elle se reboucha l'oreille.
En v��rit�� (M. Chillip l'a souvent dit �� ma m��re depuis); en v��rit��, il se sentait presque indign��. �� ne parler qu'au point de vue de sa profession, il se sentait presque indign��. Cependant il se rassit et la regarda pendant pr��s de deux heures, toujours assise devant le feu, jusqu'�� ce qu'il remontat chez ma m��re. Apr��s cette autre absence, il vint retrouver ma tante.
?Eh bien? dit-elle en ?tant la ouate de la m��me oreille.
-- Eh bien, madame, r��pondit M. Chillip, nous avan?ons, nous avan?ons tout doucement, madame.
-- Ah! ah! ah!? dit ma tante, et cela avec un tel d��dain, que M. Chillip se sentit incapable de supporter plus longtemps miss Betsy. Il y avait de quoi lui faire perdre la t��te, il l'a dit depuis. Il aima mieux aller s'asseoir sur l'escalier, dans l'obscurit��, en d��pit d'un violent courant l'air, et c'est l�� qu'il attendit qu'on v?nt le chercher.
Ham Peggotty (t��moin digne de foi, puisqu'il allait �� l'��cole du gouvernement et qu'il ��tait fort comme un Turc sur le cat��chisme), raconta le lendemain qu'il avait eu le malheur d'entr'ouvrir la porte de la salle �� manger une heure apr��s le d��part de M. Chillip. Miss Betsy parcourait la chambre dans une grande agitation; elle l'avait aper?u et s'��tait jet��e sur lui. ��videmment, le coton ne bouchait pas assez herm��tiquement les oreilles de ma tante, car de temps �� autre, quand le bruit des voix ou des pas devenait plus fort dans la chambre de ma m��re, miss Betsy faisait sentir �� sa malheureuse victime l'exc��s de son agitation. Elle lui faisait arpenter la chambre en tous sens, le secouant vivement par sa cravate (comme s'il avait pris trop de laudanum), elle lui ��bouriffait les cheveux, elle lui chiffonnait son col de chemise, elle fourrait du coton dans les oreilles du pauvre enfant, les confondant sans doute avec les siennes, enfin elle lui faisait subir toute sorte de mauvais traitements. Ce r��cit fut en partie confirm�� par sa tante, qui le rencontra �� minuit et demi, un instant apr��s sa d��livrance; elle affirmait qu'il ��tait aussi rouge que moi �� ce m��me moment.
L'excellent M. Chillip ne pouvait en vouloir longtemps �� quelqu'un, surtout en un pareil moment. Il se glissa dans la salle �� manger d��s qu'il eut une minute de libre et dit �� ma tante d'un ton affable:
?Eh bien, madame, je suis heureux de pouvoir vous f��liciter!
-- De quoi?? dit brusquement ma tante.
M. Chillip se sentit de nouveau troubl�� par la grande s��v��rit�� des mani��res de ma tante: il lui fit un petit salut, et tenta un l��ger sourire dans le but de l'apaiser.
?Mis��ricorde! qu'a donc cet homme? s'��cria ma tante de plus en plus impatient��e. Est-il muet?
-- Calmez-vous, ma ch��re madame, dit M. Chillip de sa plus douce voix. Il n'y a plus le moindre motif d'inqui��tude, madame. Soyez calme, je vous en prie.?
Je ne comprends pas comment ma tante put r��sister au d��sir de secouer M. Chillip jusqu'�� ce qu'il f?t venu �� bout d'articuler ce qu'il avait �� dire. Elle se borna �� hocher la t��te, mais avec un regard qui le fit frissonner.
?Eh bien, madame, reprit M. Chillip d��s qu'il eut retrouv�� un peu de courage, je suis heureux de pouvoir vous f��liciter. Tout est fini, madame, et bien fini.?
Pendant les cinq ou six minutes qu'employa M. Chillip �� prononcer cette harangue, ma tante l'observa curieusement.
?Comment va-t-elle? dit ma tante en croisant les bras, son chapeau toujours pendu �� son poignet gauche.
-- Eh bien, madame, elle sera bient?t tout �� fait bien, j'esp��re, r��pondit M. Chillip. Elle est aussi bien que possible, pour une jeune m��re qui se trouve dans une si triste situation. Je n'ai aucune objection �� ce que vous la voyiez, madame. Cela lui fera peut-��tre du bien.
-- Et elle, comment va-t-elle?? demanda vivement ma tante.
M. Chillip pencha encore un peu plus la t��te et regarda ma tante d'un air calin.
?L'enfant, dit ma tante, comment va-t-elle?
-- Madame, r��pondit M. Chillip, je me figurais que vous le saviez. C'est un gar?on.?
Ma tante ne dit pas un mot; elle saisit son chapeau par les brides, le lan?a comme une fronde �� la t��te de M. Chillip, le remit tout bossel�� sur sa propre t��te, sortit de la chambre et n'y rentra pas. Elle disparut comme une f��e de mauvaise humeur ou comme un de ces ��tres surnaturels, que j'��tais, disait-on, appel�� �� voir par le privil��ge de ma naissance; elle disparut et ne revint plus.
Mon Dieu, non. J'��tais couch�� dans mon berceau, ma m��re ��tait dans son lit et Betsy Trotwood Copperfield ��tait pour toujours dans la r��gion des r��ves et des ombres, dans cette r��gion myst��rieuse d'o�� je venais d'arriver; la lune, qui ��clairait les fen��tres de ma chambre, se refl��tait au loin sur la demeure terrestre de
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