Americanæ» d'anciens
manuscrits qui peuvent fixer ces découvertes, si tant est que l'on doive
s'en rapporter à eux.]
[Note 3: On l'attribue à Eric-le-Rouge.]
Il est vrai que les Groënlandais ressemblent parfaitement aux
Esquimaux, et c'est ce qui a fait conclure que ceux-ci en sont une
branche. Cependant le docteur Powell, dans sa chronique du Pays de
Galles, assure que vers la fin du douzième siècle, Madoc, prince de ce
petit état, fatigué de la guerre que se fesaient ses frères, au sujet de la
succession de leur père, Ownen-Gwinned, abandonna la querelle et alla
à la recherche de nouvelles terres. Il aurait découvert du côté de l'ouest,
une contrée fertile, où il aurait laissé une colonie. Il fit voile une
seconde fois, dit la légende, et ne reparut plus. On a pensé que ce
Madoc pourrait bien être plutôt le père des Esquimaux et la singulière
facilité avec laquelle cette famille entend le langage gallois rent moins
invraisemblable cette riante hypothèse, qui a inspiré à Southey, l'émule
de lord Byron, des vers si enchanteurs.
On a cherché une autre tige aux Hurons et aux Iroquois. Quelques
coutumes des Lyciens ont amené le P. Lafitau à conjecturer que ces
deux familles pouvaient tirer leur origine de cet ancien peuple. Les
Lyciens s'étant amollis, les femmes établirent leur autorité par une loi
immuable[4]. Depuis ce temps, ces peuples s'étaient faits à cette forme
de gouvernement gynécocratique, et la trouvaient la plus douce et la
plus commode. Les reines avaient un conseil de vieillards qui les
assistaient de leurs avis. Les hommes proposaient les lois, mais les
femmes les fesaient exécuter. Si une femme de la noblesse épousait un
plébéïen, ses enfans étaient nobles[5], plébéïens, au contraire, si un
noble s'alliait à une plébéïenne.
[Note 4: Les Lyciennes eurent des imitatrices. «Les femmes de Lemnos,
dit Mela, ayant toutes tué leurs maris régnèrent en souveraines dans
cette île.» Hypsipile ayant voulu épargner le sien, elle fut vendue à des
pyrates. Eustharte, d'après Denys Périégète, nous apprends que les
femmes de l'île Man, en Bretagne, en chassèrent les hommes. Enfin, les
Amazones ont occupé les savans.]
[Note 5: Partus sequitur ventrem.]
Chez les Iroquois, les femmes jouissaient aussi en quelque sorte de la
supériorité. Les enfans suivaient la caste de leur mère. Le pays, les
champs, les moissons étaient confiés aux soins des femmes, qui
réglaient aussi les alliances[6].
[Note 6: Il n'est aucune peuplade de sauvages chez laquelle le sexe
jouisse d'un sort plus doux qu'au Canada. Peut-être même la
considération dont il y est en possession, aurait-elle quelque chose
d'extraordinaire dans notre Europe policée. A proprement parler, elles
(les femmes) y ordonnent. Après avoir délibéré entre elles, sur les
objets les plus importans du gouvernement de la nation, elles envoient
au conseil des hommes, où leur voix est presque toujours
prépondérante. (EMMANUEL KANT, Traité du Sublime et du beau)]
Pour dire quelque chose de plus général sur la première habitation de
notre continent, D. Ulloa[7] croit à peine, dit M. Lefebvre de
Villebrune, que le Nord-Est de l'Asie ait pu fournir des habitans à
l'Amérique. Les voyages du célèbre Cook, et la fuite d'une colonie
sauvage américaine qui, pour éviter sa destruction totale, se sauva sur le
continent asiatique, prouvent qu'il est mal fondé dans son opinion. Le
passage est aujourd'hui connu. Il l'était même des anciens, si l'on peut
s'en rapporter à Pline, à qui l'on rend avec raison plus de justice que par
le passé. Ses prétendues fables deviendront peu à peu des vérités
certaines. Ce qui me donne à penser que, s'il ne faut pas croire sans
preuves, il ne faut pas non plus rejetter légèrement. Cet habile
naturaliste nous dit donc qu'il avait paru dans les mers de la Germanie
des vaisseaux venus des Indes par le Nord. Pourquoi, ajoute-t-on, ces
vaisseaux n'auraient-ils pu faire ce voyage, puisque dans le dixième et
l'onzième siècle, les habitans du Nord allaient par mer en Amérique, et
en revenaient sans s'égarer? L'hypothèse de la population de l'Amérique
par l'Asie est encore celle qui sourit le plus au corps des théologiens[8].
Malgré sa probabilité, je n'ai voulu que rapporter les opinions des
savans, sans me prononcer ouvertement sur aucune; mieux vaut
peut-être imiter la modestie d'un ancien, qui a dit: «Quam bellum est
velle confiteri potius nescire quod nescias[9].»
[Note 7: Lieutenant-général des armées navales de l'Espagne, membre
des sociétés royales de Londres, de Madrid et de Stockholm. Il raisonne
sur le sujet en fanatique plutôt qu'en savant.]
[Note 8: «I faut remarquer que l'Amérique n'est séparée de l'Asie au
Nord que par le Détroit de Bérhing, qui est souvent entièrement pris par
la glace, et permet aux ours d'Amérique de passer en Asie. Ce fait
explique comment l'Amérique a pu être peuplée au moyen de colonies
errantes dans le nord de l'Asie»--(DESDOUITS,
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