De linfluence des passions sur le bonheur des individus et des nations | Page 6

Anne Louise Germaine Necker Baronne de Stael-Holstein
deux int��r��ts oppos��s: on a consid��r�� comme le chef-d'oeuvre de la science des gouvernements de mesurer assez les deux actions contraires, pour que la puissance aristocratique et celle de la d��mocratie se balan?assent, comme deux lutteurs qu'une ��gale force rend immobiles. En effet, le moment le plus prosp��re dans tous ces gouvernements est celui o�� cette balance, subsistant d'une mani��re parfaite, donne le repos qui na?t de deux efforts contenus l'un par l'autre; mais cet ��tat ne peut ��tre durable. �� l'instant o��, pour suivre la comparaison, l'un des deux lutteurs prend un moment l'avantage, il terrasse l'autre qui se venge en le renversant �� son tour. Ainsi l'on a vu la r��publique romaine d��chir��e, d��s qu'une guerre, un homme, ou le temps seul a rompu l'��quilibre.--On dira qu'en Angleterre il y a trois int��r��ts, et que cette combinaison plus savante r��pond de la tranquillit�� publique. Il n'y a jamais trois int��r��ts dans un tel gouvernement; les privil��gi��s h��r��ditaires et ceux qui ne le sont pas peuvent ��tre rev��tus de noms diff��rents; mais la division se fait toujours sur ces deux bases: l'on se s��pare et l'on se rallie d'apr��s ces deux grands motifs d'opposition. Ne serait-il pas possible que le genre humain, t��moin et victime de ce principe de haine, de ce genre de mort qui a d��truit tant d'��tats, parv?nt �� trouver la fin du combat de l'aristocratie et de la d��mocratie, et qu'au lieu de s'attacher �� la combinaison d'une balance qui, par son avantage m��me, par la part qu'elle accorde �� la libert��, finit toujours par ��tre renvers��e, on examinat si l'id��e moderne du syst��me repr��sentatif n'��tablit pas dans le gouvernement un seul int��r��t, un seul principe de vie, en rejetant n��anmoins tout ce qui peut conduire �� la d��mocratie pure?
Supposez d'abord un tr��s-petit nombre d'hommes extraits d'une nation immense, une ��lection combin��e, et par deux degr��s, et par l'obligation d'avoir pass�� successivement dans les places qui font conna?tre les hommes, et exigent de l'ind��pendance de fortune et des droits �� l'estime publique pour s'y maintenir. Cette ��lection, ainsi modifi��e, n'��tablirait-elle pas l'aristocratie des meilleurs, la pr����minence des talents, des vertus et des propri��t��s? ce genre de distinction qui, sans faire deux classes de droit, c'est-��-dire deux ennemis de fait, donne aux plus ��clair��s la conduite du reste des hommes, et faisant choisir les ��tres distingu��s par la foule de leurs inf��rieurs, assure au talent sa place, et �� la m��diocrit�� sa consolation; donne une part �� l'amour-propre du vulgaire dans les succ��s des gouvernants qu'ils ont choisis; ouvre la carri��re �� tous, mais n'y am��ne que le petit nombre? L'avantage de l'aristocratie de naissance, c'est la r��union des circonstances qui rendent plus probables dans une telle classe les sentiments g��n��reux: l'aristocratie de l'��lection doit, alors que sa marche est sagement gradu��e, appeler avec certitude les hommes distingu��s par la nature aux places ��minentes de la soci��t��.--Ne serait-il pas possible que la division des pouvoirs donnat tous les avantages et aucun des inconv��nients de l'opposition des int��r��ts; que deux chambres, un directoire ex��cutif, quoique temporaire, fussent parfaitement distincts dans leurs fonctions; que chacun pr?t un parti diff��rent par sa place, mais non par esprit de corps; ce qui est d'une tout autre nature? Ces hommes, s��par��s pendant le cours de leurs magistratures, par les exercices divers du pouvoir public, se r��uniraient ensuite dans la nation, parce qu'aucun int��r��t contraire ne les s��parerait d'une mani��re invincible. Ne serait-il pas possible qu'un grand pays, loin d'��tre un obstacle �� un tel ��tat de choses, f?t particuli��rement propre �� sa stabilit��? parce qu'une conspiration, un homme, peuvent s'emparer tout �� coup de la citadelle d'un petit ��tat, et par cela seul changer la forme de son gouvernement, tandis qu'il n'y a qu'une opinion qui remue �� la fois trente millions d'hommes; que tout ce qui n'est produit que par des individus, ou par une faction qui n'est point ralli��e au mouvement publie, est ��touff�� par la masse qui se porte sur chaque point. Il ne peut pas y avoir d'usurpation dans un pays o�� il faudrait que le m��me homme ralliat l'opinion �� lui, depuis le Rhin jusqu'aux Pyr��n��es; l'id��e d'une constitution, d'un ordre l��gal consenti par tous, peut seule r��unir et frapper �� distance. Le gouvernement, dans un grand pays, a pour appui la masse ��norme des hommes paisibles; cette masse est beaucoup plus consid��rable �� proportion m��me, dans une grande nation, que dans un petit pays. Les gouvernants, dans un petit pays, sont beaucoup plus multipli��s par rapport aux gouvern��s, et la part de chacun �� une action quelconque est plus grande et plus facile. Enfin si l'on r��p��tait d'une mani��re vague qu'on n'a jamais vu une constitution fond��e sur de telles bases, qu'il vaut mieux adopter celles qui ont exist�� pendant des si��cles, on pourrait demander
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