qu'on a compos��s ont ��t�� pleins de recherche et d'affectation. Les grands ��crivains, deux si��cles apr��s, ont admis et fait admettre le genre simple; et le discours du sauvage qui s'��criait: Dirons-notes aux ossements de nos p��res: Levez-vous, et marchez �� notre suite? ce discours avait plus de rapport avec la langue de Voltaire que les vers ampoul��s de Br��beuf ou de Chapelain. En m��canique, on avait d'abord trouv�� la machine de Marly, qui, avec des frais ��normes, ��levait l'eau sur le sommet d'une montagne; apr��s cette machine, on a d��couvert des pompes qui produisent le m��me effet avec infiniment moins de moyens. Sans vouloir faire d'une comparaison une preuve, peut-��tre que, lorsqu'il y a cent ans en Angleterre, l'id��e de la libert�� reparut sur la terre, l'organisation combin��e du gouvernement anglais ��tait le plus haut point de perfection o�� l'on p?t atteindre alors; mais aujourd'hui des bases plus simples peuvent donner en France, apr��s la r��volution, des r��sultats pareils �� quelques ��gards, et sup��rieurs �� d'autres. Ind��pendamment de tous les crimes particuliers qui ont ��t�� commis, l'ordre social a ��t�� menac�� de sa destruction pendant cette r��volution par le syst��me politique m��me qu'on avait adopt��: les moeurs barbares sont plus pr��s des institutions simples mal entendues, que des institutions compliqu��es; mais il n'en est pas moins vrai que l'ordre social, comme toutes les sciences, se perfectionne �� mesure qu'on diminue les moyens, sans affaiblir le r��sultat. Ces consid��rations, et beaucoup d'autres, conduiraient �� un d��veloppement complet de la nature et de l'utilit�� des pouvoirs h��r��ditaires faisant partie de la constitution, et de la nature et de l'utilit�� des constitutions compos��es uniquement de magistratures temporaires; car, il faut bien se le r��p��ter, l'on est maintenant oppos�� sur ce point seul; le reste des opinions despotiques et d��magogiques sont des songes exalt��s ou criminels, dont tout ce qui pense s'est r��veill��.
On ferait quelque bien, je crois, en traitant d'une mani��re purement abstraite des questions dont les passions contraires se sont tour �� tour empar��es. En examinant la v��rit��, �� part des hommes et des temps, on arrive �� une d��monstration qui se reporte ensuite avec moins de peine sur les circonstances pr��sentes. �� la fin d'un semblable ouvrage, cependant, sous quelque point de vue g��n��ral que ces grandes questions fussent pr��sent��es, il serait impossible de ne pas finir par les particulariser dans leur rapport avec la France et le reste de l'Europe. Tout invite la France �� rester r��publique; tout commande �� l'Europe de ne pas suivre son exemple: l'un des plus spirituels ��crits de notre temps, celui de Benjamin Constant, a parfaitement trait�� la question qui concerne la position actuelle de la France. Deux motifs de sentiment me frappent surtout: voudrait-on souffrir une nouvelle r��volution pour renverser celle qui ��tablit la r��publique? et le courage de tant d'arm��es, et le sang de tant de h��ros serait-il vers�� au nom d'une chim��re dont il ne resterait que le souvenir des crimes qu'elle a co?t��s?
La France doit persister dans cette grande exp��rience dont le d��sastre est pass��, dont l'espoir est �� venir. Mais peut-on assez inspirer �� l'Europe l'horreur des r��volutions? Ceux qui d��testent les principes de la constitution de France, qui se montrent les ennemis de toute id��e lib��rale, et font un crime d'aimer jusqu'�� la pens��e d'une r��publique, comme si les sc��l��rats qui ont souill�� la France pouvaient d��shonorer le culte des Caton, des Brutus et des Sidney: ces hommes intol��rants et fanatiques ne persuadent point, par leurs v��h��mentes d��clamations, les ��trangers philosophes; mais que l'Europe ��coute les amis de la libert��, les amis de la r��publique fran?aise, qui se sont hat��s de l'adopter, d��s qu'on l'a pu sans crime, d��s qu'il n'en co?tait pas du sang pour la d��sirer. Aucun gouvernement monarchique ne renferme assez d'abus, maintenant, pour qu'un jour de r��volution n'arrache plus de larmes que tous les maux qu'on voudrait r��parer par elle. D��sirer une r��volution, c'est d��vouer �� la mort l'innocent et le coupable; c'est, peut-��tre, condamner l'objet qui nous est le plus cher! et jamais on n'obtient soi-m��me le but qu'�� ce prix affreux on s'��tait propos��. Nul homme, dans ce mouvement terrible, n'ach��ve ce qu'il a commenc��; nul homme ne peut se flatter de diriger une impulsion dont la nature des choses s'empare; et cet Anglais qui voulut descendre dans sa barque la chute du Rhin �� Schaffouse, ��tait moins insens�� que l'ambitieux qui croirait pouvoir se conduire avec succ��s �� travers
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