De linfluence des passions sur le bonheur des individus et des nations | Page 5

Anne Louise Germaine Necker Baronne de Stael-Holstein
l'histoire, qui pr��sente toujours des consid��rations nouvelles, quand on l'��tudie avec un but d��termin��, et que, guid�� par l'��ternelle ressemblance de l'homme avec l'homme, on recherche une m��me v��rit�� �� travers la diversit�� des lieux et des si��cles. Ces diff��rentes r��flexions conduiraient enfin au principal but des d��bats actuels, �� la mani��re de constituer une grande nation avec de l'ordre et de la libert��, et de r��unir ainsi la splendeur des beaux-arts, des sciences et des lettres, tant vant��e dans les monarchies, avec l'ind��pendance des r��publiques. Il faudrait cr��er un gouvernement qui donnat de l'��mulation au g��nie, et m?t un frein aux passions factieuses; un gouvernement qui p?t offrir �� un grand homme un but digne de lui, et d��courager l'ambition de l'usurpateur; un gouvernement qui pr��sentat, comme je l'ai dit, la seule id��e parfaite de bonheur en tout genre, la r��union des contrastes. Autant le moraliste doit rejeter cet espoir, autant le l��gislateur doit tacher de s'en rapprocher: l'individu qui pr��tend pour lui-m��me �� ce r��sultat est un insens��; car le sort, qui n'est pas dans sa main, d��joue de toutes les mani��res de telles esp��rances: mais les gouvernements tiennent, pour ainsi dire, la place du sort par rapport aux nations; comme ils agissent sur la masse, leurs effets et leurs moyens sont assur��s. Il ne s'ensuit pas qu'il faille croire �� la perfection dans l'ordre social, mais il est utile pour les l��gislateurs de se proposer ce but, de quelque mani��re qu'ils con?oivent sa route. Dans cet ouvrage donc, que je ferai, ou que je voudrais qu'on f?t, il faudrait mettre absolument de c?t�� tout ce qui tient �� l'esprit de parti ou aux circonstances actuelles: la superstition de la royaut��, la juste horreur qu'inspirent les crimes dont nous avons ��t�� les t��moins, l'enthousiasme m��me de la r��publique, ce sentiment qui, dans sa puret��, est le plus ��lev�� que l'homme puisse concevoir. Il faudrait examiner les institutions dans leur essence m��me, et convenir qu'il n'existe plus qu'une grande question qui divise encore les penseurs; savoir, si dans la combinaison des gouvernements mixtes, il faut, ou non, admettre l'h��r��dit��. On est d'accord, je pense, sur l'impossibilit�� du despotisme, ou de l'��tablissement de tout pouvoir qui n'a pas pour but le bonheur de tous; on l'est aussi, sans doute, sur l'absurdit�� d'une constitution d��magogique[2], qui bouleverserait la soci��t�� au nom du peuple qui la compose. Mais les uns croient que la garantie de la libert��, le maintien de l'ordre, ne peut subsister qu'�� l'aide d'une puissance h��r��ditaire et conservatrice; les autres reconnaissent de m��me la v��rit�� du principe, que l'ordre seul, c'est-��-dire, l'ob��issance �� la justice, assure la libert��: mais ils pensent que ce r��sultat peut s'obtenir sans un genre d'institutions que la n��cessit�� seule peut faire admettre, et qui doivent ��tre rejet��es par la raison, si la raison prouve qu'elles ne servent pas mieux que les id��es naturelles au bonheur de la soci��t��. C'est sur ces deux questions, il me semble, que tous les esprits devraient s'exercer: il faut les s��parer absolument de ce que nous avons vu, et m��me de ce que nous voyons, enfin de tout ce qui appartient �� la r��volution; car, comme on l'a fort bien dit, il faut que cette r��volution finisse par le raisonnement, et il n'y a de vaincus que les hommes persuad��s. Loin donc de ceux qui ont quelque valeur personnelle toutes les d��nominations d'esclaves et de factieux, de conspirateurs et d'anarchistes, prodigu��es aux simples opinions: les actions doivent ��tre soumises aux lois, mais l'univers moral appartient �� la pens��e; quiconque se sert de cette arme m��prise toutes les autres, et l'homme qui l'emploie est par cela seul incapable de s'abaisser �� d'autres moyens.
Plusieurs ouvrages de tr��s-bons auteurs renferment des raisons en faveur de l'h��r��dit�� modifi��e, soit comme en Angleterre, c'est-��-dire, composant deux branches du gouvernement, dont le troisi��me pouvoir est purement repr��sentatif; soit comme �� Rome, lorsque la puissance politique ��tait divis��e entre la d��mocratie et l'aristocratie, le peuple et le s��nat. Il faudrait donc d��duire tous les motifs qui ont fait croire que la balance de ces int��r��ts oppos��s pouvait seule donner de la stabilit�� aux gouvernements; que l'homme qui se croit des talents, ou se voit de l'autorit��, tendant naturellement, d'abord aux distinctions personnelles, et ensuite aux distinctions h��r��ditaires, il vaut mieux cr��er l��galement ce qu'il conquerra de force. Il faudrait d��velopper et ces raisons et beaucoup d'autres encore, en acceptant de part et d'autre celles qu'on croit tirer du droit pour ou contre; car le droit en politique, c'est ce qui conduit le plus s?rement au bonheur g��n��ral; mais l'on doit exposer sinc��rement tous les moyens de ses adversaires quand on les combat de bonne foi.
On pourrait opposer �� leurs raisonnements que la principale cause de la destruction de plusieurs gouvernements a ��t�� d'avoir constitu�� dans l'��tat
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