Curiosites Infernales | Page 5

P. L. Jacob
aux heretiques et heresiarques de
nostre temps, ils ne se trouveront pas plus exempts d'associations avec
le diable et de ses visions. Car Luther a eu un demon, et a este si
impudent que de le confesser bien souvent par ses ecrits. Je ne le veux
faire voir que par un traicte qu'il a faict de la messe angulaire, ou il se
descouvre ouvertement et dit qu'entre luy et le diable y avoit familiarite
bien grande, et qu'ils avoient bien mange un muy de sel ensemble. Que
le diable le visitoit souvent, parloit a luy fort privement, le resveilloit de
nuict, et le provocquoit d'escrire contre la messe, luy enseignant des
arguments dont il se pourroit servir pour l'impugner.
[Note 1: Meme ouvrage, p. 297.]
"Mais Luther est-il seul qui a sa confusion est contraint de confesser sa
conference avec le diable? Il y a aussi Zwingle, sacramentaire qui dit

que resvant profondement une nuict sur le sens des paroles de
Jesus-Christ: Cecy est mon corps, se presente a luy un esprit, qu'il est
en doute s'il estoit blanc ou noir, qui lui enseigna d'interpreter le
passage de l'Ecriture sainte d'une autre facon que l'Eglise des
catholiques ne l'interpretoit et dire que ces mots: Cecy est mon corps,
valaient tout autant comme qui diroit: Cecy signifie mon corps...
"Alors que Bucere, disciple de Luther, estoit en l'agonie de la mort, un
diable s'apparut en la chambre ou il estoit et s'approchant peu-a-peu
aupres de son lit, non sans essayer les presens poussa rudement Bucere
et le fit tomber en la place ou il trespassa a l'instant.
"C'est aussy chose qu'on tient pour toute veritable et ainsi l'affirme
Erasme Albert, ministre de Basle, que trois jours devant que
Carolostade trespassa, le diable fut veu pres de luy en forme d'homme
de haute et enorme stature, comme Carolostade preschoit. Ce fut un
presage de la mort future de cet heretique."
Dans l'affaire des possedees de Louviers, suivant le Pere Bosroger[1],
[Note 1: _La Piete affligee, ou Discours historique et theologique de la
possession des religieuses dictes de Saincte-Elisabeth de Louviers,
etc._, par le R.P. Esprit de Bosroger. Rouen, Jean Le Boulenger, 1652,
in-4 deg., p. 137.]
"La soeur Marie de Saint-Nicholas apperceut deux formes effroyables,
l'une representait un vieil homme avec une grande barbe, lequel
ressemblait a nostre faux spirituel; ce phantosme qu'elle apperceut a
quatre heures du matin, environ le soleil levant s'assit sur les pieds de
sa couche, et luy dit d'un ton d'homme desespere: Je viens de voir
Madelene Bauan, et la soeur du Saint-Sacrement; ah que Madelene est
mechante! elle est entierement a nous, mais l'autre nous ne la scaurions
gagner. Ce spectre obligea la soeur Marie de Saint-Nicholas de recourir
a Dieu en faisant le signe de la croix, et aussitost elle fut delivree de ce
phantosme; l'autre estoit seulement comme une teste grosse et fort noire,
que cette fille envisagea en plein jour a la fenestre d'un grenier, laquelle
donnoit dans celui ou elle travailloit; cette teste la regarda long-temps,
et luy causa une grande frayeur, elle ne laissa pourtant de la considerer
attentivement, jusqu'a ce qu'elle remarqua que cette teste commencoit a
descendre de la fenestre; car pour lors elle fut saisie de peur, et se retira,
puis aussitost ayant pris courage, elle alla dans le grenier ou la forme
avoit paru, mais elle n'y trouva plus rien, sinon quelque temps apres

qu'elle avisa dans le meme endroit des cordes qui se rouloient
d'elles-memes et l'on voyoit tomber le linge dont elles etoient chargees;
souvent on renversoit les meubles et on entendoit des bruits
epouvantables."
D'apres le meme auteur, dans la meme affaire[1],
[Note 1: La Piete affligee, p. 421.]
"Un homme ayant apporte a Picard une lettre d'importance arriva a
onze heures de nuit a son presbytere passant au travers de la cour close
d'un mur, et entra dans la cuisine qui etoit ouverte, ou il trouva Picard
courbe sur la table, et un homme noir et inconnu vis-a-vis de luy.
Picard luy feit sa reponse de bouche, passa de la cuisine dans une
chambre basse, laquelle il trouva pareillement ouverte; aussitost le
deposant entendit un cry effroyable dont il avoit eu grand peur: ce
vilain homme noir et inconnu luy reprocha qu'il trembloit, et avoit
peur."
Crespet[1] cite d'autres apparitions du diable:
[Note 1: _Deux livres de la hayne de Sathan et malins esprits contre
l'homme et de l'homme contre eux_, par P. P. Crespet, prieur des
Celestins de Paris. 1590, in-12, p. 379.]
"Or le bon Pere Cesarius dans ses exemples dit bien autrement d'une
concubine de prestre, laquelle voyant que son paillard desespere s'estoit
tue soy-mesme, s'alla rendre nonnain ou estant a cause qu'elle n'avoit
entierement confesse ses pechez, fut vexee d'un diable incube qui la
tourmentoit toutes les nuicts, pour a quoy
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