Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. I | Page 8

Charles Dickens
ce man��ge.
Le vin fut bu, et l'on en demanda d'autre: le visiteur parla, les pickwickiens ��cout��rent; M. Tupman se sentait �� chaque instant plus de disposition pour le bal; la figure de M. Pickwick brillait d'une expression de philanthropie universelle; MM. Winkle et Snodgrass ��taient tomb��s dans un profond sommeil.
?Ils commencent l�� haut, dit l'��tranger; ��coutez, on accorde les violons, maintenant la harpe; les voil�� partis.?
En effet, les sons vari��s qui descendaient le long de l'escalier annon?aient le commencement du premier quadrille.
?J'aimerais beaucoup aller �� ce bal, r��p��ta M. Tupman.
--Moi aussi; maudit bagage; bateau en retard: rien �� mettre; dr?le, hein??
Une bienveillance g��n��rale ��tait le trait caract��ristique des pickwickiens, et M. Tupman en ��tait dou�� plus qu'aucun autre. En feuilletant les proc��s-verbaux du club, on est ��tonn�� de voir combien de fois cet excellent homme envoya chez les autres membres de l'Association les infortun��s qui s'adressaient �� lui, pour en obtenir de vieux v��tements ou des secours p��cuniaires.
?Je serais heureux de vous pr��ter un habit pour cette occasion, dit-il �� l'��tranger; mais vous ��tes assez mince, et je suis...
--Assez gros. Bacchus sur le retour, descendu de son tonneau, les pampres au diable, portant des culottes. Ah! ah! Passez le vin.?
Nous ne saurions dire si M. Tupman fut indign�� du ton p��remptoire avec lequel l'��tranger l'engageait �� passer le vin, qui passait en effet si vite par son gosier, ou s'il ��tait justement scandalis�� de voir un membre influent de Pickwick-Club compar�� ignominieusement �� un Bacchus d��mont��; mais, apr��s avoir pass�� le vin, il toussa deux fois et regarda l'��tranger, durant quelques secondes, avec une fixit�� s��v��re. Cependant, cet individu ��tant demeur�� parfaitement calme et serein sous son regard scrutateur, il en diminua par degr��s l'intensit�� et recommen?a �� parler du bal.
?J'��tais sur le point d'observer, monsieur, lui dit-il, que si mes v��tements doivent vous ��tre trop larges, ceux de mon ami, M. Winkle, pourraient peut-��tre vous aller mieux.?
L'��tranger prit d'un coup d'oeil la mesure de M. Winkle et s'��cria avec satisfaction: ?Justement ce qu'il me faut!?
M. Tupman regarda autour de lui. Le vin, qui avait exerc�� son influence somnif��re sur MM. Snodgrass et Winkle, avait aussi appesanti les sens de M. Pickwick. Ce gentleman avait parcouru successivement les diverses phases qui pr��c��dent la l��thargie produite par le d?ner et par le vin. Il avait subi les phases ordinaires depuis l'exc��s de la gaiet�� jusqu'�� l'ab?me de la tristesse. Comme un bec de gaz, dans une rue, lorsque le vent a p��n��tr�� dans le tuyau, il avait d��ploy�� par moments, une clart�� extraordinaire, puis il ��tait tomb�� si bas qu'on pouvait �� peine l'apercevoir; apr��s un court intervalle il avait fait jaillir de nouveau une ��blouissante lumi��re, puis il avait oscill�� rapidement, et il s'��tait ��teint tout �� fait. Sa t��te ��tait pench��e sur sa poitrine, et un ronflement perp��tuel, accompagn�� parfois d'un sourd grognement, ��taient les seules preuves auriculaires qui pussent attester encore la pr��sence de ce grand homme.
M. Tupman ��tait violemment tent�� d'aller au bal, pour porter son jugement sur les beaut��s du comt�� de Kent; il ��tait ��galement tent�� d'emmener avec lui l'��tranger; car il l'entendait parler des habitants et de la ville comme s'il y avait v��cu depuis sa naissance, tandis que lui-m��me se trouvait enti��rement d��pays��. M. Winkle dormait profond��ment, et M. Tupman avait assez d'exp��rience de l'��tat o�� il le voyait pour savoir que, suivant le cours ordinaire de la nature, son ami ne songerait point �� autre chose, en s'��veillant, qu'�� se tra?ner pesamment vers son lit. Cependant il restait encore dans l'ind��cision.
?Remplissez votre verre, et passez le vin;? dit l'infatigable visiteur.
M. Tupman fit comme il lui ��tait demand��, et le stimulant additionnel du dernier verre le d��termina.
?La chambre �� coucher de Winkle, dit-il �� l'��tranger, ouvre dans la mienne; si je l'��veillais maintenant je ne pourrais pas lui faire comprendre ce que je d��sire: mais je sais qu'il a un costume complet dans son sac de nuit. Supposez que vous le mettiez pour aller au bal et que vous l'?tiez en rentrant, je pourrais le replacer facilement, sans d��ranger notre ami le moins du monde.
--Admirable! r��pondit l'��tranger; fameux plan! Damn��e position, bizarre, quatorze habits dans ma malle et oblig�� de mettre celui d'un autre. Tr��s-dr?le! vraiment.
--Il faut prendre nos billets, dit M. Tupman.
--Pas la peine de changer une guin��e. Jouons qui payera les deux, jetez une pi��ce en l'air, moi je nomme, allez. Femme, femme, femme enchanteresse! et le souverain ��tant tomb�� laissa voir sur sa face sup��rieure le dragon, appel�� par courtoisie, une femme. Condamn�� par le sort, M. Tupman tira la sonnette, prit les billets et demanda de la lumi��re. Au bout d'un quart d'heure l'��tranger ��tait compl��tement par�� des d��pouilles de M. Nathaniel Winkle.
--C'est un habit neuf, dit M. Tupman, tandis que l'��tranger se mirait avec complaisance: c'est le premier
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 188
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.