qui, chez les Hébreux, n'étoit guère qu'une sorte de domesticité; mais la brochure d'Azérédo[2] est passée de la boutique du libraire dans le fleuve de l'oubli. Tel est aussi le sort qu'ont eu les pamphlets de Harris, et du trinitaire Grabowski, qui invoquoient la Bible; celui-là en Angleterre, pour légitimer l'esclavage colonial; celui-ci en Pologne, pour river les fers des paysans de cette contrée, tandis que Joseph Paulikowski[3], et l'abbé Michel Karpowitz, dans ses sermons[4], proclamoient et revendiquoient pour tous l'égalité des droits. Les amis de l'esclavage sont nécessairement les ennemis de l'humanité.
[Note 2: V. Analyse sur la justice du commerce, du rachat des esclaves de la c?te d'Afrique, par _J. J. d'Acunha de Azérédo Coutinho_, in-8°, Londres.]
[Note 3: V. O Poddanych polskich, c'est-à-dire, des paysans polonais, par Joseph Paulikowski, in-8°, Roku 1788.]
[Note 4: _V._ Kazania X. Michala Karpowicza, W. Roznych ocolicznosciach Miané, c'est-à-dire, Sermons de l'abbé Karpowicz, 3 vol. in-12, W. Krakovie 1806, V. surtout les second et troisième volumes.]
En général, dans les établissemens espagnols et portugais, on envisage les Nègres comme des frères d'une teinte différente. La religion chrétienne qui épure la joie, qui essuie les larmes, et dont la main est toujours prête à répandre des bienfaits, la religion se place entre les esclaves et les ma?tres, pour adoucir la rigueur de l'autorité et le joug de l'obéissance. Ainsi, chez deux puissances coloniales, on n'a pas composé de plaidoyers inutiles en faveur des Nègres, par la même raison qu'avant l'Anglais Hartlib, on n'écrivoit pas sur l'agriculture de la Belgique, où la supériorité des méthodes et des procédés agronomiques suppléoit aux livres.
Si l'on censuroit dans cette liste l'insertion de certains noms que la vertu n'inscrit pas dans ses fastes, ou répondroit que, sans vouloir atténuer les torts des individus, on ne les présente ici que sous le point de vue relatif à leurs efforts pour l'amélioration du sort des Noirs; et sur cet article même, on est loin de leur attribuer un égal degré de mérite et de talent. Il est affligeant qu'on ne puisse appliquer à tous une maxime du po?te Churchil, en disant qu'ils ont le coeur aussi pur que leur cause est légitime. Chacun reste ma?tre d'exercer sa justice, en repoussant ces écrivains dans la classe malheureusement si nombreuse de gens de lettres qui ne valent pas leurs livres.
La liste qu'on vient de lire est sans doute très-incomplète; elle réclame des noms honorables, que j'ai oubliés, ou que je n'ai pas l'avantage de conno?tre, soit que dans leurs écrits les auteurs ayent gardé l'anonyme, soit que leurs écrits ayent échappé à mes recherches. Je recevrai avec reconnoissance tous les renseignemens qui peuvent réparer ces omissions involontaires, rectifier les erreurs, et compléter l'ouvrage. Parmi ces écrivains un grand nombre sont morts; je dépose sur leurs tombes mes hommages, et j'offre le même tribut à ceux qui vivant encore, et qui n'ayant pas, comme Oxholm, apostasié leurs principes, poursuivent sans relache leur noble entreprise, chacun dans la sphère où l'a placé la providence.
Philanthropes! personne n'est juste et bon impunément; entre le vice et la vertu la guerre commencée à la naissance des temps, ne finira qu'avec eux. Dévorés du besoin de nuire, les pervers sont toujours armés contre quiconque ose révéler leurs forfaits, et les empêcher de tourmenter l'espèce humaine. A leurs coupables tentatives opposons un mur d'airain, mais vengeons-nous d'eux par des bienfaits. Hatons-nous; la vie est si longue pour faire le mal, si courte pour faire le bien! Cette terre se dérobe sous nos pas, et nous allons quitter la scène du monde; la dépravation contemporaine charie vers la postérité tous les élémens du crime et de l'esclavage. Cependant, parmi ceux qui s'agiteront ici-bas, lorsque nous dormirons dans le tombeau, quelques hommes de bien, échappés à la contagion, seront en quelque sorte, les représentans de la providence: léguons-leur la tache honorable de défendre la liberté et le malheur. Du sein de l'éternité, nous applaudirons à leurs efforts, et sans doute il les bénira ce Père commun, qui dans les hommes, quelle que soit leur couleur, reconno?t son ouvrage, et les aime comme ses enfans.
DE LA LITTéRATURE DES NèGRES.
CHAPITRE PREMIER
_Ce qu'on entend par le mot_ Nègres. _Sous cette dénomination doit-on comprendre tous les_ Noirs? _Disparité d'opinion sur leur origine. Unité du type primitif de la race humaine._
Sous le nom d'éthiopiens, les Grecs comprenoient tous les hommes noirs. Cette assertion s'appuie sur des passages de la bible des Septante, d'Hérodote, Théophraste, Pausanias, Athénée, Héliodore, Eusèbe, Flavius Josephe[5]. Ils sont appelés de même par Pline l'ancien et Térence[6]. On distinguoit les éthiopiens orientaux, ou indiens, ou d'Asie, des éthiopiens occidentaux, ou d'Afrique. Rome connut ceux-ci sans doute dans ses guerres avec les Carthaginois, qui en avoient dans leurs armées, à ce que prétend Macpherson, fondé sur un passage de Frontin[7]. Rome ayant plus que la Grèce des relations
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