Corse en lui d��crivant l'aspect ��trange, sauvage du pays, le caract��re original de ses habitants, leur hospitalit�� et leurs moeurs primitives. Enfin, il mit �� ses pieds un joli petit stylet, moins remarquable par sa forme et sa monture en cuivre que par son origine. Un fameux bandit l'avait c��d�� au capitaine Ellis, garanti pour s'��tre enfonc�� dans quatre corps humains. Miss Lydia le passa dans sa ceinture, le mit sur sa table de nuit, et le tira deux fois de son fourreau avant de s'endormir. De son c?t��, le colonel r��va qu'il tuait un mouflon et que le propri��taire lui en faisait payer le prix, �� quoi il consentait volontiers, car c'��tait un animal tr��s curieux, qui ressemblait �� un sanglier, avec des cornes de cerf et une queue de faisan.
?Ellis conte qu'il y a une chasse admirable en Corse, dit le colonel, d��jeunant t��te �� t��te avec sa fille; si ce n'��tait pas si loin, j'aimerais �� y passer une quinzaine.
-- Eh bien, r��pondit miss Lydia, pourquoi n'irions-nous pas en Corse? Pendant que vous chasseriez, je dessinerais; je serais charm��e d'avoir dans mon album la grotte dont parlait le capitaine Ellis, o�� Bonaparte allait ��tudier quand il ��tait enfant.?
C'��tait peut-��tre la premi��re fois qu'un d��sir manifest�� par le colonel e?t obtenu l'approbation de sa fille. Enchant�� de cette rencontre inattendue, il eut pourtant le bon sens de faire quelques objections pour irriter l'heureux caprice de miss Lydia. En vain il parla de la sauvagerie du pays et de la difficult�� pour une femme d'y voyager: elle ne craignait rien; elle aimait par- dessus tout �� voyager �� cheval; elle se faisait une f��te de coucher au bivouac; elle mena?ait d'aller en Asie Mineure. Bref, elle avait r��ponse �� tout, car jamais Anglaise n'avait ��t�� en Corse; donc elle devait y aller. Et quel bonheur, de retour dans Saint-Jame's Place, de montrer son album! ?Pourquoi donc, ma ch��re, passez-vous ce charmant dessin? -- Oh! ce n'est rien. C'est un croquis que j'ai fait d'apr��s un fameux bandit corse qui nous a servi de guide. -- Comment! vous avez ��t�� en Corse?...?
Les bateaux �� vapeur n'existant point encore entre la France et la Corse, on s'enquit d'un navire en partance pour l'?le que miss Lydia se proposait de d��couvrir. D��s le jour m��me, le colonel ��crivait �� Paris pour d��commander l'appartement qui devait le recevoir, et fit march�� avec le patron d'une go��lette corse qui allait faire voile pour Ajaccio. Il y avait deux chambres telles quelles. On embarqua des provisions; le patron jura qu'un vieux sien matelot ��tait un cuisinier estimable et n'avait pas son pareil pour la bouillabaisse; il promit que mademoiselle serait convenablement, qu'elle aurait bon vent, belle mer.
En outre, d'apr��s les volont��s de sa fille, le colonel stipula que le capitaine ne prendrait aucun passager, et qu'il s'arrangerait pour raser les c?tes de l'?le de fa?on qu'on p?t jouir de la vue des montagnes.
II
Au jour fix�� pour le d��part, tout ��tait emball��, embarqu�� d��s le matin: la go��lette devait partir avec la brise du soir. En attendant, le colonel se promenait avec sa fille sur la Canebi��re, lorsque le patron l'aborda pour lui demander la permission de prendre �� son bord un de ses parents, c'est-��-dire le petit-cousin du parrain de son fils a?n��, lequel retournant en Corse, son pays natal, pour affaires pressantes, ne pouvait trouver de navire pour le passer.
?C'est un charmant gar?on, ajouta le capitaine Matei, militaire, officier aux chasseurs �� pied de la garde, et qui serait d��j�� colonel, si l'Autre ��tait encore empereur.
-- Puisque c'est un militaire?, dit le colonel..., il allait ajouter: ?Je consens volontiers �� ce qu'il vienne avec nous...? mais miss Lydia s'��cria en anglais:
?Un officier d'infanterie!... (son p��re ayant servi dans la cavalerie, elle avait du m��pris pour toute autre arme) un homme sans ��ducation peut-��tre, qui aura le mal de mer, et qui nous gatera tout le plaisir de la travers��e!?
Le patron n'entendait pas un mot d'anglais, mais il parut comprendre ce que disait miss Lydia �� la petite moue de sa jolie bouche, et il commen?a un ��loge en trois points de son parent, qu'il termina en assurant que c'��tait un homme tr��s comme il faut, d'une famille de caporaux, et qu'il ne g��nerait en rien monsieur le colonel, car lui, patron, se chargeait de le loger dans un coin o�� l'on ne s'apercevrait pas de sa pr��sence.
Le colonel et miss Nevil trouv��rent singulier qu'il y e?t en Corse des familles o�� l'on f?t ainsi caporal de p��re en fils; mais, comme ils pensaient pieusement qu'il s'agissait d'un caporal d'infanterie, ils conclurent que c'��tait quelque pauvre diable que le patron voulait emmener par charit��. S'il se f?t agi d'un officier, on e?t ��t�� oblig�� de lui parler, de vivre avec lui; mais, avec un caporal,
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