n'est pas pour me procurer le plaisir de d��truire quoi que ce soit... le but que je poursuis est plus noble, plus grandiose, plus digne de Mickha?l Ossipoff, membre de l'Institut des sciences de Saint-P��tersbourg et du Vozdouhoplavatel.
Ce disant, il s'��tait redress�� de toute la hauteur de sa petite taille et il semblait que son attitude se f?t ennoblie.
[Illustration]
Puis soudain s'attendrissant, il s'approcha de S��l��na, lui prit les mains et, l'attirant sur sa poitrine, l'y tint serr��e quelques instants.
--Ch��re fille, dit-il enfin, tu sais bien qu'Elle et toi vous ��tes toute ma vie; Elle occupe toute ma pens��e et toi tu remplis tout mon coeur... et souvent, la nuit, dans mes r��ves, je te vois, toi, belle et chaste comme la Vierge, ton gracieux visage nimb�� d'or, ainsi que celui d'une sainte, par son disque lumineux.
--Mon p��re... murmura la jeune fille tout ��mue.
--Ah! je suis bien heureux, aujourd'hui... ajouta-t-il, bien heureux, et je veux te faire partager mon bonheur...
Il d��noua son ��treinte et, subitement pensif, vint s'asseoir dans un fauteuil de cuir, pr��s du po��le, o�� il demeura, la t��te baiss��e, laissant filtrer sous ses paupi��res mi-baiss��es un regard vague, tandis que ses l��vres balbutiaient des paroles muettes.
--S��l��na, dit-il tout �� coup en fixant sa fille debout devant lui, immobile et surprise, S��l��na, il faut que je t'avoue quelque chose.
--A moi, mon p��re! murmura la jeune fille qui se troubla aussit?t.
--Oui, fillette, tu es grande aujourd'hui et je veux te mettre enfin au courant d'un projet que je caresse depuis longtemps.
[Illustration]
Le trouble de S��l��na augmenta; ses joues se color��rent d'une subite rougeur et ses longs cils soyeux vivement abaiss��s mirent une ombre sur sa peau mate et pale.
Puis, comme, son p��re ouvrait la bouche pour continuer, la jeune fille, dans un geste de gracieuse calinerie, pla?a sa main sur les l��vres du vieillard.
--Moi aussi, mon p��re, balbutia-t-elle, j'ai quelque chose �� vous dire.
Surpris, il la regarda.
--Un secret! toi aussi? dit-il.
De la t��te, elle fit signe que oui.
--Ah bah!... et de quoi s'agit-il?
Sans r��pondre, la jeune fille vint s'asseoir sur les genoux de Mickha?l Ossipoff, passa son bras autour de son cou, appuya sa t��te sur l'��paule du vieillard et murmura tout bas, bien bas, comme honteuse:
--J'aime.
Ce seul mot fit tressaillir le vieillard.
--Tu aimes!... grommela-t-il, tu aimes! Qu'est-ce que cela veut dire?
Alors, tr��s vite, les yeux fix��s �� terre, la jeune fille r��pondit:
--Vous savez, mon petit p��re, que je vais tous les jeudis et tous les dimanches, entendre la messe �� Notre-Dame de Kazan... or, il y a deux mois environ, comme je me relevais apr��s m'��tre agenouill��e pour l'��l��vation, mon pied se prit dans ma robe et je serais tomb��e assur��ment si, par le plus grand des hasards, un jeune homme ne s'��tait trouv�� l�� et ne m'avait soutenue par le bras...
[Illustration]
Elle s'arr��ta un moment pour reprendre haleine et attendant une parole d'encouragement.
Mais son p��re gardant le silence, elle continua:
--Depuis ce jour, tous les jeudis et tous les dimanches, je l'ai revu, ce jeune homme, accoud�� au m��me pilier, ne me quittant pas des yeux tout le temps que durait la messe, me regardant avec beaucoup de respect... et aussi avec... comment dirais-je?... enfin, d'une mani��re qui me g��nait et me faisait plaisir en m��me temps... puis, un jour, �� la sortie de Notre-Dame, je l'ai trouv�� pr��s du b��nitier, me tendant de l'eau b��nite... mes doigts ont effleur�� les siens et, je ne sais pas pourquoi, tout �� coup je me suis mise �� trembler... mais tellement que j'ai d? prendre le bras de Maria P��trowna pour revenir �� la maison.
[Illustration]
De nouveau elle se tut et jeta �� la d��rob��e un regard sur son p��re qui continuait �� l'��couter en silence, sans que sur son visage immobile par?t la moindre marque d'approbation ou de d��sapprobation.
[Illustration]
Enhardie par l'attitude m��me du vieillard, S��l��na poursuivit:
--Quelques jours apr��s, Maria P��trowna m'a fait remarquer, au moment o�� nous approchions de la maison, qu'un homme nous suivait depuis la sortie de Notre-Dame de Kazan... sans le voir, je devinai que c'��tait lui et je ne me retournai pas, tellement j'avais peur de lui montrer mon trouble... cependant, comme Wassili venait d'ouvrir la porte, je n'ai pas pu r��sister, j'ai inclin�� la t��te, un tout petit peu, et je l'ai vu �� quinze pas en arri��re, arr��t�� au coin de la rue, les yeux fix��s sur moi... c'��tait un jeudi, je me le rappelle, et le dimanche suivant, il y avait une sauterie chez Mme Bakounine,--m��me vous n'aviez pas pu m'accompagner parce qu'il y avait ce soir-l��, �� l'Observatoire, une grande r��union de savants �� propos d'une ��clipse de... de... de je ne sais plus quoi,--et voil�� qu'en entrant dans le salon de Mme Bakounine, la premi��re personne que j'aper?us... c'��tait lui, accoud�� �� une fen��tre, et qui me regardait en souriant...
[Illustration]
S��l��na s'arr��ta, toute tremblante, s'attendant
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