vous voulez.
--Convient parfaitement; cinq heures pr��cises, jusqu'alors prenez soin de vous.?
Ainsi parla l'��tranger, et il souleva de quelques pouces son chapeau �� bords retrouss��s, le repla?a n��gligemment sur le coin de l'oreille, traversa la cour d'un air d��lib��r��, et tourna dans la grande rue, ayant toujours hors de sa poche la moiti�� du paquet de papier gris.
?��videmment un grand voyageur dans divers climats et un profond observateur des hommes et des choses, dit M. Pickwick.
--J'aimerais �� voir son po?me, reprit M. Snodgrass.
--Et moi je voudrais avoir vu son chien,? ajouta M. Winkle.
M. Tupman ne parla point, mais il pensa a do?a Christina, �� l'acide prussique, �� la fontaine, et ses yeux se remplirent de larmes.
Apr��s avoir retenu une salle �� manger particuli��re, examin�� les lits, command�� le d?ner, nos voyageurs sortirent pour observer la ville et les environs.
Nous avons lu soigneusement les notes de M. Pickwick sur les quatre villes de Stroud, Rochester, Chatham et Brompton, et nous n'avons pas trouv�� que ses opinions diff��rassent mat��riellement de celles des autres savants qui ont parcouru les m��mes lieux. On peut r��sumer ainsi sa description.
Les principales productions de ces villes paraissent ��tre des soldats, des matelote, des juifs, de la craie, des crevettes, des officiers et des employ��s de la marine. Les principales marchandises ��tal��es dans les rues sont des denr��es pour la marine, du caramel, des pommes, des poissons plats et des hu?tres. Les rues ont un air vivant et anim��, qui provient principalement de la bonne humeur des militaires. Quand ces vaillants hommes, sous l'influence d'un exc��s de gaiet�� et de spiritueux, font, en chantant, des zigzags dans les rues, ils offrent un spectacle vraiment d��licieux pour un esprit philanthropique, surtout si nous consid��rons quel amusement innocent et peu cher ils fournissent �� tous les enfants de la ville, qui les suivent en plaisantent avec eux. Rien (ajouta M. Pickwick), rien n'��gale leur bonne humeur. La veille de mon arriv��e, l'un d'eux avait ��t�� grossi��rement insult�� dans une auberge. La fille avait refus�� de le laisser boire davantage. Sur quoi, et par pur badinage, le soldat tira sa ba?onnette et blessa la servante �� l'��paule: cependant, le lendemain, ce brave gar?on se rendit d��s le matin �� l'auberge, et fut le premier �� promettre de ne conserver aucun ressentiment, et d'oublier ce qui s'��tait pass��.
?La consommation de tabac doit ��tre tr��s-grande dans cette ville, continue M. Pickwick; et l'odeur de ce v��g��tal, r��pandue dans toutes les rues, doit ��tre ��tonnamment d��licieuse pour ceux qui aiment �� fumer. Un voyageur superficiel critiquerait peut-��tre les boues qui caract��risent leur viabilit��, mais elles offrent, au contraire, un v��ritable sujet de jouissance �� ceux qui y d��couvrent un indice de mouvement et de prosp��rit�� commerciale.?
Cinq heures pr��cises amen��rent �� la fois le d?ner et l'��tranger. Il s'��tait d��barrass�� de son paquet de papier gris, mais il n'avait fait aucun changement dans son costume et d��ployait toujours sa loquacit�� accoutum��e.
?Qu'est-ce que cela? demanda-t-il, comme le gar?on ?tait une des cloches d'argent. Des soles! ha! fameux poisson; toutes soles viennent de Londres. Les entrepreneurs de diligences poussent aux d?ners politiques pour avoir le transport des soles; des paniers par douzaines; ils savent bien ce qu'ils font. Eh! eh! Un verre de vin avec moi, monsieur.
--Avec plaisir,? r��pondit M. Pickwick. Et l'��tranger prit du vin, d'abord avec lui, puis avec M. Snodgrass, puis avec M. Tupman, puis avec M. Winkle, puis enfin avec la soci��t�� collectivement; et le tout sans cesser un seul instant de discourir.
?Diable de bacchanale sur l'escalier! Banquettes qu'on monte, charpentiers qui descendent, lampes, verres, harpe. Qu'y a-t-il donc, gar?on?
--Un bal, monsieur.
--Un bal par souscription?
--Non, monsieur. Monsieur, un bal public au b��n��fice des pauvres, monsieur.
--Monsieur, dit M. Tupman avec un vif int��r��t, savez-vous si les femmes sont bien dans cette ville?
--Superbes, magnifiques. Kent, monsieur; tout le monde conna?t le comt�� de Kent, c��l��bre pour ses pommes, ses cerises, son houblon et ses femmes. Un verre de vin, monsieur?
--Avec grand plaisir, r��pondit M. Tupman; et l'��tranger emplit son verre, et le vida.
--J'aimerais beaucoup aller �� ce bal, reprit M. Tupman, beaucoup.
--Nous avons des billets au comptoir, monsieur. Une demi-guin��e chaque, monsieur, dit le gar?on.?
M. Tupman exprima de nouveau le d��sir d'��tre pr��sent �� cette f��te; mais ne rencontrant aucune r��ponse dans l'oeil obscurci de M. Snodgrass, ni dans le regard distrait de M. Pickwick, il se rejeta, avec un nouvel int��r��t, sur le vin de Porto et sur le dessert qu'on venait d'apporter. Le gar?on se retira, et nos cinq voyageurs continu��rent �� savourer les deux heures d'abandon qui suivent le d?ner.
?Pardon, monsieur, dit l'��tranger, la bouteille dort, faites-lui faire le tour comme le soleil, par la soute au pain, rubis sur l'ongle,? et il vida son verre qu'il avait rempli deux minutes auparavant, et s'en versa un autre avec l'aplomb d'un homme accoutum�� ��
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