plus f��cond du monde.
Saint-Domingue exportait autrefois pour 150 millions de produits que M. Thiers[14] ��value �� 300 millions de valeur actuelle.--Ha?ti n'en exporte pas 12 aujourd'hui.
[Note 14: Histoire du Consulat et de l'Empire.]
La situation morale de ce peuple r��g��n��r�� va de pair avec sa situation ��conomique. ?Ha?ti a des journaux et des sorciers, un tiers parti et des f��tiches; des adorateurs de couleuvres y proclament tour �� tour depuis cinquante ans,? en pr��sence de l'��tre supr��me, ?des constitutions d��mocratiques et des monarques par la grace de Dieu[15].?
[Note 15: D'Alaux, lieu cit��.]
L'histoire d'Ha?ti peut se r��sumer en deux lignes: extermination des blancs,--extermination des mulatres,--extermination des n��gres entre eux.
Lib��ria.--Ha?ti.
Entre la r��g��n��ration de la race noire par le rapatriement, apr��s un temps donn�� de servage ?sous des ma?tres sup��rieurs,? et le r��ve de sa r��g��n��ration spontan��e, nous avons �� choisir.
Et quel obstacle s'oppose donc �� ce que, par un double mouvement d'immigration et de rapatriement de n��gres engag��s, tous les gouvernements �� colonies s'entendent pour multiplier les Lib��ria sur les deux c?tes de l'Afrique, et fassent ainsi rayonner, de la circonf��rence au centre de la Nigritie, l'industrie, le commerce, l'agriculture, la foi chr��tienne et la civilisation?
Montesquieu semble avoir eu la prescience de cette solution du grand probl��me que nous a pos�� la Providence, quand il a ��crit:
?Si j'avais �� soutenir le droit que nous avons de rendre les n��gres esclaves, je dirais: Les peuples d'Europe ayant extermin�� ceux de l'Am��rique, ils ont du mettre en esclavage ceux de l'Afrique pour s'en servir �� d��fricher tant de terres.
?Le sucre serait trop cher si l'on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves.
?Ceux dont il s'agit sont noirs depuis les pieds jusqu'�� la t��te; et ils ont le nez si ��cras�� qu'il est presque impossible de les plaindre. On ne peut se mettre dans l'esprit que Dieu, qui est un ��tre tr��s-sage, ait mis une ame, surtout une ame bonne, dans un corps noir.
?.....Il est impossible que nous supposions que ces gens-l�� soient des hommes; parce que si nous les supposions des hommes, on commencerait �� croire que nous ne sommes pas nous-m��mes des chr��tiens.
?De petits esprits exag��rent trop l'injustice que l'on fait aux Africains; car si elle ��tait telle qu'on le dit, _ne serait-il pas venu dans la t��te des princes de l'Europe, qui font entre eux tant de conventions inutiles, d'en faire une g��n��rale en faveur de la mis��ricorde et de la piti��_[16].?
[Note 16: Esprit des lois, chap. V.]
Il y a plus d'un si��cle, et nous devons, au nom de la France, constater cette date, il y a plus d'un si��cle que Montesquieu, n'osant heurter de front les trop grands int��r��ts qui se rattachaient alors �� la question de l'esclavage, s'en prenait, ne pouvant mieux faire, par cette m��lancolique ironie, aux tristes raisons avanc��es par l'avarice, par l'anatomie, par l'orgueil de l'esprit et la vanit�� de la peau, pour motiver l'esclavage et s'en absoudre. La question a depuis fait un grand pas; mais la convention de mis��ricorde et de piti�� du philosophe est encore �� mettre �� l'��tude.
L'honneur de cette vaste id��e appartient, on le voit, �� la philosophie fran?aise; elle est depuis devenue catholique dans le sens grammatical du mot et dans son sens religieux.
Que si en souvenir des paroles de Bossuet, que nous avons cit��es plus haut, on accusait la religion d'avoir ��t�� moins humaine en cela que la philosophie, je r��pondrais qu'elle a d? l'��tre; elle n'est point humaine, en effet; son royaume n'est point de ce monde; elle voit et prend les choses de plus haut; peu lui importe, jusqu'�� un certain point, �� elle qui a dit: Bienheureux ceux qui souffrent! peu lui importe la condition de bonheur ou de malheur mat��riel de l'homme sur la terre. Elle fait bon march�� de l'in��galit�� dans la vie pour se rattraper dans l'��galit�� de la mort. C'est alors seulement qu'elle r��gle--terrible compte!--avec le ma?tre et avec l'esclave. Elle n'entend point, d'ailleurs, que jusque-l�� l'un ou l'autre n'accepte pas la condition qui lui est faite.--La r��signation est la premi��re vertu du chr��tien.
En progr��s, la religion n'est point et ne peut pas ��tre primesauti��re, parce qu'elle est de son essence ��minemment conservatrice, et que tout progr��s tend n��cessairement �� la modification d'un ordre de choses ��tabli; mais elle accueille tous les progr��s, les sanctionne et les consacre, lorsqu'ils peuvent, d'ailleurs, ��tre accomplis en vue d'int��r��ts l��gitimes et sans ��branlements politiques.
La philosophie, au contraire, si spiritualiste qu'on la suppose, touche toujours par quelque c?t�� aux questions ��conomiques, d'o�� il suit que son r?le, �� elle, ��tant plus ou moins humain, son but doit ��tre de combiner th��oriquement les ��l��ments sociaux, de fa?on �� leur d��partir, sur la terre, la somme de bonheur la plus grande possible.
Voici pourquoi l'in��galit�� des conditions la blesse et la r��volte; et pourquoi encore elle a
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