Gallatin pense que c'est la seule peuplade qui ait pu
donner lieu au récit des Américains Gallois.]
Le lecteur voit dans cette classification des Algonquins, les Mohicans
et les Chippeouais confondus dans une même race; je leur joindrai les
Outaouais. Ces peuples ne furent séparés que par les Sioux, qui
émigrèrent en masse[14] et chassèrent devant eux cette confédération.
Les hurons et les Iroquois vinrent sans doute comme les Sioux. Ceux-ci
demeurèrent cantonnés sur le vaste territoire qu'ils avaient conquis, et
ils n'eurent guère que les Chippeouais à contenir: des guerres intestines
contribuèrent aussi à les tenir Renfermés chez eux, et à les faire oublier.
Les Iroquois et Les Hurons poursuivirent leur marche victorieuse,
chassant devant eux les peuplades précitées, pour s'étendre jusqu'aux
extrémités où les Français commençaient à paraître.
Raynal rend justice à l'aspect du sol, qui attirait ces conquérans: il rend
hommage à sa richesse. On trouva ces vastes régions couvertes de
forêts et dans l'état de nature: cependant leur aspect était des plus variés,
et le arbres et les plantes, en nombre infini, annonçaient une heureuse
fertilité. Granganimo, Sachem de Roanoake, offre à ses hôtes des
melons, des concombres, et d'autres fruits. La vigne sauvage était
abondante, mais ce n'était qu'une des moindres richesses du pays. O
découvrit un fruit qui pouvait remplacer le pain, et ce trésor ne
demandait que d'être rendu plus abondant par les soins de l'homme.
Sans parler des sauts et des chûtes qui ont excité l'admiration des
voyageurs, les environs du Saint-Laurent étaient dès lors charmans.
Ladauanna était le nom que les naturels donnaient à ce fleuve
majestueux qui coule des grands lacs, immenses réservoirs purs comme
le crystal, et où l'on admire le mirage des nues qui flottent dans l'air,
ainsi que des branches de grands pins qui sont à demi penchés sur Le
sein de la mer. Le Saint-Laurent sort de ces eaux pour aller se jeter dans
celles de l'Ottawa. La jonction de ces deux grandes rivières forme le
plu beau spectacle. D'un côté les eaux impatientes de notre beau fleuve
roulent au-dessus des rocs, et de l'autre la sombre majesté de l'Ottawa
traverse silencieuse d'immenses forêts jusques à la réunion dans la
grande vallée d'Hochelaga.
[Note 14: En admettant cette émigration très probable d'au delà des
Montagnes Rocheuses, on ne croira pas que les Espagnols anéantirent
douze millions d'hommes, comme on l'a supposé.]
Les Sioux et les Iroquois n'avaient pas plutôt jeté les yeux sur cette
terre, que les Européens l'envahirent à main armée. Ils trouvèrent dans
ses possesseurs des peuples sans défiance, doux et agricoles, comme les
habitans de Stadaconé, et le peuple charmant de Roanoake, tant admiré
par chevaliers de la reine Elizabeth. Je ne vois plus ces quelques
barbares de Raynal, hérissés du poil des animaux féroces, mais une race
hospitalière capable de faire honte à l'avar égoïsme de nos nations
civilisées.
Dans le cours de son voyage Verazani rangeant la côte à vue, fut obligé
d'armer sa chaloupe, pour faire de l'eau; mais les vagues étaient dans
une telle fureur qu'elle ne put jamais prendre terre. Cependant, les
sauvages dont la rive était garnie, invitaient par toutes sortes de
démonstrations les Français à s'approcher. Un jeune matelot, bon
nageur, hasarda de se jetter à l'eau. Il n'était plus éloigné que d'une
portée de mousquet, et il n'avait d'eau que jusques à la ceinture, lorsque,
perdant la tête, il se mit à jeter aux sauvages les présens qu'il portait, et
voulut regagner la chaloupe; mais à l'instant même, une vague venant
du large, le jeta sur la côte avec une telle violence, qu'il resta étendu
comme mort sur le sable. Sans forces, sans connaissance, il périssait,
lorsque les indigènes accoururent à lui, et le mirent hors de la portée
des vagues. Il demeura quelque temps évanoui entre leurs bras, reprit
ensuite connaissance, et, saisi de frayeur, il poussa de grands cris,
auxquels ils répondirent par des hurlemens destinés à le rassurer, mais
qui ne firent qu'augmenter son effroi. Ils le firent asseoir au pied d'une
colline, le dos tourné vers le soleil, et allumèrent encore un grand feu. Il
crut que l'on allait l'immoler au soleil, et l'équipage, toujours repoussé
par le vent, le crut aussi. Mais au lieu de lui faire aucun mal, on séchait
ses habits au feu, et on ne l'approchait lui-même qu'autant qu'il fallait
pour le refaire. Il se rassura alors, répondit aux caresses des sauvages,
et réussit à s'en faire comprendre par signes. Après lui avoir rendu ses
habits, et lui avoir fait prendre de la nourriture, ils le tinrent longtems et
étroitement embrassé avant que de lui permettre de se confier à la mer.
Puis ils s'éloignèrent un peu, pour le laisser en liberté. Lorsqu'ils le
virent nager, ils montèrent sur la colline, et ne cessèrent de le suivre des
yeux
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