David Copperfield - Tome I | Page 5

Charles Dickens
toujours fix��s sur le feu, savez-vous faire quelque chose?
-- Madame, je vous demande pardon... balbutia ma m��re.
-- Savez-vous tenir une maison, par exemple? dit miss Betsy.
-- Bien peu, je crains, r��pondit ma m��re. Bien moins que je ne devrais. Mais M. Copperfield me donnait des le?ons...
-- Avec cela qu'il en savait long lui-m��me! murmura miss Betsy.
-- Et j'esp��re que j'en aurais profit��, car j'avais grande envie d'apprendre, et c'��tait un ma?tre si patient, mais le malheur affreux qui m'a frapp��e...? Ici ma m��re fut de nouveau interrompue par ses sanglots.
?Bien, bien! dit miss Betsy.
-- Je tenais tr��s-r��guli��rement mon livre de comptes, et je faisais la balance tous les soirs avec M. Copperfield, dit ma m��re avec une nouvelle explosion de sanglots.
-- Bien, bien! dit miss Betsy, ne pleurez plus.
-- Et jamais nous n'avons eu la plus petite discussion l��-dessus, except�� quand M. Copperfield trouvait que mes trois et mes cinq se ressemblaient trop, ou que je faisais de trop longues queues �� mes sept et �� mes neuf: et ma m��re recommen?a �� pleurer de plus belle.
-- Vous vous rendrez malade, dit miss Betsy, et cela ne vaudra rien ni pour vous, ni pour ma filleule. Allons! ne recommencez pas.?
Cet argument contribua peut-��tre �� calmer ma m��re, mais je soup?onne que son malaise, toujours croissant, y fit plus encore. Il y eut un assez long silence, interrompu seulement par quelques interjections que murmurait par-ci par-l�� miss Betsy, tout en se chauffant les pieds.
?David avait plac�� sa fortune en rente viag��re, dit-elle enfin. Qu'a-t-il fait pour vous?
-- M. Copperfield, r��pondit ma m��re avec un peu d'h��sitation, avait eu la grande bont�� de placer sur ma t��te une portion de cette rente.
-- Combien? demanda miss Betsy.
-- Cent cinq livres sterling, r��pondit ma m��re.
-- Il aurait pu faire plus mal, dit ma tante.?
Plus mal! c'��tait tout justement le mot qui convenait �� la circonstance; car ma m��re se trouvait plus mal, et Peggotty, qui venait d'entrer en apportant le th��, vit en un clin d'oeil qu'elle ��tait plus souffrante, comme miss Betsy aurait pu s'en apercevoir auparavant elle-m��me sans l'obscurit��, et la conduisit imm��diatement dans sa chambre; puis elle d��p��cha �� la recherche de la garde et du m��decin son neveu Ham Peggotty, qu'elle avait tenu cach�� dans la maison, depuis plusieurs jours, �� l'insu de ma m��re, afin d'avoir un messager toujours disponible en un cas pressant.
La garde et l'accoucheur, ces pouvoirs alli��s, furent extr��mement ��tonn��s, lorsqu'�� leur arriv��e presque simultan��e, ils trouv��rent assise devant le feu une dame inconnue d'un aspect imposant; son chapeau ��tait accroch�� �� son bras gauche, et elle ��tait occup��e �� se boucher les oreilles avec de la ouate. Peggotty ignorait absolument qui elle ��tait; ma m��re se taisait sur son compte, c'��tait un ��trange myst��re. La provision de ouate qu'elle tirait de sa poche pour la fourrer dans ses oreilles, n'?tait rien �� la solennit�� de son maintien.
Le m��decin monta chez ma m��re, puis il redescendit, d��cid�� �� ��tre poli et aimable pour la femme inconnue, avec laquelle il allait probablement se trouver en t��te-��-t��te pendant quelques heures. C'��tait le petit homme le plus doux et le plus affable qu'on p?t voir. Il se glissait de c?t�� dans une chambre pour entrer et pour sortir, afin de prendre le moins de place possible. Il marchait aussi doucement, plus doucement peut-��tre que le fant?me dans Hamlet. Il s'avan?ait la t��te pench��e sur l'��paule. Par un sentiment modeste de son humble importance, et par le d��sir modeste de ne g��ner personne, il ne suffirait pas de dire qu'il ��tait incapable d'adresser un mot d��sobligeant �� un chien: il ne l'aurait pas m��me dit �� un chien enrag��. Peut-��tre lui aurait-il gliss�� doucement un demi-mot, rien qu'une syllabe, et tout bas, car il parlait aussi humblement qu'il marchait, mais quant �� le rudoyer ou �� lui faire de la peine, cela n'aurait jamais pu lui entrer dans la t��te.
M. Chillip regarda affectueusement ma tante, la salua doucement, la t��te toujours inclin��e de c?t��, puis il dit, en portant la main �� son oreille gauche:
?Est-ce une irritation locale, madame?
-- Moi!? r��pliqua ma tante en se d��bouchant brusquement une oreille.
M. Chillip l'a souvent r��p��t�� depuis �� ma m��re, l'imp��tuosit�� de ma tante lui causa alors une telle alarme, qu'il ne comprend pas comment il put conserver son sang-froid. Mais il r��p��ta doucement:
?C'est une irritation locale, madame?
?Quelle b��tise!? r��pondit ma tante, et elle se reboucha rapidement l'oreille.
Que faire apr��s cela? M. Chillip s'assit et regarda timidement ma tante jusqu'�� ce qu'on le rappelat aupr��s de ma m��re. Apr��s un quart d'heure d'absence, il redescendit.
?Eh bien! dit ma tante en enlevant le coton d'une oreille.
-- Eh bien, madame, r��pondit M. Chillip, nous avan?ons, nous avan?ons tout doucement, madame.
-- Bah! bah!? dit ma tante en l'arr��tant brusquement sur cette interjection m��prisante. Puis, comme auparavant,
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