Bric-a-brac | Page 2

Alexandre Dumas, père
au consul s'il n'y aurait pas moyen de se procurer au Caire un animal de ce sexe et de cette esp��ce.
Vous comprenez...
Abbas-Pacha trouvait le placement de son hippopotame, et ��tait en m��me temps agr��able �� un gouvernement alli��.
Il n'y avait pas moyen de faire donner la bastonnade �� des gens qui avaient ��t�� au-devant des d��sirs du consul d'une des grandes puissances europ��ennes.
D'ailleurs, la question ��tait presque r��solue: en vertu de l'entente cordiale qui existait entre les deux gouvernements, il ��tait ��vident qu'�� un moment donn��, ou la France pr��terait son hippopotame male �� l'Angleterre, ou l'Angleterre pr��terait son hippopotame femelle �� la France.
Delaporte remercia Abbas-Pacha en son nom et au nom de Geoffroy Saint-Hilaire, donna une magnifique prime aux quatre p��cheurs, et s'occupa du transport en France de sa m��nagerie.
D'abord, il crut la chose facile: il pensait avoir _l'Albatros_ �� sa disposition; mais _l'Albatros_ re?ut l'ordre de faire voile pour je ne sais plus quel port de l'Archipel.
Force fut �� Delaporte de traiter avec un bateau �� vapeur des Messageries imp��riales.
Ce fut une grande affaire: l'hippopotame avait quelque chose comme cinq ou six mois; il avait ��norm��ment profit��; il pesait trois ou quatre cents, exigeait un bassin d'une quinzaine de pieds de diam��tre.
On lui fit confectionner le susdit bassin, qui f?t am��nag�� �� l'avant du batiment; on transporta �� bord cent tonnes d'eau du Nil afin qu'il e?t toujours un bain doux et frais; en outre, on embarqua quarante ch��vres, pour subvenir �� sa nourriture.
Quatre Arabes, un p��cheur, un preneur de lions, un preneur de girafes et un preneur de singes furent embarqu��s avec les animaux qu'ils avaient amen��s.
Le tout arriva en seize jours �� Marseille.
Il va sans dire que Delaporte n'avait pas perdu de vue un instant sa premi��re cargaison.
�� Marseille, il mit sur des trues appropri��s �� cette destination l'hippopotame et sa suite.
Les trente, quadrup��des, dont vingt quadrumanes, arriv��rent �� Paris aussi heureusement qu'ils ��taient arriv��s �� Marseille.
�� leur arriv��e j'allai leur faire visite. Grace �� Delaporte je fus admis �� l'honneur de saluer les lions, de pr��senter mes respects �� l'hippopotame, de caresser les antilopes, de passer entre les jambes des girafes, et d'offrir des noix et des pommes aux singes.
Le domestique de Delaporte, qui ��tait le favori de tous ces animaux, semblait jaloux de me voir ainsi fraterniser avec eux.
�� propos, laissez-moi vous dire un seul petit mot du domestique de Delaporte.
C'est un magnifique enfant du Darfour, noir comme un charbon et qui a d��j�� l'air d'un homme, quoiqu'il n'ait, selon toute probabilit��, que onze ou douze ans. Je dis _selon toute probabilit��_, parce qu'il n'y a pas d'exemple qu'un n��gre sache son age. Celui-l��... Pardon, j'oubliais de vous dire son nom. Il se nomme Abailard. En outre,--chose assez commune, au reste, d'un n��gre �� l'��gard de son ma?tre,--il appelle Delaporte papa.
Vous allez voir pourquoi il se nomme Abailard et appelle Delaporte papa.
Abailard, qui, en ce temps-l��, n'avait pas encore de nom, ou qui en avait un dont il ne se souvient plus, fut fait prisonnier, avec sa m��re, par une tribu en guerre avec la sienne.
Sa m��re avait quatorze ans, et lui en avait deux.
On les s��para et on les vendit.
La m��re fut vendue �� un Turc, l'enfant �� un n��gociant chr��tien.
Nul ne sait ce que devint la m��re.
Quant �� l'enfant, son ma?tre habitait Kenneh; il vint �� Kenneh avec son ma?tre.
Nous avons dit que son ma?tre ��tait n��gociant; mais nous avons oubli�� de sp��cifier l'objet de son commerce.
Il vendait des ��toffes.
Un jour, il s'aper?ut qu'une pi��ce d'��toffe lui manquait, et il soup?onna le pauvre petit, alors ag�� de six ans, de l'avoir vol��e.
Le proc��s est vite fait dans toute l'��gypte, et dans la haute ��gypte surtout, entre un ma?tre et un esclave.
Le marchand d'��toffes coucha l'enfant sur le dos, lui passa les jambes dans des entraves et lui appliqua lui-m��me, afin d'��tre s?r qu'il n'y aurait point de tricherie, cinquante coups de baton sous la plante des pieds.
Puis, comme le sang s'y ��tait naturellement amass�� et que l'on craignait des abc��s, qui se terminent souvent par la gangr��ne, on fit venir un barbier qui entailla chaque plante des pieds de deux ou trois coups de rasoir, lesquels permirent au sang de s'��pancher.
L'enfant fut un mois sans pouvoir marcher et boita deux mois.
Au bout de ces trois mois, le malheur voulut qu'il cassat une soupi��re. Cette fois, comme le n��gociant avait reconnu qu'il y avait prodigalit�� �� endommager la plante des pieds d'un n��gre, les blessures le rendant impropre au travail pendant trois mois, ce fut sur une autre partie du corps qu'il lui appliqua les cent coups.
Les n��gres ont cette partie du corps, que nous ne nommerons pas, fort sensible, �� ce qu'il para?t; la punition fut donc encore plus douloureuse �� l'enfant que la premi��re; si douloureuse, qu'au risque de ce qui
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 61
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.