temps: on ferma derri��re lui le guichet de distribution des billets.
Ce fut seulement quand il se trouva install�� dans son wagon, o�� il ��tait seul, qu'il reprit sa lecture, non au point o�� il l'avait interrompue, mais �� la premi��re ligne:
?Mon cher L��on,
?Ma d��p��che t��l��graphique d'hier, par laquelle je te demandais si tu serais �� Paris libre de toute occupation pendant la fin de la semaine, a d? te surprendre jusqu'�� un certain point.
?En voici l'explication:
?Je vais mourir, et tu es la seule personne au monde, mon cher neveu, qui puisse assister ma fille, ta cousine; dans cette circonstance, il fallait donc que je fusse certain qu'aussit?t pr��venu tu pourrais accourir pr��s d'elle.
?Cette certitude, ta r��ponse me la donne, et, comme d'avance je suis s?r de ton coeur, je puis maintenant accomplir ma r��solution.
?Tu connais ma position, je n'ai pas de fortune. N��s de parents pauvres, ton p��re et moi nous n'avons pas eu de patrimoine. Mais tandis que ton p��re, jetant un clair regard sur la vie, embrassait la carri��re commerciale au lieu d'��tre artiste, comme il l'avait tout d'abord souhait��, j'entrais dans la magistrature. Et, d'autre part, tandis que ton p��re ��pousait une femme riche qui lui apportait des millions, j'en ��pousais une qui n'avait pour dot et pour tout avoir qu'une cinquantaine de mille francs.
?Cette dot avait ��t�� plac��e dans une affaire industrielle; je ne changeai point ce placement, car il ne me convenait pas de d��faire ce qui avait ��t�� fait par mon beau-p��re, et d'un autre c?t�� j'��tais bien aise de tirer de ces cinquante mille francs un revenu assez gros pour que ma femme et ma fille n'eussent point trop �� souffrir de la m��diocrit�� de mon traitement de substitut.
?C'est grace �� ce revenu qu'apr��s avoir perdu ma femme au bout de quatre ann��es de mariage, je pus garder ma fille pr��s de moi, et qu'elle a ��t�� ��lev��e sous mes yeux, sur mon coeur.
?En la mettant dans un pensionnat, j'aurais pu faire de s��rieuses ��conomies, car, lorsqu'on prend, pour instruire un enfant dans la maison paternelle, les meilleurs professeurs dans chaque branche d'instruction, pour la peinture un peintre de m��rite, pour la musique des artistes de talent, cela co?te cher, tr��s-cher, et en employant utilement ces ��conomies, soit �� former un capital, soit �� constituer une assurance sur la vie, payable entre les mains de ma fille le jour de son mariage, je serais arriv�� �� lui constituer une dot moiti�� plus forte que celle que sa m��re avait re?ue. Mais je n'ai point cru que c'��tait l�� le meilleur. Plusieurs raisons d'ordre diff��rent me d��termin��rent: j'aimais ma fille, et ce m'e?t ��t�� un profond chagrin de me s��parer d'elle; je n'��tais pas partisan de l'��ducation en commun pour les filles; jeune encore, je ne voulais pas m'exposer �� la tentation de me remarier, ce qui e?t pu arriver si je n'avais pas eu ma fille pr��s de moi; enfin je me disais que, si les hommes ne cherchent trop souvent qu'une dot dans le mariage, il en est cependant qui veulent une femme, et c'��tait une femme que je voulais ��lever; toi qui connais Madeleine, ses qualit��s d'esprit et de coeur, tu sais si j'ai r��ussi.
?Tu as pass�� quelques-unes de tes vacances avec nous; tu sais quelle ��tait notre vie dans notre petite maison du quai des Curandiers et notre ��troite intimit�� dans le travail comme dans le plaisir; tu as assist�� �� nos soir��es de lecture, �� nos s��ances de musique, �� nos r��unions entre amis, je n'ai donc rien �� te dire de tout cela; �� le faire je m'attendrirais dans ces souvenirs si doux, si charmants, et je ne veux pas m'attendrir.
?Cependant, en rappelant ainsi un pass�� que tu connais dans une certaine mesure, je dois relever un point que tu ignores peut-��tre, et qui a son importance: nos d��penses d��pass��rent chaque ann��e mes pr��visions et m'entra?n��rent dans des embarras d'argent qui furent les seuls tourments de ces ann��es si heureuses; mais ton p��re me vint en aide, et, grace �� son concours fraternel, je pus en sortir �� mon honneur.
?Malgr�� ces embarras d'argent caus��s le plus souvent par des besoins impr��vus, mais dans plus d'une circonstance aussi, je l'avoue, par une mauvaise administration, j'esp��rais pouvoir suivre jusqu'au bout le plan que je m'��tais trac�� pour l'��ducation de Madeleine, quand un incident d��sastreux vint bouleverser toutes mes combinaisons: la maison dans laquelle notre capital ��tait plac�� se trouva en mauvaises affaires, et de telle sorte que si nous n'apportions pas une nouvelle mise de fonds tout ��tait perdu. Sans ��conomies, sans ressources autres que celles provenant de mon traitement, il m'��tait difficile, pour ne pas dire impossible, de me procurer la somme n��cessaire pour cet apport. J'aurais pu, il est vrai, la demander �� ton p��re; mais j'en ��tais
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