g��nie auquel la Russie et le monde entier doivent tant de belles et grandes d��couvertes.
--Vous ��tes tout excus��, monsieur, r��pondit Ossipoff, car c'est un grand bonheur pour moi que de serrer les mains de l'auteur des Continents du Ciel et de l'Astronomie du Peuple...
Gontran, tout interloqu��, regarda le vieillard en ��carquillant les yeux, puis son regard glissa jusqu'�� S��l��na et sa surprise s'accrut encore en apercevant la jeune fille, un doigt plac�� sur la bouche.
M. Ossipoff remarqua l'attitude du jeune homme et r��pliqua:
--Vous paraissez surpris... mais, mon cher monsieur, la Russie n'est pas un pays de sauvages... nous nous occupons du mouvement scientifique des autres nations et, en ce qui vous concerne personnellement...
Il le prit sans fa?on par la main et, l'entra?nant devant l'une des immenses vitrines qui couraient le long du mur, montrant leurs tablettes surcharg��es de bouquins:
--Tenez, dit-il, en lui d��signant du doigt d'��normes in-folio, reli��s en maroquin et sur le dos desquels brillaient des inscriptions en lettres dor��es, vous voyez que vous avez la place d'honneur.
Gontran ��tait atterr��, car un regard jet�� sur ces volumes venait de lui faire comprendre la confusion dont le vieillard ��tait victime: c'��taient les Continents du ciel, l'Astronomie du peuple, les Mondes plan��taires, l'Atmosph��re Terrestre, tous ouvrages dus �� la plume du c��l��bre astronome fran?ais Flammermont.
[Illustration]
Mickha?l Ossipoff s'imaginait avoir affaire �� l'auteur de ces remarquables travaux, alors que lui, Gontran de Flammermont, comte par naissance et diplomate par d��soeuvrement, ha?ssait de toutes ses forces tout ce qui ressemblait �� la science. Les seuls mots ?d'��quation du premier degr��?, de ?polyn?me?, de ?bissectrice? lui donnaient la migraine, et voil�� qu'il ��tait confondu avec l'un des savants qui sont l'honneur de son pays!
En v��rit�� le hasard faisait bien les choses!
Et tout de suite, il comprit combien ses projets matrimoniaux avaient de chances d'��chouer, maintenant que le vieillard croyait que l'homme qui aspirait �� la main de sa fille ��tait comme lui un savant, comme lui un ��tre naviguant dans l'infini, habitant plus les astres que la terre, s'int��ressant davantage aux volcans de la lune et aux taches du soleil, qu'aux grandes mar��es et aux ��ruptions volcaniques de notre pauvre plan��te.
Cependant, d'un naturel plein de franchise et de droiture, il ne put se d��cider �� entretenir l'erreur du savant et il lui dit:
--Je ne sais, monsieur Ossipoff, qui a pu causer votre erreur; mais je dois vous avouer humblement que je ne suis pas celui que vous croyez.
Comme par enchantement l'attitude du vieillard changea.
--Que m'as-tu donc dit? demanda-t-il en s'adressant �� S��l��na d'un ton rogue, ne m'as-tu pas racont�� que monsieur s'appelait Flammermont?
--Effectivement, mon cher p��re, r��pondit la jeune fille, mais je ne vous ai point dit que monsieur f?t le savant que vous croyez.
Aussit?t, le vieillard s'��carta et se redressant d'un air soup?onneux:
--Alors, fit-il s��chement, que vient faire ici monsieur?
Le comte se tourna vers S��l��na.
--Je croyais, murmura-t-il, que mademoiselle votre fille vous avait expliqu��...
S��l��na prit la parole.
--Je vous ai dit, mon p��re, que M. de Flammermont m'aimait et qu'il venait aujourd'hui vous demander ma main.
Et voyant les sourcils contract��s et l'attitude hostile du vieillard elle ajouta pour l'amadouer un peu:
--Du reste, Mme Bakounine et moi n'avons encourag�� monsieur �� faire aupr��s de vous une semblable d��marche, que lorsque nous avons su que vous et lui ��tes en communion d'id��es.
Le visage d'Ossipoff se d��rida un peu.
[Illustration]
Celui de Gontran refl��ta l'��tonnement le plus profond.
--Oui, poursuivit S��l��na en adressant au jeune homme un regard d'intelligence, monsieur le comte est plus qu'un ami des sciences; c'est un fervent adepte que ne laisse indiff��rent aucun des grands progr��s qui int��ressent notre ��poque... En dehors de la carri��re diplomatique qu'il a d? suivre, il a continu�� �� s'occuper d'astronomie, de chimie et de physique et de bien d'autres choses encore...
M. de Flammermont regarda la jeune fille d'un air effar��.
Le vieux savant, lui, fixa sur le jeune homme des regards subitement adoucis.
--Vous ��tes le bienvenu dans mon logis, monsieur, donnez-vous la peine de vous asseoir.
Et indiquant un si��ge au visiteur, il s'enfon?a dans son fauteuil, tandis que, par une manoeuvre habile, S��l��na se pla?ait sur un pouf de tapisserie, juste derri��re la chaise de Gontran.
[Illustration]
Une fois install��e, �� moiti�� noy��e dans la demi-obscurit�� qui r��gnait dans la pi��ce, elle se pencha un peu et murmura:
--Ne craignez rien, laissez parler mon p��re et comptez sur moi.
Le jeune homme, un peu rassur�� par ces mots, se pr��para �� faire bonne contenance et �� soutenir du mieux qu'il pourrait l'assaut qu'il pr��voyait.
--Vous ��tes sans doute parent de l'auteur des Continents c��lestes? demanda M. Ossipoff apr��s un instant.
Gontran, qui s'attendait �� voir tout d'abord la conversation s'engager sur sa demande en mariage, r��pondit �� tout hasard:
--Effectivement.
Aussit?t, le vieillard, comme int��ress�� au plus haut point par cette r��ponse, roula son fauteuil tout pr��s de celui du jeune homme.
--Et vous vivez sans doute beaucoup dans sa soci��t��?
--Autant
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