tendrement �� L��a.
Deux femmes s'��taient lev��es dans l'ombre blonde du store de paille. L'une, en mauve, tendit assez froidement sa main �� L��a, qui la contempla des pieds �� la t��te.
"Mon Dieu, que vous ��tes belle, Marie-Laure, il n'y a rien d'aussi parfait que vous!"
Marie-Laure daigna sourire. C'��tait une jeune femme rousse, aux yeux bruns, qui ��merveillait sans geste et sans paroles. Elle d��signa, comme par coquetterie, l'autre jeune femme :
"Mais reconna?trez-vous ma fille Edm��e?" dit-elle.
L��a tendit vers la jeune fille une main qu'on tarda �� prendre :
"J'aurais d? vous reconna?tre, mon enfant, mais une pensionnaire change vite, et Marie-Laure ne change que pour d��concerter chaque fois davantage. Vous voil�� libre de tout pensionnat?
--Je crois bien, je crois bien, s'��cria Mme Peloux. On ne peut pas laisser sous le boisseau ��ternellement ce charme, cette grace, cette merveille de dix-neuf printemps!
--Dix-huit, dit suavement Marie-Laure.
--Dix-huit, dix-huit!... Mais oui, dix-huit! L��a, tu te souviens ? Cette enfant faisait sa premi��re communion l'ann��e o�� Ch��ri s'est sauv�� du coll��ge, tu sais bien? Oui, mauvais garnement, tu t'��tais sauv�� et nous ��tions aussi affol��es l'une que l'autre!
--Je me souviens tr��s bien, dit L��a, et elle ��changea avec Marie-Laure un petit signe de t��te,--quelque chose comme le "touch��" des escrimeurs loyaux.
--Il faut la marier, il faut la marier! continua Mme Peloux qui ne r��p��tait jamais moins de deux fois une v��rit�� premi��re. Nous irons tous �� la noce!"
Elle battit l'air de ses petits bras et la jeune fille la regarda avec une frayeur ing��nue.
"C'est bien une fille pour Marie-Laure, songeait L��a tr��s attentive. Elle a, en discret, tout ce que sa m��re a d'��clatant. Des cheveux mousseux, cendr��s, comme poudr��s, des yeux inquiets qui se cachent, une bouche qui se retient de parler, de sourire.... Tout �� fait ce qu'il fallait �� Marie-Laure, qui doit la ha?r quand m��me...."
Mme Peloux interposa entre L��a et la jeune fille un sourire maternel :
"Ce qu'ils ont d��j�� camarad�� dans le jardin, ces deux enfants-l��!"
Elle d��signait Ch��ri, debout devant la paroi vitr��e et fumant. Il tenait son fume-cigarette entre les dents et rejetait la t��te en arri��re pour ��viter la fum��e. Les trois femmes regard��rent le jeune homme qui, le front renvers��, les cils mi-clos, les pieds joints et immobiles, semblait pourtant une figure ail��e, planante et dormante dans l'air.... L��a ne se trompa point �� l'expression effar��e, vaincue, des yeux de la jeune fille. Elle se donna le plaisir de la faire tressaillir en lui touchant le bras. Edm��e fr��mit tout enti��re, retira son bras et dit farouchement tout bas :
"Quoi?...
--Rien, r��pondit L��a. C'est mon gant qui ��tait tomb��.
--Allons, Edm��e?" ordonna Marie-Laure avec nonchalance.
La jeune fille, muette et docile, marcha vers Mme Peloux qui battit des ailerons :
"D��j��? Mais non! On va se revoir! on va se revoir!
--Il est tard, dit Marie-Laure. Et puis, vous attendez beaucoup de gens, le dimanche apr��s-midi. Cette enfant n'a pas l'habitude du monde....
--Oui, oui, cria tendrement Mme Peloux, elle a v��cu si enferm��e, si seule!"
Marie-Laure sourit, et L��a la regarda pour dire : "A vous!"
"... Mais nous reviendrons bient?t.
--Jeudi, jeudi ! L��a, tu viens d��jeuner aussi, jeudi?
--Je viens", r��pondit L��a.
Ch��ri avait rejoint Edm��e au seuil du hall, o�� il se tenait aupr��s d'elle, d��daigneux de toute conversation. Il entendit la promesse de L��a et se retourna :
"C'est ?a. On fera une balade, proposa-t-il.
--Oui, oui, c'est de votre age, insista Mme Peloux attendrie. Edm��e ira avec Ch��ri sur le devant, il nous m��nera, et nous irons au fond, nous autres. Place �� la jeunesse! Place �� la jeunesse! Ch��ri, mon amour, veux- tu demander la voiture de Marie-Laure?"
Encore que ses petits pieds ronds chavirassent sur les graviers, elle emmena ses visiteuses jusqu'au tournant d'une all��e, puis les abandonna �� Ch��ri. Quand elle revint, L��a avait retir�� son chapeau et allum�� une cigarette.
"Ce qu'ils sont jolis, tous les deux! haleta Mme Peloux. Pas, L��a?
--Ravissants, souffla L��a avec un jet de fum��e. Mais c'est cette Marie- Laure!..."
Ch��ri rentrait :
"Qu'est-ce qu'elle a fait, Marie-Laure? demanda-t-il.
--Quelle beaut��!
--Ah!... Ah!... approuva Mme Peloux, c'est vrai, c'est vrai... qu'elle a ��t�� bien jolie!"
Ch��ri et L��a rirent en se regardant.
"A ��t��!" souligna L��a. Mais c'est la jeunesse m��me! Elle n'a pas un pli! Et elle peut porter du mauve tendre, cette sale couleur que je d��teste et qui me le rend!"
Les grands yeux impitoyables et le nez mince se d��tourn��rent d'un verre de fine :
"La jeunesse m��me! la jeunesse m��me! glapit Mme Peloux. Pardon! pardon! Marie-Laure a eu Edm��e en 1895, non, 14. Elle avait �� ce moment-l�� fichu le camp avec un professeur de chant et plaqu�� Khalil-Bey qui lui avait donn�� le fameux diamant rose que.... Non! non!... Attends!... C'est d'un an plus t?t!..."
Elle trompettait fort et faux. L��a mit une main sur son oreille et Ch��ri d��clara, sentencieux :
"?a serait trop beau, un apr��s-midi comme ?a, s'il n'y avait
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