Le sort déplorable qui semble réservé à la plupart des tribus, prête à
cette histoire un intérêt d'un autre genre: aussi longtemps qu'il en
restera une seule sur ce vaste continent, elle sera méprisée et
pourchassée; mais la dernière famille n'aura pas plutôt disparu, que les
sentimens des hommes seront changés. Le philosophe regrettera de ne
pouvoir converser avec une race d'hommes qu'il jugera la plus
intéressante du globe; et le dessinateur, de ne pouvoir nous retracer des
traits qui se sont effacés dans l'oubli. Adam Kidd a chanté en vers «le
Chef Huron.» On offre maintenant une histoire; mais la nature l'a faite
riche de la poésie des choses.
PREMIÈRE PARTIE
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INTRODUCTION
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Les anciens historiens font mention d'un grand nombre de peuples qui
avaient habité une partie de l'ancien monde, et qui disparurent ce qui
donna lieu de croire qu'ils n'existaient plus, qu'ils s'étaient éteints,
comme Pline le jeune le suppose. La découverte du nouveau monde
reproduit ces nations: il resterait à fixer leur origine étudiée par les
Grotiue, les Lafitau, les Robertson, les Malte-Brun, les Chneider, et
autres savans.
Grotiue prétend, non sans raisons, que des peuples qui habitèrent
l'Amérique durent venir, en grande partie, de la Tartarie et de la Scytie.
En effet, la ressemblance évidente de moeurs entre quelques peuples du
nouveau monde et des anciens Scythes et Tartares, appuie fortement ce
savant, et Pline nous assure qu'une grande partie de la nation scythe
abandonna autrefois sa demeure en Asie, fuyant la cruauté de ses
ennemis. Et pour les Tartares, le livre des Transactions de la Société
Littéraire et Historique, que j'ai sous la main, suppose une invasion de
ces peuples qui aurait trouvé un libre cours par le Kamschatka: elle
aurait laissé des traces de forteresses entre le lac Ontario et le golfe du
Mexique. Les huttes, les mariages, les sépultures des Tartares, comme
nous les dépeignent MM. Pallas et Gmelin, de la société impériale de
St. Pétersbourg, se retrouvent à la lettre en Amérique, comme aussi le
culte du soleil et de la lune.
D'autres savans pensent que le continent américain n'était pas inconnu
aux Carthaginois, aux anciens Scandinaves et aux Gallois. Hanon[1]
aurait visité une partie de l'Amérique cinq cents ou milles ans, comme
l'on voudra, avant notre ère, car les chronologues sont partagés sur
l'époque à laquelle il faut placer le périple de ce navigateur.
[Note 1: C'est l'opinion de l'historien de la Nouvelle-Ecosse.]
Quoique la connaissance de notre hémisphère ait été justement attribué
aux scandinaves, leurs premières découvertes ne sont pas bien
connues[2], et la plus ancienne qu'ils aient faite, sans que l'on en puisse
douter, est celle du Groënland, en 970 [3]. C'est postérieurement à cette
découverte qu'il faut placer le voyage de Leif. «Cet homme, fils
d'Eric-Raude, nous dit M. Reinhold Forster, équipe un vaisseau, prent
avec lui Biorn, fils d'un islandais herjolf. Il part avec trente hommes
pour aller à la découverte. Ils arrivent dans un pays pierreux, stérile,
qu'ils appellent Helleland: un autre où ils découvrent des bois est
appelé Markland. Deux jours plus tard, ils voient un nouveau payse, et
à sa partie septentrionale, une île où il y avait un fleuve qu'ils remontent.
Les buissons portaient des baies d'une saveur douce. Enfin, ils arrivent
à un lac d'où le fleuve sortait. Dans les plus courts jours' ils n'y virent le
soleil que huit heures sur l'horizon. Ce pays devait donc être situé au
49e degré latitude septentrionale, au sud du Groënland, et ainsi, la baie
des Exploits ou une autre côte de la rivière St. Laurent. Leif appella ce
pays Vinland, parce qu'il y trouva du raisin. Le printems suivant, il
retourna au Groënland. Thowald, frère de Leif, revint dans le Vinland,
et il y mourut des blessures qu'il reçut dans un combat contre les
naturels. Thorstin, troisième fils d'Eric-Raude, vint la même année,
avec sa femme, ses enfans et ses domestiques, en tout vingt-cinq
personnes. Il mourut, et sa veuve épousa un illustre Islandais qui mena
soixante-cinq hommes te cinq femmes, et fonda une colonie. Il
commença à trafiquer avec les Skallingers, habitans du lieu, ainsi
appelés à cause le leur petite taille. Ce sont sans doute les Esquimaux,
même race que ceux du Groënland. Les descendans de ces Normands,
qui se fixèrent en Amérique, s'y sont maintenus longtems, bien que
depuis le voyage de l'évêque Islandais--Eric, en 1121, on n'en ait plus
ouï parler.» M. Filson appuie cette légende, et il ajoute que des troubles
survenus en Danemark firent oublier le Vinland. Voyons les annales du
Nord: j'y trouve qu'en effet, environ ce temps, le prince Magnus prit
part aux troubles qui agitaient la Suède, et qui s'étendirent au Danemark
et à la Norwége.
[Note 2: La Société des Antiquaires du Nord vient de publier à
Copenhague, sous ce titre «Antiquitates
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