�� quelle table!
--A celle servie en maigre ou �� celle servie en gras; c'est aujourd'hui vendredi?
--A celle servie en maigre.
--Madame?...
--Madame Pr��tavoine et M. Aur��lien Pr��tavoine.
II
--Et maintenant, dit doucement madame Pr��tavoine, lorsqu'elle se trouva seule avec son fils dans le salon, sur lequel ouvraient leurs deux chambres, maintenant mon avis est que nous nous partagions le travail; pendant que j'irai faire visite �� madame la vicomtesse de la Roche-Odon et lui parlerai de B��reng��re, vous irez �� l'ambassade voir votre ancien camarade, M. de Vaunoise, et vous lui parlerez, surtout vous le ferez parler de madame de la Roche-Odon, il pourra nous ��tre utile; par lui vous apprendrez les bruits du monde sur madame de la Roche-Odon et sur son fils, le prince Michel Sobolewski, avec qui M. de Vaunoise a d? se rencontrer. Peut-��tre m��me M. de Vaunoise pourra-t-il vous mettre en relation avec ce jeune homme. Une camaraderie qui s'��tablirait tout naturellement entre vous et le fr��re de votre future femme vaudrait mieux qu'une liaison qui viendrait �� la suite d'une pr��sentation officielle. Si vous voulez que votre mariage r��ussisse...
--Si je le veux?
--Je pense que vous le voulez, mais je dis que pour cela il ne faut pas que nous ��prouvions ici un ��chec comme nous en avons ��prouv�� un �� Cond��. Il est donc important de manoeuvrer avec prudence et de n'avancer que pas �� pas. Aujourd'hui, pr��parons le terrain du c?t�� de madame de la Roche-Odon et de son fils. Plus tard, nous agirons ailleurs.
--En tous cas, dit Aur��lien, nous ne pouvons faire ces visites qu'apr��s d��jeuner.
--Assur��ment.
De tous les h?tels de Rome, la Minerve est assur��ment le plus curieux.
D'autres situ��s sur la place du Peuple et sur la place d'Espagne, dans le Corso ou dans la via del Babbuino sont plus ��l��gants, ont plus de distinction, ou plus de respectabilit��, comme disent les Anglais, mais ce ne sont que des h?tels cosmopolites, comme on en trouve dans toutes les grandes villes d'Europe; la Minerve au contraire a un caract��re propre; elle h��berge les eccl��siastiques et les Fran?ais qui, de pr��s ou de loin, touchent au monde d��vot. A vrai dire, il n'est pas indispensable, pour y ��tre re?u, de pr��senter un billet de confession au portier, et deux tables sont servies les jours d'abstinence, l'une en gras, l'autre en maigre, ce qui indique la pr��sence d'un certain nombre d'incr��dules et de m��cr��ants; mais enfin, la client��le prise en masse, est plut?t cl��ricale. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'�� traverser un de ses longs corridors. Les domestiques qui brossent l�� les v��tements de leurs ma?tres, le font discr��tement avec des caresses de main, en gens habitu��s �� plier les surplis, les aubes, les ��toles et les chasubles. Ces v��tements eux-m��mes, si l'on y prend attention, ont une tournure particuli��re; ils sont noirs; le drap est plus ��pais que celui qu'on voit sur les ��paules du vulgaire; les redingotes sont plus longues, les pantalons sont plus larges; devant les portes on trouve plus de souliers que de bottines, et encore beaucoup de ces souliers sont-ils �� boucles. Les gens qu'on rencontre dans les escaliers et dans les vestibules ont entre eux, pour la plupart, comme un air de famille: visages ras��s; yeux baiss��s; pas gliss��s; m��me les jeunes filles semblent sur le point de faire une g��nuflexion devant le Saint-Sacrement.
Et �� la table du d��jeuner ce sont de discrets Benedicite et de rapides signes de croix.
A c?t�� d'un voyageur de commerce qui se retient pour ne pas chanter le _Fils du pape_, est assis un ��v��que servi par son domestique, qui se tient derri��re sa chaise. Un bon cur�� de village est �� la droite de sa chatelaine qui lui a pay�� le voyage de Rome, et il lui parle humblement, avec un coeur plein de gratitude pour cette g��n��rosit��; dans la poche de sa soutane il a une lettre que le portier vient de lui remettre; elle vient de l'Anticamera pontifica et le _maestro di camera di S. S._ le pr��vient que le lendemain _Sa Saintet��_ daignera le recevoir �� son audience. Quelle f��licit��! Aussi la b��atitude dans laquelle il nage lui a-t-elle coup�� l'app��tit. Ce n'est pas seulement pour lui qu'il est heureux, c'est encore pour sa paroisse, �� laquelle il va reporter la b��n��diction du Saint-P��re. Quel malheur qu'une avvertenza plac��e au bas de cette lettre dise que _E proibito di prensentare al santo padre domande in inscritto per Indulgenze, Facolta, Privilegi_; mais enfin chaque chose doit se faire en son temps et en son lieu.
?�� et l��, autour de la table, sont assis d'autres eccl��siastiques, des cur��s, des doyens �� l'air important, de jeunes abb��s avec leurs ��l��ves, auxquels ils expliquent les vers latins cit��s dans leurs guides.
Puis tout au bout, comme un pr��sident, un gros personnage, qui semble tr?ner sur ses sacs d'��cus,
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