bien dit,
je vay te deschifrer par ordre mes pechez. Mais escri au dessus en
grosses lettres: La semence de la femme brisera la teste du serpent. Le
diable, oyant cette condamnation sienne s'enfuit, laissant la maison
remplie d'une extreme puanteur."
Goulart emprunte celle-ci a Job Fincel[1]:
[Note 1: Job Fincel, au premier livre Des Miracles.]
"L'an mil cinq cens trente quatre, M. Laurent Touer, pasteur en certaine
ville de Saxe, voyant quelques jours devant Pasques a conferer avec
aucuns du lieu, selon la coustume, des cas divers et scrupules de
conscience, Satan en forme d'homme lui apparut et le pria de permettre
qu'il communiquast avec lui; sur ce il commence a desgorger des
horribles blasphemes contre le Sauveur du monde. Touer lui resiste et
le refute par tesmoignages formels recueillis de l'Escriture sainte, que
ce malheureux esprit tout confus, laissant la place infectee de puanteur
insupportable s'esvanouit."
"Un moine nomme Thomas, dit Alexandre d'Alexandrie[1], personnage
digne de foy, et la preud'hommie duquel j'ay esprouvee en plusieurs
afaires m'a raconte pour chose vraye, avec serment, qu'ayant eu debat
de grosses paroles avec certains autres moines, apres s'estre dit force
injures de part et d'autre, il sortit tout bouillant de cholere d'avec eux et
se promenant seul en un grand bois rencontra un homme laid, de
terrible regard, ayant la barbe noire, et robe longue. Thomas lui
demande ou il alloit? J'ay perdu, respondit-il, ma monture, et vai la
cercher en ces prochaines campagnes. Sur ce ils marchent de
compagnie pour trouver ceste monture, et se rendent pres d'un ruisseau
profond. Le moine commence a se deschausser pour traverser ce
ruisseau: mais l'autre le presse de monter sur ses espaules, promettant le
passer a l'aise. Thomas le croid, et charge dessus l'embrasse par le col:
mais baissant les yeux pour voir le gue, il descouvre que son portefaix
avoit des pieds monstrueux et du tout estranges. Dont fort estonne, il
commence a invoquer Dieu a son aide. A ceste voix, l'ennemi confus
jette sa charge bas, et grondant de facon horrible disparoit avec tel bruit
et de si extraordinaire roideur, qu'il arrache un grand chesne prochain et
en fracasse toutes les branches. Thomas demeura quelque temps
comme demy-mort, par terre, puis s'estant releve, reconnut que peu s'en
estoit falu que ce cruel adversaire ne l'eust fait perir de corps et d'ame."
[Note 1: Au IVe livre, chap. XIX de ses Jours geniaux, cite par Goulart,
_Thresor d'histoires admirables_, t. Ier, p. 535.]
III.--ENLEVEMENTS PAR LE DIABLE
J. Wier[1] rapporte cette histoire d'une femme emportee par le diable:
[Note 1: _Histoires, disputes et discours des illusions et impostures des
diables, des magiciens, infames, sorciers et empoisonneurs, le tout
compris en 5 livres_, traduit du latin, de Jean Wier, sans date, vers
1577.]
"L'an 1551 il advint pres Megalopole joignant Wildstat, les festes de la
Pentecoste, ainsi que le peuple se amusoit a boire et ivrongner, qu'une
femme que estoit de la compagnie, nommoit ordinairement le diable
parmy ses jurements, lequel en la presence d'un chacun l'enleva par la
porte, et la porta en l'air. Les autres qui estoyent presens sortirent
incontinent tous estonnez pour voir ou ceste femme estoit ainsi portee,
laquelle ils virent hors du village pendue quelque temps au haut de l'air,
dont elle tomba en bas et la trouverent apres morte au milieu d'un
champ."
D'apres Textor[1]: "Il y en eut un lequel ayant trop beu, se print a dire,
en follastrant, qu'il ne pouvoit avoir une ame, puisqu'il ne l'avoit point
veue. Son compagnon l'acheta pour le prix d'un pot de vin, et la
revendit a un tiers la present et inconnu lequel tout a l'heure saisit et
emporta visiblement ce premier vendeur au grand estonnement de
tous."
[Note 1: En son Traicte de la nature du vin, liv I, ch. XIII, cite par
Goulart, Thresor des histoires admirables, t. III, p. 67.]
Crespet[1] cite d'autres exemples d'enlevements par le diable:
"Tesmoing, dit-il, ce grand usurier qui dernierement voyant que les
bleds estoient a bon prix se desespera et appellant le diable il le veit
incontinent a son secours, qui l'emporta au haut d'un chesne et le jectant
du haut en bas, lui rompit le col.
[Note 1: De la hayne de Sathan, p. 379.]
"Un autre qui avoit perdu son argent au jeu; apres qu'il eut blaspheme
le nom de Dieu et de la Vierge Marie, fut visiblement emporte par le
diable, auquel il s'estoit voue."
Chassanion[1] rapporte que "Jean Francois Picus, comte de la Mirande,
tesmoigne avoir parle a plusieurs lesquels s'estant abusez apres la veine
esperance des choses a venir, furent par apres tellement tourmentez du
diable avec lequel ils avoyent fait certain accord, qu'ils s'estimeroyent
bien heureux d'avoir la vie sauve. Dit d'avantage que de son temps il y
eut un certain magicien, lequel promettoit
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