fréquentes avec les c?tes occidentales de l'Afrique, quelquefois, dans les auteurs latins, les Noirs furent appelés _Africains_[8]. Mais en Orient, on continua de les désigner sous le nom d'_éthiopiens_, parce qu'ils y arrivoient par la voie de l'éthiopie, qui depuis l'an 651 paya, pendant assez longtemps aux Arabes, un tribut annuel d'esclaves, et qui, pour acquitter ce tribut, en tiroit peut-être de l'intérieur de l'Afrique[9]. On les employoit à la guerre, car dans celle des croisades, on voit à Hébron, et au siége de Jérusalem, en 1099, des Noirs à cheveux crépus, que Guillaume de Malmesbury appelle également éthiopiens[10].
[Note 5: V. _Jérémie_, 13, 23. Flavius Josephe, Antiquités juda?ques, l. VIII, c. VII. _Théophraste_, 22e caractère. _Hérodote_, dans Thalie et Polymnie, etc.]
[Note 6: Pline, l. V, c. IX. _Térence_, Eunuchus, act. I, scen. I.]
[Note 7: _V._ Annals of commerce, etc., by Macpherson, in-4°. London 1805, t. I, p. 51 et 52. _Frontin, Stratagemata_, t. I, c. II.]
[Note 8: ........ Subito flens Africa nigras procubuit lacerata genas.... dit Sidoine Apollinaire, dans le Panégyrique de Majorien.]
[Note 9: V. _Gibbon's_, History, etc., reviewed by the rev. _J. Whitaker_, in 8°, London 1791, p. l82 et suiv.]
[Note 10: _Guillelm. Malmesb._, fol. 84.]
Chez les modernes, quoique le nom d'éthiopie soit exclusivement réservé à une région de l'Afrique, beaucoup d'écrivains, espagnols et portugais surtout, ont appelé _éthiopiens_ tous les Noirs. Il n'y a pas encore trente ans que le docteur Ehrlen imprimoit, à Strasbourg, un traité _de servis ?thiopibus Europeorum in coloniis Americ?_[11]. La dénomination d'Africains prévaut actuellement, et l'emploi de ces deux mots est également abusif, puisque d'une part l'éthiopie, dont les habitans ne sont pas du noir le plus foncé[12], n'est qu'une partie d'Afrique, et que de l'autre il y a des Noirs asiatiques. Hérodote les nomme éthiopiens à cheveux longs, pour les distinguer de ceux d'Afrique, qui ont les cheveux crépus; car autrefois on croyoit que ceux-ci n'appartenoient qu'à l'Afrique, et que les Noirs à cheveux longs ne se trouvoient que dans le continent asiatique. Quelques réglemens avoient défendu d'en importer dans les ?les de France et de la Réunion; mais les relations des voyageurs nous ont appris que dans le continent africain, ainsi qu'à Madagascar, il y a aussi des Nègres à cheveux longs: tels sont, au centre de l'Afrique, les habitans de Bornou[13]; tels étoient les Nègres pasteurs de l'?le de Cerné, où les Carthaginois avoient des comptoirs[14]. D'un autre c?té les indigènes des ?les des Andamans, dans le golfe du Bengale, sont des Noirs à cheveux crépus; dans diverses parties de l'Inde, les montagnards en ont presque la couleur, la figure et la chevelure. Ce fait est consigné dans un savant mémoire de Francis Wilford, associé de l'Institut national[15]. Il ajoute que les plus anciennes statues des divinités indiennes ont la figure des Nègres. Ces considérations fortifient le système, qu'autrefois cette race a couvert une grande partie du continent asiatique.
[Note 11: In-4o, Argentorati 1778.]
[Note 12: V. Voyage d'éthiopie, par Poncet, p. 99, etc. et l'Histoire du Christianisme d'éthiopie, par La Croze, p. 77, etc.]
[Note 13: V. Idées sur les relations politiques et commerciales des anciens peuples de l'Afrique, etc., par Heeren, in-8°, Paris an 8, t. II, p. 10, 75.]
[Note 14: Ibid., t. I, p. 134, 156, 160.]
[Note 15: V. Asiatic researches, t. III, p. 355, etc.]
La couleur noire étant le caractère le plus marqué qui sépare des Blancs une partie de l'espèce humaine, communément on a été moins attentif aux différences de conformation qui entre les Noirs eux-mêmes établissent des variétés. C'est à quoi fait allusion Camper, lorsqu'il dit que Rubens, Sébastien Ricci et Vander-Tempel, en peignant les Mages, ont peint des Noirs, et non des _Nègres_. Ainsi, avec d'autres auteurs, Camper restreint cette dernière dénomination à ceux qui se font remarquer par des joues proéminentes, de grosses lèvres, un nez épaté, et la chevelure moutonnée. Mais cette distinction entre eux, et ceux qui ont la chevelure lisse et longue, ne constitue pas une diversité de races. Le caractère spécifique des peuples est permanent, tant qu'ils vivent isolés; il s'affoiblit ou disparo?t par le mélange. Reconno?t-on la peinture que fait César des Gaulois, dans les habitans actuels de la France? Depuis que les peuples de notre continent sont, pour ainsi dire, transvasés les uns dans les autres, les caractères nationaux sont presque méconnoissables au physique et au moral. On est moins Fran?ais, moins Espagnol, moins Allemand; on est plus Européen, et ces Européens, ont les uns la chevelure frisée, les autres lisse; mais si, à cause de cette différence et de quelques autres dans la stature et la conformation, on prétendoit assigner l'étendue et les limites de leurs facultés intellectuelles, n'auroit-on pas le droit d'en rire? Dira-t-on que la comparaison péche en ce que les chevelures européennes qui sont crépues ne sont pas laineuses? Au lieu de se prévaloir des
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