Colomba, by Prosper M��rim��e
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Title: Colomba
Author: Prosper M��rim��e
Release Date: July 7, 2005 [EBook #16239]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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Prosper M��rim��e COLOMBA (1840)
Table des mati��res
I II III IV V VI VII VIII IX X XI XII VIII XIV XV XVI XVII XVIII XIX XX XXI
I
P�� far la to vandetta, Sta sigur', vasta anche ella.
VOCERO DU NIOLO.
Dans les premiers jours du mois d'octobre 181., le colonel Sir Thomas Nevil, Irlandais, officier distingu�� de l'arm��e anglaise, descendit avec sa fille �� l'h?tel Beauvau, �� Marseille, au retour d'un voyage en Italie. L'admiration continue des voyageurs enthousiastes a produit une r��action, et, pour se singulariser, beaucoup de touristes aujourd'hui prennent pour devise le nil admirari d'Horace. C'est �� cette classe de voyageurs m��contents qu'appartenait miss Lydia, fille unique du colonel. La Transfiguration lui avait paru m��diocre, le V��suve en ��ruption �� peine sup��rieur aux chemin��es des usines de Birmingham. En somme, sa grande objection contre l'Italie ��tait que ce pays manquait de couleur locale, de caract��re. Explique qui pourra le sens de ces mots, que je comprenais fort bien il y a quelques ann��es, et que je n'entends plus aujourd'hui. D'abord, miss Lydia s'��tait flatt��e de trouver au-del�� des Alpes des choses que personne n'aurait vues avant elle, et dont elle pourrait parler ?avec les honn��tes gens?, comme dit M. Jourdain. Mais bient?t, partout devanc��e par ses compatriotes et d��sesp��rant de rencontrer rien d'inconnu, elle se jeta dans le parti de l'opposition. Il est bien d��sagr��able, en effet, de ne pouvoir parler des merveilles de l'Italie sans que quelqu'un ne vous dise: ?Vous connaissez sans doute ce Rapha?l du palais ***, �� ***? C'est ce qu'il y a de plus beau en Italie.? -- Et c'est justement ce qu'on a n��glig�� de voir. Comme il est trop long de tout voir, le plus simple c'est de tout condamner de parti pris.
�� l'h?tel Beauvau, miss Lydia eut un amer d��sappointement. Elle rapportait un joli croquis de la porte p��lasgique ou cyclop��enne de Segni, qu'elle croyait oubli��e par les dessinateurs. Or, lady Frances Fenwich, la rencontrant �� Marseille, lui montra son album, o��, entre un sonnet et une fleur dess��ch��e, figurait la porte en question, enlumin��e �� grand renfort de terre de Sienne. Miss Lydia donna la porte de Segni �� sa femme de chambre, et perdit toute estime pour les constructions p��lasgiques.
Ces tristes dispositions ��taient partag��es par le colonel Nevil, qui, depuis la mort de sa femme, ne voyait les choses que par les yeux de miss Lydia. Pour lui, l'Italie avait le tort immense d'avoir ennuy�� sa fille, et par cons��quent c'��tait le plus ennuyeux pays du monde. Il n'avait rien �� dire, il est vrai, contre les tableaux et les statues; mais ce qu'il pouvait assurer, c'est que la chasse ��tait mis��rable dans ce pays-l��, et qu'il fallait faire dix lieues au grand soleil dans la campagne de Rome pour tuer quelques m��chantes perdrix rouges.
Le lendemain de son arriv��e �� Marseille, il invita �� d?ner le capitaine Ellis, son ancien adjudant, qui venait de passer six semaines en Corse. Le capitaine raconta fort bien �� miss Lydia une histoire de bandits qui avait le m��rite de ne ressembler nullement aux histoires de voleurs dont on l'avait si souvent entretenue sur la route de Rome �� Naples. Au dessert, les deux hommes, rest��s seuls avec des bouteilles de vin de Bordeaux, parl��rent chasse, et le colonel apprit qu'il n'y a pas de pays o�� elle soit plus belle qu'en Corse, plus vari��e, plus abondante. ?On y voit force sangliers, disait le capitaine Ellis, et il faut apprendre �� les distinguer des cochons domestiques, qui leur ressemblent d'une mani��re ��tonnante; car, en tuant des cochons, l'on se fait une mauvaise affaire avec leurs gardiens. Ils sortent d'un taillis qu'ils nomment maquis, arm��s jusqu'aux dents, se font payer leurs b��tes et se moquent de vous. Vous avez encore le mouflon, fort ��trange animal qu'on ne trouve pas ailleurs, fameux gibier, mais difficile. Cerfs, daims, faisans, perdreaux, jamais on ne pourrait nombrer toutes les esp��ces de gibier qui fourmillent en Corse. Si vous aimez �� tirer, allez en Corse, colonel; l��, comme disait un de mes h?tes, vous pourrez tirer sur tous les gibiers possibles, depuis la grive jusqu'�� l'homme.?
Au th��, le capitaine charma de nouveau miss Lydia par une histoire de vendetta transversale[1], encore plus bizarre que la premi��re, et il acheva de l'enthousiasmer pour la
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