jeune ��l��gant avait exprim�� un vif m��contentement.
--Ardea, avait-il dit en accompagnant ce nom de pays d'autres mots que madame Pr��tavoine n'avait pas entendus.
--Revenu �� l'improviste, avait r��pliqu�� le groom.
--Et va-t-il bient?t s'en aller?
Deux bras grands ouverts, la t��te baiss��e en avant furent une r��ponse qui n'avait pas besoin de traduction.
Pendant ce temps mademoiselle Emma ��tait arriv��e et apercevant celui qui se tenait dans la porte entrebaill��e, elle avait laiss�� ��chapper une sourde exclamation de m��contentement.
Puis s'avan?ant vivement:
--Mylord est revenu d'Ardea, dit-elle.
--Reste-t-il?
--Je crois qu'il va repartir; je vous ferai pr��venir.
Et moiti�� par persuasion, moiti�� par force, elle l'avait repouss�� et lui avait mis la porte sur le nez.
Imm��diatement madame Pr��tavoine avait repris son livre, et s'asseyant elle s'��tait plong��e dans une lecture si attentive, qu'elle allait jusqu'�� prononcer des l��vres les mots qu'elle lisait.
Bien lui avait pris de se hater, car Emma, apr��s avoir cong��di�� le visiteur, s'��tait retourn��e, et elle avait aper?u la porte du salon entre-baill��e.
Alors la pens��e s'��tait pr��sent��e �� son esprit que la dame qu'elle avait fait entrer dans ce salon, avait pu entendre ou tout au moins voir ce qui venait de se passer, et vivement elle ��tait venue s'assurer de la r��alit�� de ses soup?ons.
Mais la dame introduite dans le salon ��tait si profond��ment absorb��e dans sa pieuse lecture, qu'elle ne leva m��me pas la t��te quand Emma entra; ce fut seulement quand celle-ci se trouva devant elle qu'elle l'aper?ut.
--Eh bien? demanda-t-elle, reprenant les choses au point o�� elles avaient ��t�� interrompues.
--Madame la vicomtesse prie madame de vouloir bien l'attendre.
--Vous voyez, c'est ce que je fais, dit madame Pr��tavoine, gracieusement.
Et aussit?t elle s'enfon?a de nouveau dans son livre.
--Voil�� une bigote, se dit Emma, qui ne voit pas plus loin que son nez.
Et comme elle ��tait Parisienne, elle ajouta en riant toute seule:
--... Un nez de province encore; ils sont jolis les indig��nes du pays du comte de la Roche-Odon.
Et le m��pris qu'elle professait pour ce vieil avare qui ne voulait pas mourir, se trouva singuli��rement augment�� par le m��pris que cette femme noire lui inspirait. Elle avait de la religion, mademoiselle Emma, ?comme tous les gens comme il faut,? mais elle n'aimait pas les d��vots.
Pour madame Pr��tavoine, rest��e seule, elle avait de nouveau abandonn�� son livre pour r��fl��chir.
Ce qu'elle venait de voir et d'entendre ��tait assez clair pour qu'un grand effort d'esprit ne lui f?t pas n��cessaire.
?Mylord? ��tait l'amant de madame de la Roche-Odon, l'amant en titre, celui pour lequel on avait des ��gards et dont sans doute on d��pendait �� un titre quelconque et ce titre n'��tait pas bien difficile �� deviner pour qui connaissait la position embarrass��e de la vicomtesse: on n'habite pas un appartement complet, au premier ��tage de la via Gregoriana, avec plusieurs domestiques, sans de grosses d��penses. Qui fournissait �� ces d��penses?--Mylord.
Quant au jeune ��l��gant qu'on renvoyait, c'��tait un amant subalterne, avec qui l'on ne se g��nait point, et qui malgr�� son m��contentement acceptait assez volontiers son r?le.
Comme elle en arrivait �� ce point de son raisonnement, elle entendit un bruit de voix dans le vestibule.
Rapidement elle reprit son livre.
Et presqu'aussit?t la porte s'ouvrit devant la vicomtesse de la Roche-Odon.
IV
Madame Pr��tavoine avait souvent entendu parler de la beaut�� de la vicomtesse de la Roche-Odon; mais pour elle, c'��tait chose pass��e que cette beaut��; car, bien qu'on ne s?t pas au juste l'age de la vicomtesse, il r��sultait des incidents de sa vie r��v��l��e par ses nombreux proc��s, qu'elle devait avoir au moins quarante ans, sinon plus.
Et cependant la femme qui venait d'ouvrir la porte ne paraissait pas avoir trente ans; pas une ride sur le visage; une d��marche souple, l��g��re, pleine de grace; une chevelure blonde et fine comme celle d'une jeune fille de quatorze ans; une bouche rose; un sourire radieux; et avec tout cela la beaut�� correcte d'une statue, de la t��te aux pieds.
Madame Pr��tavoine, qui cependant n'��tait gu��re sensible �� la beaut��, fut ��merveill��e.
Elle s'��tait lev��e; elle resta un moment sans parler.
Ce fut madame de la Roche-Odon qui commen?a l'entretien:
--On me dit, madame, que vous avez �� me remettre une lettre de M. Filsac; il a ��t�� plein de z��le, plein de d��vouement pour moi M. Filsac, et je serais heureuse de lui t��moigner ma reconnaissance pour ses bons soins.
Cela fut dit avec une bonne grace parfaite qui e?t donn�� du courage �� la solliciteuse la plus r��serv��e.
Mais ce n'��tait point en solliciteuse que madame Pr��tavoine se pr��sentait.
Elle tendit �� la vicomtesse la lettre de l'avou��.
Bien qu'elle f?t longue, madame de la Roche-Odon la lut d'un coup d'oeil.
--Ah! madame, dit-elle lorsqu'elle l'eut achev��e, combien j'ai d'excuses �� vous faire; c'est vous qui venez chez moi quand c'e?t ��t�� �� moi d'aller chez vous, si vous aviez bien voulu m'envoyer cette lettre au lieu de prendre la peine de me l'apporter.
--C'��tait �� moi, madame, d'avoir l'honneur de vous
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