Napol��on ou de ses pr��d��cesseurs.
--Eh bien! dit l'avocat, je r��fl��chirai.
--Tu r��fl��chiras! Crois-tu qu'il soit si ais�� de rencontrer ensemble une dot d'un million et un mandat de d��put��? R��fl��chir! Crois-tu qu'Oliveira soit en peine de marier sa fille? Je connais un petit duc, malmen�� par les r��volutions et par le lansquenet, qui la ferait volontiers duchesse; mais Oliveira craint de jouer chez son gendre le r?le de p��re aux ��cus, qu'on exploite et dont on rit, et il s'est d��clar�� contre le faubourg Saint-Germain.
--Diable! mon futur beau-p��re ne manque pas de bon sens.
--Tu acceptes donc?
--Est-ce que je puis vous refuser quelque chose, cher oncle?
--Et tu te souviendras toujours que je t'ai mis la d��putation �� la main?
--Jusqu'�� la consommation des si��cles. Mais quel besoin pouvez-vous avoir de moi? N'��tes-vous pas riche, n'��tes-vous pas bien en cour? Que vous reste-t-il �� d��sirer?
--Une mis��re, �� laquelle je ne tiens que pour avoir la paix dans mon m��nage; mais ta tante le veut, et je n'ose rien lui refuser.
--Voyons cette mis��re.
--Une commanderie dans la L��gion d'honneur et la pr��sidence d'une section du conseil d'��tat; ma femme pr��tend que cela fait bien au bas d'une carte.
--Eh bien, cher oncle, ce n'est pas cela qui nous emp��chera d'��pouser Mlle Oliveira aux yeux de saphir. Mais est-ce �� moi de distribuer des croix et de r��gler les rangs au conseil d'��tat?
--Pourquoi non? Tu parles comme un D��mosth��nes et tu sais te faire entendre. Crois-tu que ce soit un m��rite si commun �� la Chambre des d��put��s? Va, va, je connais plus d'un ministre qui serait en peine d'en faire autant. Si tu veux seulement nouer ta cravate avec moins de n��gligence, ne faire aucun geste, n'��tre ��mu de rien, avoir la t��te et les yeux dans la position du soldat sans armes (les yeux �� quinze pas devant toi, la t��te fixe et mobile), ne te permettre aucune plaisanterie, ce qui choque toujours les niais (c'est-��-dire les trois quarts de toutes les Assembl��es), et citer avec respect les divins axiomes de M. Royer-Collard; si �� tous ces m��rites tu ajoutes celui de voter bien, c'est-��-dire tant?t avec la gauche et tant?t avec le centre, suivant les int��r��ts du jour, je te pr��dis la plus brillante fortune. Tu seras premier ministre avant dix ans, et je serai, moi, grand-croix, ce qui fera plaisir �� ma femme et honneur �� la famille.
--Accord��. Laissez-moi seulement le temps de faire restituer �� mon ami Ripainsel un ou deux millions que la communaut�� de P.... a eu l'adresse de se faire l��guer par son oncle: �� mon retour, je vous suivrai chez le p��re Oliveira.
--Que veux-tu dire avec ton Ripainsel?
--Lisez cette lettre.
--Laisse-moi l�� ce Ripainsel, dit l'oncle apr��s avoir lu, et prends l'occasion par son unique cheveu. Viens voir Oliveira; c'est un bon homme qui a fait fortune dans le commerce des bottes perc��es et des vaudevilles ��cul��s, et qui n'en est pas plus fier.
--Il fait des vaudevilles?
--Il n'en fait plus depuis qu'il est homme politique; mais il en a fabriqu��, �� vingt ans, cinq ou six douzaines qui n'��taient, ma foi, ni meilleurs ni pires que tous ceux qu'on applaudit et qu'on siffle. Tu ne connais donc pas ton futur beau-p��re?
--Je ne l'ai jamais vu.--Vous dites qu'il est millionnaire et d��put��, cela me suffit.
--Oh! c'est quelque chose de plus. Tu vas voir un petit homme tout rond, riant, fleuri, bavard, spirituel, inventif, caressant, poli, cordial, empress��, obligeant, indiff��rent �� tout, except�� �� ses int��r��ts, sachant amasser, sachant d��penser, sachant promettre et oublier sa promesse, homme d'affaires qui serait un grand personnage s'il voulait prendre int��r��t �� la politique, sceptique au point de ne pas savoir s'il est baptis�� ou circoncis, honn��te homme au demeurant, autant que peut l'��tre un sp��culateur de profession, et ami des arts comme ces banquiers illustres de Venise et de Florence pour qui peignaient et sculptaient Titien et Michel-Ange. Nous irons chez lui ce soir.
--Ce soir, puisque vous le voulez?, dit l'avocat.
II
Prodomus.
Oliveira les re?ut avec cette politesse aimable et simple qui est la plus utile et la moins provinciale de toutes les vertus. D��j�� les vieux colonels de l'Empire, les po��tes chauves et les jeunes magistrats ��taient assis et jouaient au whist. Oliveira conduisit ses deux h?tes dans un salon particulier rempli de crics malais, d'��p��es du moyen age et de toute la menue ferraille qu'il est convenable d'avoir au-dessus de sa t��te quant on veut fumer un cigare.
?D'o�� vient cette dague florentine? demanda Brancas �� son h?te.
--La poign��e, r��pondit n��gligemment Oliveira, est de Benvenuto Cellini, qui la cisela tout expr��s pour Fran?ois Ier; la lame est du senor Bermudez de Tol��de.
--Quoi? de Bermudez lui-m��me, dit l'avocat d'un air d'admiration.
--Je le crois. Cette dague a son histoire comme un cheval arabe ou comme un prince. M. de Loignac le re?ut d'Henri III et l'enfon?a dans la
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.