et qui, tout en mangeant fortement, hausse les ��paules en regardant le voyageur de commerce chaque fois qu'il voit quelqu'un faire le signe de la croix, en homme qui n'a peur de rien, et qui se demande comment on peut ��tre assez arri��r�� pour se livrer encore �� ces vaines pratiques.
En se trouvant au milieu de ce monde, madame Pr��tavoine se sentit �� son aise; ��videmment elle ��tait dans son milieu. Elle fit une courte g��nuflexion en passant �� c?t�� de l'��v��que; mais, comme elle savait faire aussi bien que voir plusieurs choses �� la fois, elle aper?ut �� ce moment m��me le sourire moqueur et le haussement d'��paules du gros personnage qui mangeait au bout de la table.
Elle ��tait femme de r��solution, et dans sa vie elle avait tenu t��te �� des gens assis sur de plus gros sacs d'��cus que celui qui se moquait d'elle en ce moment; elle s'arr��ta et attacha sur lui deux yeux qui, bien qu'il ne par?t pas facile �� intimider, lui firent baisser le nez dans son assiette.
Et comme �� ce moment le ma?tre d'h?tel qui s'��tait approch��, lui indiquait les places du bout de la table.
--Non, dit-elle, �� haute voix de mani��re �� ��tre entendue de tout le monde, pas de ce c?t��, mais ici.
Et de la main elle indiqua deux chaises libres �� une courte distance de l'��v��que.
Les sourires du gros personnage et le coup d'oeil de madame Pr��tavoine avaient ��t�� remarqu��s par plusieurs personnes, et notamment par l'��v��que.
La fa?on dont elle ��leva la voix acheva de bien pr��ciser la situation.
Il y eut comme un discret murmure d'approbation.
Et l'��v��que, se tournant vers madame Pr��tavoine, lui fit une longue inclinaison de t��te.
Cependant madame Pr��tavoine et son fils ��taient rest��s debout derri��re leurs chaises.
Avant de s'asseoir, ils se tourn��rent tous deux vers le gros personnage, mais sans le regarder; puis, ostensiblement et cependant sans affectation, ils firent le signe de la croix et r��cit��rent leur Benedicite avec recueillement. Lorsqu'ils l'eurent achev��, ils se sign��rent de nouveau et s'assirent.
Tous les yeux ��taient fix��s sur eux, et l'on avait cess�� de manger.
--C'��taient l�� de vrais chr��tiens, cette m��re et son fils, que le respect humain n'emp��chait pas de confesser leur foi.
--Quelle ��tait cette dame?
L'��v��que fit un signe �� son domestique et celui-ci s'��tant pench��, il lui dit un mot �� l'oreille.
Aussit?t le domestique sortit et au bout de deux minutes �� peine il revint, rapportant un petit carr�� sur lequel un nom ��tait ��crit: ?Madame Pr��tavoine.?
Cependant l'��v��que avait achev�� son d��jeuner, il se leva, et avant de se retirer il adressa un salut �� madame Pr��tavoine et �� Aur��lien.
Et apr��s lui toutes les personnes qui quitt��rent la table salu��rent aussi la m��re et le fils.
De la fin de leur d��jeuner �� l'heure �� laquelle ils pouvaient faire leurs visites, madame Pr��tavoine et Aur��lien avaient du temps �� eux.
En regardant par sa fen��tre madame Pr��tavoine vit qu'elle avait une ��glise devant elle, elle se dit que son temps ne pouvait pas ��tre mieux employ�� qu'�� faire une station dans cette ��glise.
C'��tait la premi��re fois qu'elle p��n��trait dans une ��glise romaine; mais si elle voyait tout ce qui se passait autour d'elle elle ne pr��tait gu��re d'attention aux monuments. Pour elle cela n'avait pas d'utilit�� imm��diate et pratique, et une ��glise quelle qu'elle f?t n'��tait qu'une ��glise.
Cependant elle avait remarqu�� ces lourdes porti��res en cuir, qu'un mendiant vous soul��ve pour vous permettre d'entrer et de sortir; en sortant elle donna �� celui qui lui souleva cette porti��re une pi��ce d'argent assez grosse, le mendiant, ��bloui de cette g��n��rosit��, se confondit en bruyantes b��n��dictions.
--Pendant que vous vous faites conduire chez madame de la Roche-Odon, dit Aur��lien, je vais aller chez Vaunoise.
--Conduisez-moi plut?t chez madame de la Roche-Odon, dit-elle, et vous irez ensuite chez M. de Vaunoise; cela nous fera une heure de voiture au lieu de deux courses.
Si Aur��lien n'avait pas connu sa m��re comme il la connaissait, il aurait ��t�� assur��ment surpris de la voir donner une grosse pi��ce �� un mendiant et en ��conomiser une petite sur une course de voiture; mais, s'il ne devinait pas la cause de cette prodigalit�� apparente, il savait qu'elle ��tait voulue et calcul��e: �� coup s?r c'��tait un placement.
III
Le quartier de Rome habit�� par les ��trangers, par les _forestiers_, comme on dit, est celui de la place d'Espagne, avec ses rues environnantes, via Sistina, via Gregoriana. En effet, il n'y a gu��re que l�� qu'on trouve un peu de confort dans le logement et dans son ameublement; ailleurs, les appartements sont g��n��ralement distribu��s et meubl��s �� la romaine, c'est-��-dire d'une fa?on un peu trop primitive pour qui veut faire un long s��jour �� Rome. Et puis, raison meilleure encore, ce quartier est �� la mode.
C'��tait rue Gregoriana que demeurait madame la vicomtesse de la Roche-Odon, dans une maison neuve et
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