Biographie des Sagamos illustres de lAmérique Septentrionale (1848) | Page 7

Maximilien Bibaud
Liv. de la Nature).]
[Note 9: Cicéron, De Nat. Deorum.]
Plaçons à la suite quelques aperçus sur les pays qui sont le théâtre des
évènements de cette histoire. Ainsi Raynal décrit l'Amérique: «Les
premiers qui y allèrent fonder des colonies, y trouvèrent d'immenses
forêts. Les gros arbres que la nature y avait poussés jusques aux nues,

étaient embarrassés de plantes rampantes qui en interdisaient l'approche.
Des bêtes féroces rendaient ces forêts inaccessibles. On y rencontrait à
peine quelques sauvages hérissés de poil et de la dépouille de ces
animaux. Les Humains épars se fuyaient, ou ne se cherchaient que pour
se détruire. La terre y semblait inutile à l'homme, et s'occuper moins à
la nourrir qu'à se peupler d'animaux plus dociles aux lois de la nature.
Elle produisait à son gré sans aide et sans maître, elle entassait toutes
ses productions avec une profusion indépendante, ne voulant être riche
et féconde que pour elle-même, non pour l'agrément et la commodité
d'une seule espèce d'êtres. Les fleuves tantôt coulaient librement au
milieu des forêts, tantôt dormaient et s'étendaient tranquillement au sein
de vastes marais d'où, se répandant par diverses issues, ils enchaînaient
des îles dans une multitude de bras. Le printems renaissait des débris de
l'automne. Des troncs creusés par le temps servaient de retraite à
d'innombrables oiseaux. La mer bondissant sur les côtes et dans les
golfes, qu'elle se plaisait à ronger, à créneler, y vomissait par bandes
des monstres amphibies, d'énormes cétacées.... qui venaient se jouer sur
des rives désertes. C'est là que la nature exerçait sa force créatrice en
reproduisant sans cesse ses grandes espèces qu'elle couve dans les
abîmes de l'Océan. La mer et la terre étaient libres. Tout-à-coup,
l'homme parut, (ajoute l'historien des Indes Occidentales), et
l'Amérique se couvrit de Cités.»
Qui ne lit que ce tableau un peu pédant, ne sait pas assez. Sans rappeler
que les Espagnols trouvèrent ailleurs le florissant empire péruvien et les
fiers Incas, nos plages septentrionales, où l'on voyait le royaume du
Mexique, n'étaient pas non plus si désertes, ni leurs habitans si féroces.
Six familles principales occupaient les pays qu'occupèrent depuis les
Anglais et les Français. Les savans les ont classées comme suit: La
famille Canadoise, qui disparut bientôt après l'arrivée des Européens.
La famille Mobile-Natchez ou de Floride, qui comprenait un grand
nombre de peuplades. Les Chickasas, les Choctas, et les Seminoles,
font encore partie de cette confédération, avec les Muscogules qui,
selon M. Gallatin, offriraient la plus grande confédération sur le
territoire des États-Unis. Elle occupe les fertiles vallées de l'Alabama et
de la Géorgie. La famille Gaspésienne, fort nombreuse au temps de la
découverte. Il paraît que C'est à une tribu de cette famille qui habitait

sur la rive droite du Saint-Laurent, que l'on doit attribuer tout ce qui a
été dit des sauvages que l'on y vit, si remarquables par leurs moeurs
policées et le culte qu'ils rendaient au soleil. Ils connaissaient quelques
étoiles[10] et traçaient d'assez bonnes cartes de leur pays. Grand
nombre vénéraient la croix avant l'arrivée des Français, et conservaient
une tradition curieuse sur un homme d'un caractère sacré, qui leur
apporta ce signe, et les délivra d'une terrible épidémie. Je pense avec
Malte-Brun que ce devait être l'évêque du Groënland. La famille
nommée par Vater, Chippeouai-Delaware ou Algonquino-Mohicans
comprenant les Algonquins, peuple qui fut quelque temps la terreur des
Iroquois, les Chaouanis, les Mohicans, les Saukis et les Outagamis. La
famille dite Mohweke-Huronne, composée des Hurons et des Iroquois.
Ces deux peuples, qui eurent une même origine, se formèrent en
république. Ils se séparèrent vers la fin du seizième siècle. Les Iroquois
formèrent alors les Cinq Cantons, qui ressemblaient à la république des
Suisses[11], et ils se montrèrent encore plus remuans. La famille
Sioux-Osage, à laquelle se rattachaient un grand nombre de peuples qui
ne s'isolèrent que peu à peu. Les principaux étaient les Sioux ou
Dacotahs, les Assiniboins, qui s'allièrent avec les Chippeouais, les
Omahas[12] et les Mandans, peuplade remarquable par la blancheur de
ses individus[13]. On peut encore comprendre dans cette famille les
Ouassas, peuple doux et de bon sens. Comme les Romains au temps de
Romulus, ils commençaient leur année vers l'équinoxe du printems. Ils
ne connaissaient point de semaines, non plus que la plupart des
Américains, et ne comptaient les jours que par sommeils ou nuits,
comme les Anglo-Saxons.
[Note 10: Je ferai assez voir par des exemples que D. Ulloa a eu tort
d'assurer dans ses «Mémoires Philosophiques» que les Américains ne
comptaient point par lunes.]
[Note 11: On se souvient encore du trouble que les anciens Helvétiens
causèrent aux Romains et aux peuples qui avoisinaient leur petit
territoire.]
[Note 12: Ce peuple a des noms particuliers pour désigner l'étoile
polaire. Vénus, la Grande Ourse, les Pleyades, la Voie Lactée et la

Ceinture de l'Orion, etc.]
[Note 13: M.
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