exceptions à cette règle, on se borne à demander si cette discrépance suffit pour nier l'identité d'espèce. Il en est de même dans la variété noire; entre les individus placés aux extrémités de la ligne terminée d'un c?té par la variété blanche, et de l'autre par la noire, il existe des différences remarquables qui s'atténuent et se confondent dans les intermédiaires.
Des passages d'auteurs qu'on a cités, attestent que les Grecs ont eu des esclaves nègres; c'étoit même un usage assez commun, selon Visconti, qui, dans le _Musée Pio-Clémentin_, a publié une très-belle figure d'un de ces Nègres qu'on employoit au service des bains[16]: déjà Caylus en avoit fait graver plusieurs autres[17].
[Note 16: T. III, p. 41, planch. 35.]
[Note 17: _V._ Recueil d'Antiquités, etc., t. V, p. 247. planch. 88; t. VII, p. 285, planch. 81.]
La loi mosa?que défendoit de mutiler les hommes; mais Jahn assure, dans son _Archéologie biblique_, que les rois des Hébreux achetoient des autres nations des eunuques, et spécialement des Noirs[18]; il ne cite aucune autorité à l'appui de son dire. Toutefois il est possible qu'ils en aient eu, soit par leurs communications avec les Arabes, soit lorsque les flottes de Salomon cingloient d'Aziongaber à Ophir, d'où elles apportoient, dit Flavius Josephe, beaucoup d'ivoire, des singes et des _éthiopiens_[19]: ce qui est incontestable, c'est que l'Egypte commer?oit avec l'éthiopie, et que les Alexandrins faisoient la traite des Nègres. Athenée et Pline le naturaliste en fournissent la preuve, et Ameilhon s'en appuie dans son histoire du commerce des Egyptiens[20].
[Note 18: _Arch?ologia biblica_, etc., à J. Ch. Jahn. _Vienn?_, p. 389.]
[Note 19: V. Josephe, Antiq., l. VIII, c. VII, p. 2, Hudson, dans sa traduction latine dit _?thiopes in Mancipia_ (esclaves); le texte grec ne le dit pas, mais le fait présumer.]
[Note 20: p. 85.]
Pinkerton croit ceux-ci d'origine assyrienne ou arabe[21]. Heeren paro?t mieux fondé, en les faisant descendre des éthiopiens, qui eux-mêmes, selon Diodore de Sicile, regardoient les égyptiens comme une de leurs colonies[22]. Plus on remonte vers l'antiquité, plus on trouve de relations entre leurs pays respectifs; même écriture, mêmes moeurs, mêmes usages. Le culte des animaux encore subsistant chez presque tous les peuples nègres, étoit celui des Egyptiens; leurs formes étoient celles des Nègres un peu blanchis par l'effet du climat. Hérodote assure que les Colches sont originairement Egyptiens, parce que, comme eux, ils ont la peau noire et les cheveux crépus[23]. Ce témoignage infirme les raisonnemens de Browne; les expressions d'Hérodote, dit-il, signifient seulement que les égyptiens ont un teint basané et des cheveux crépus, comparativement aux Grecs, mais elles n'indiquent pas des Nègres[24]. A cette assertion de Browne il ne manque que la preuve; le texte d'Hérodote est clair et précis.
[Note 21: _V._ Modern Geography, in-4° London 1807, t. II, p. 2; et t. III, p. 820 et 833.]
[Note 22: L. III, §3.]
[Note 23: _Hérodote_, l. II, n° 104.]
[Note 24: _V._ Nouveau Voyage dans la haute et basse Egypte, par Browne, t. I, c. XII; et Walkenaer, dans les Archives littéraires, etc.]
Tout concourt donc à fortifier le système de Volney, qui voit dans les Coptes les représentans des Egyptiens. Ils ont un ton de peau jaunatre et fumeux, le visage bouffi, l'oeil gonflé, le nez écrasé, la lèvre grosse, en un mot la figure mulatre[25]. Fondé sur les mêmes observations, Ledyard croit à l'identité des Nègres et des Coptes[26]. Le médecin Frank, qui étoit de l'expédition d'Egypte, appuie cette opinion par le rapprochement des usages, tels que la circoncision et l'excision pratiquées chez les Coptes et chez les Nègres[27]; usages qui, au rapport de Ludolphe, se sont conservés chez les éthiopiens[28].
[Note 25: V. Voyages en Syrie et en égypte, par Volney, nouvelle édit., t. I, p. 10 et suiv.]
[Note 26: V. Ledyard, t. I, p. 24.]
[Note 27: V. Mémoire sur le commerce des Nègres au Caire, par Louis Franck, in-8°, Paris 1802.]
[Note 28: V. Jobi Ludolf, etc., _Historia ?thiopica, in-fol_., 1681, Francofurti ad Mocnum, l. III, c. 1.]
Blumenbach a remarqué dans des cranes de momies ce qui caractérise la race nègre. Cuvier n'y trouve pas cette conformité de structure. Ces deux témoignages imposans, mais en apparence contradictoires, se concilient en admettant, comme Blumenbach, trois variétés égyptiennes, dont une rappelle la figure des Indous, une autre celle des Nègres, une troisième propre au climat de l'égypte, dépend des influences locales: les deux premières s'y confondent par le laps de temps[29]; la seconde, qui est celle du Nègre, se reproduit, dit Blumenbach, dans la figure du sphinx. Ici Browne vient encore s'inscrire en faux. Il prétend que la statue du sphinx est tellement dégradée, qu'il est impossible d'assigner son véritable caractère[30]; et Meiners doute si les figures du sphinx représentent des héros ou des génies mal-faisans. Ce sentiment est combattu par l'inspection des sphinx dessinés dans Caylus, Norden, Niehbur et Cassas, examinés sur les lieux par
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