deux Ch��ri taciturne, et Mme Peloux, sans force et sans autorit�� pour soigner son fils, se bornait �� ha?r un peu L��a, chaque fois qu'un geste penchait, pr��s de la joue pale, de l'oreille transparente de Ch��ri, la nuque blanche et la joue sanguine de L��a. Elle e?t bien saign�� ce cou robuste de femme, o�� les colliers de V��nus commen?aient de meurtrir la chair, pour teindre de ros�� le svelte lis verdissant,--mais elle ne pensait pas m��me �� conduire son bien-aim�� aux champs.
"Ch��ri, pourquoi bois-tu de la fine? grondait L��a.
--Pour ne pas faire affront �� Mame Peloux qui boirait seule, r��pondait Ch��ri.
--Qu'est-ce que tu fais, demain?
--Sais pas, et toi?
--Je vais partir pour la Normandie.
--Avec?
--?a ne te regarde pas.
--Avec notre brave Sp��le?eff?
--Penses-tu, il y a deux mois que c'est fini, tu retardes. Il est en Russie, Sp��le?eff.
--Mon Ch��ri, o�� as-tu la t��te! soupira Mme Peloux. Tu oublies le charmant d?ner de rupture que nous a offert L��a le mois dernier. L��a, tu ne m'as pas donn�� la recette des langoustines qui m'avaient tellement plu!"
Ch��ri se redressa, fit briller ses yeux :
"Oui, oui, des langoustines avec une sauce cr��meuse, oh! j'en voudrais!
--Tu vois, reprocha Mme Peloux, lui qui a si peu d'app��tit, il aurait mang�� des langoustines....
--La paix! commanda Ch��ri. L��a, tu vas sous les ombrages avec Patron?
--Mais non, mon petit; Patron et moi, c'est de l'amiti��. Je pars seule.
--Femme riche, jeta Ch��ri.
--Je t'emm��ne, si tu veux, on ne fera que manger, boire, dormir....
--C'est o��, ton patelin?"
Il s'��tait lev�� et plant�� devant elle.
"Tu vois Honfleur? la c?te de Grace? Oui?... Assieds-toi, tu es vert. Tu sais bien, sur la c?te de Grace, cette porte charreti��re devant laquelle nous disions toujours en passant, ta m��re et moi.... "
Elle se tourna du c?t�� de Mme Peloux : Mme Peloux avait disparu. Ce genre de fuite discr��te, cet ��vanouissement ��taient si peu en accord avec les coutumes de Charlotte Peloux, que L��a et Ch��ri se regard��rent en riant de surprise. Ch��ri s'assit contre L��a.
"Je suis fatigu��, dit-il.
--Tu t'ab?mes", dit L��a.
Il se redressa, vaniteux :
"Oh! tu sais, je suis encore assez bien.
--Assez bien... peut-��tre pour d'autres... mais pas... pas pour moi, par exemple.
--Trop vert?
--Juste le mot que je cherchais. Viens-tu �� la campagne, en tout bien tout honneur? Des bonnes fraises, de la cr��me fra?che, des tartes, des petits poulets grill��s.... Voil�� un bon r��gime, et pas de femmes!"
Il se laissa glisser sur l'��paule de L��a et ferma les yeux.
"Pas de femmes.... Chouette.... L��a, dis, es-tu un fr��re? Oui? Eh bien, partons, les femmes... j'en suis revenu.... Les femmes... je les ai vues."
Il disait ces choses basses d'une voix assoupie, dont L��a ��coutait le son plein et doux et recevait le souffle ti��de sur son oreille. Il avait saisi le long collier de L��a et roulait les grosses perles entre ses doigts. Elle passa son bras sous la t��te de Ch��ri et le rapprocha d'elle, sans arri��re-pens��e, confiante dans l'habitude qu'elle avait de cet enfant, et elle le ber?a.
"Je suis bien, soupira-t-il. T'es un fr��re, je suis bien...."
Elle sourit comme sous une louange tr��s pr��cieuse. Ch��ri semblait s'endormir. Elle regardait de tout pr��s les cils brillants, comme mouill��s, rabattus sur la joue, et cette joue amaigrie qui portait les traces d'une fatigue sans bonheur. La l��vre sup��rieure, ras��e du matin, bleuissait d��j��, et les lampes roses rendaient un sang factice �� la bouche....
"Pas de femmes! d��clara Ch��ri comme en songe. Donc... embrasse-moi!"
Surprise, L��a ne bougea pas.
"Embrasse-moi, je te dis!"
Il ordonnait, les sourcils joints, et l'��clat de ses yeux soudain rouverts g��na L��a comme une lumi��re brusquement rallum��e. Elle haussa les ��paules et mit un baiser sur le front tout proche. Il noua ses bras au cou de L��a et la courba vers lui.
Elle secoua la t��te, mais seulement jusqu'�� l'instant o�� leurs bouches se touch��rent; alors, elle demeura tout �� fait immobile et retenant son souffle comme quelqu'un qui ��coute. Quand il la lacha, elle le d��tacha d'elle, se leva, respira profond��ment et arrangea sa coiffure qui n'��tait pas d��faite. Puis elle se retourna un peu pale et les yeux assombris, et sur un ton de plaisanterie :
"C'est intelligent!" dit-elle.
Il gisait au fond d'un rocking et se taisait en la couvant d'un regard actif, si plein de d��fi et d'interrogations qu'elle dit, apr��s un moment :
"Quoi?
--Rien, dit Ch��ri, je sais ce que je voulais savoir."
Elle rougit, humili��e, et se d��fendit adroitement :
"Tu sais quoi? que ta bouche me pla?t? Mon pauvre petit, j'en ai embrass�� de plus vilaines. Qu'est-ce que ?a te prouve? Tu crois que je vais tomber �� tes pieds et crier : prends-moi! Mais tu n'as donc connu que des jeunes filles? Penser que je vais perdre la t��te pour un baiser!..."
Elle s'��tait calm��e en parlant et voulait montrer son sang-froid.
"Dis, petit, insista-t-elle en se penchant sur lui, crois-tu que ce soit
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