�� voir son p��re bondir; il n'en fut rien; le vieillard ne broncha pas, alors la jeune fille ajouta:
--Quelques instants apr��s, Mme Bakounine me l'a pr��sent�� comme un excellent valseur et j'ai dans�� avec lui... puis, je suis retourn��e tous les dimanches soir chez Mme Bakounine et je l'ai toujours retrouv��... de plus en plus aimable... de plus en plus galant... si bien que je n'ai pas ��t�� surprise quand il y a huit jours Mme Bakounine m'a dit qu'il m'aimait... qu'il l'avait charg��e de me le dire et de savoir s'il pouvait esp��rer que... alors j'ai embrass�� cette bonne Mme Bakounine; elle a compris et il a ��t�� convenu qu'elle l'accompagnerait aujourd'hui pour faire sa demande officielle...
[Illustration]
Et elle ajouta, apr��s une courte pause:
--Il a un peu de fortune... il est diplomate et il s'appelle Gontran de Flammermont.
A ce nom, le vieillard tressauta et, saisissant les mains de sa fille, il s'��cria:
--Flammermont! as-tu dit... tu viens de prononcer le nom de Flammermont?
--Mais oui, mon p��re, r��pondit la jeune fille toute saisie, il s'appelle de Flammermont, il m'aime et il devait venir aujourd'hui m��me vous demander ma main.
Le vieillard se dressa tout d'une pi��ce et arpenta f��brilement son cabinet.
--Flammermont ici! murmura-t-il en levant les bras au ciel, Flammermont qui t'aime et veut devenir mon gendre!... Ah! je n'esp��rais pas un bonheur si grand...
S��l��na ouvrait de grands yeux.
--Vous le connaissez donc, mon p��re? balbutia-t-elle toute surprise.
--Comment, si je le connais!... exclama le vieillard... mais qui donc dans le monde des sciences ne conna?t Flammermont, ce savant Fran?ais dont les d��couvertes ont fait faire �� l'��tude de l'astronomie de si ��tonnants progr��s... mais j'ai l��, dans ma biblioth��que, tous ses ouvrages, je les ai lus, relus et relus... je les sais par coeur... Ah! c'est un homme bien ��tonnant... bien ��tonnant...
La jeune fille regardait son p��re d'un air ��pouvant��.
--Mais il confond, murmura-t-elle, sans doute y a-t-il un savant fran?ais qui porte ce nom; mais Gontran n'est que diplomate... il ne conna?t pas un mot de sciences et encore bien moins d'astronomie.
Et tout de suite la v��rit�� lui apparut; le vieillard n'avait pas ��cout�� une syllabe de toutes les explications qu'elle lui avait donn��es; quelque probl��me astronomique avait sans doute sollicit�� son esprit et seul le nom de Flammermont, le dernier mot prononc�� par S��l��na, avait pu attirer son attention.
Et comme la jeune fille ouvrait la bouche pour tirer son p��re de l'erreur dans laquelle l'avait fait tomber la distraction dont il ��tait coutumier, la cloche ��lectrique de la porte d'entr��e r��sonna, annon?ant un visiteur.
--C'est lui, murmura S��l��na toute rose d'��motion.
--C'est lui, r��p��ta radieusement Mickha?l Ossipoff.
Puis aussit?t jetant un coup d'oeil sur ses v��tements tach��s, d��chir��s, br?l��s, il ajouta:
--Je ne puis le recevoir d��cemment comme cela... ma ch��re enfant, tiens-lui compagnie, le temps que je vais changer de v��tements.
Et, sans attendre la r��ponse, il souleva une tenture et disparut.
Au m��me instant Wassili ouvrit la porte et annon?a:
--Monsieur le comte Gontran de Flammermont.
Puis s'effa?ant, il livra passage �� un jeune homme paraissant de vingt-cinq �� vingt-six ans, d'une taille ��l��gante, bien moul��e dans une redingote de coupe irr��prochable, portant haut la t��te, le visage coup�� transversalement par de grandes moustaches rousses, d'allure militaire, et surmontant une bouche au dessin spirituel et railleur; les yeux bruns, un peu petits, mais brillant d'un vif ��clat, s'ouvraient sous des sourcils touffus et se rejoignaient �� la naissance du nez comme deux sabres recourb��s; le front grand et pur ��tait encadr�� dans une for��t de cheveux coup��s en brosse et de m��me couleur que les moustaches.
--Mademoiselle, dit-il en s'inclinant bien bas et en enveloppant la jeune fille d'un regard plein d'amour, Mme Bakounine s'��tant subitement trouv��e indispos��e, n'a pu m'accompagner; n��anmoins, voyant combien grande ��tait mon impatience de conna?tre mon sort, elle m'a engag�� �� venir, en m'assurant que vous seriez assez aimable pour me pr��senter �� monsieur votre p��re... alors, malgr�� le caract��re un peu irr��gulier de cette d��marche...
S��l��na sourit finement et r��pondit en rougissant un peu:
--En effet, ce n'est peut-��tre pas tr��s... tr��s diplomate... mais enfin, il y a cas de force majeure.
Et elle ajouta, tr��s gracieuse, en d��signant un si��ge au jeune homme:
--Vous excuserez mon p��re, monsieur, il vient de me quitter �� l'instant pour changer ses v��tements de laboratoire contre un costume plus convenable.
Puis aussit?t, se rapprochant du comte de Flammermont:
--Ah! monsieur, dit-elle �� voix basse, si vous saviez...
[Illustration]
[Illustration]
Tout de suite il s'inqui��ta et demanda:
--Qu'arrive-t-il?
Comme elle allait r��pondre, M. Ossipoff parut, grotesquement accoutr�� d'un habit noir d��mod�� d��couvrant une chemise toute froiss��e et salie par les travaux du laboratoire et autour du col de laquelle, une cravate blanche frip��e ��tait nou��e comme une ficelle.
Les mains tendues, il s'avan?a au-devant du jeune homme qui lui aussi se pr��cipita.
--Excusez-moi, monsieur, dit le comte de Flammermont, de venir troubler ainsi dans ses travaux et ses ��tudes l'homme de
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