Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. I | Page 6

Charles Dickens
je l'��cris; je retourne dans la rue, pouf! pan! une autre id��e; je rentre dans la boutique, plume et encre; dans la rue, d'estoc et de taille. Noble temps, monsieur! Chasseur, monsieur? se tournant brusquement vers M. Winkle.
[Footnote 7: Exemple remarquable de la force proph��tique de l'imagination de M. Jingle quand on pense que ce dialogue a lieu en 1827 et que la r��volution est de 1830.
(Note de l'auteur.)]
--Un peu, r��pliqua celui-ci.
--Belle occupation! belle occupation! des chiens?
--Pas dans ce moment.
--Ah! vous devriez en avoir. Noble animal, cr��ature intelligente! J'en avais un jadis, chien d'arr��t, instinct surprenant. Je chasse un jour, j'entre dans un enclos, je siffle, chien immobile; je siffle encore; Ponto! Inutile: bouge pas. Ponto! Ponto! il ne remue pas. Chien p��trifi��, en arr��t devant un ��criteau. Une inscription. Les gardes-chasse ont ordre de tuer tous les chiens qu'ils trouveront dans cet enclos. Il ne voulait pas avancer. Chien ��tonnant. Fameuse b��te, oh! oui, fameuse!
--Singuli��re circonstance, dit M. Pickwick. Voulez-vous me permettre d'en prendre note?
--Certainement, monsieur, certainement; cent autres anecdotes du m��me animal. Jolie fille, monsieur! continua l'��tranger en s'adressant �� M. Tracy Tupman, lequel s'occupait �� lancer des oeillades antipickwickiennes �� une jeune femme qui passait sur le bord de la route.
--Tr��s-jolie, r��pondit M. Tupman.
--Les Anglaises ne valent pas les Espagnoles: nobles cr��atures; cheveux de jais, noires prunelles, formes s��duisantes; douces cr��atures, charmantes!
--Vous avez ��t�� en Espagne, monsieur? demanda M. Tracy Tupman.
--J'y ai v��cu des si��cles.
--Vous avez fait beaucoup de conqu��tes?
--Des conqu��tes? par milliers. Don Bolaro Fizzgig, grand d'Espagne; fille unique; do?a Christina, superbe cr��ature; elle m'aimait �� la folie. P��re jaloux; fille passionn��e; bel Anglais; do?a Christina au d��sespoir; acide prussique; pompe stomacale dans mon portemanteau; je pratique l'op��ration; vieux Bolaro en extase, consent �� notre union; joint nos mains, ruisseaux de pleurs; histoire romantique, tr��s-romantique.
--Cette dame est-elle maintenant en Angleterre? reprit M. Tupman, sur lequel la description de tant de charmes avait produit une vive impression.
--Morte! monsieur, morte! r��pondit l'��tranger en appliquant �� son oeil droit les tristes restes d'un mouchoir de batiste. Ne gu��rit jamais de la pompe stomacale, constitution d��truite, victime de l'amour.
--Et le p��re? demanda le po��tique Snodgrass.
--Saisi de remords, disparition subite, conversation de toute la ville. Recherches dans tous les coins, sans succ��s. Jet d'eau de la fontaine publique dans la grande place s'arr��te subitement: le temps passe, toujours point d'eau; les ouvriers s'y mettent: mon beau-p��re dans le gros tuyau, une confession compl��te dans sa botte droite. On le retire, la fontaine coule de plus belle.
--Voulez-vous me permettre d'��crire ce petit roman? dit M. Snodgrass, profond��ment affect��.
--Certainement, monsieur, certainement. Cinquante autres �� votre service. ��trange histoire que la mienne, non pas extraordinaire, mais curieuse.?
Durant toute la route, l'��tranger continua �� parler de la sorte, s'interrompant seulement aux relais pour avaler un verre d'ale, en guise de ponctuation. Aussi, lorsque la voiture arriva au pont de Rochester, les carnets de MM. Pickwick et Snodgrass ��taient compl��tement remplis d'un choix de ses aventures.
Lorsqu'on aper?ut le vieux chateau, M. Auguste Snodgrass s'��cria avec la ferveur po��tique qui le distinguait: ?Quelles magnifiques ruines!
--Quelle ��tude pour un antiquaire! furent les propres paroles qui s'��chapp��rent de la bouche de M. Pickwick, tandis qu'il appliquait son t��lescope �� son oeil.
--Ah! un bel endroit, r��pliqua l'��tranger. Superbe masse, sombres murailles, arcades branlantes, noirs recoins, escaliers cro?lants. Vieille cath��drale aussi, odeur terreuse, les marches us��es par les pieds des p��lerins, petites portes saxonnes, confessionnaux comme les gu��rites de ceux qui re?oivent l'argent au spectacle. Dr?les de gens que ces moines, papes et tr��soriers, et toutes sortes de vieux gaillards, avec des grosses faces rouges et des nez ��corn��s, qu'on d��terre tous les jours. Des pourpoints de buffle, des arquebuses �� m��che, sarcophages. Belle place, vieilles l��gendes, dr?les d'histoires, ��tonnantes.? Et l'��tranger continua son soliloque jusqu'au moment o�� la voiture s'arr��ta, dans la grande rue, devant l'auberge du Taureau.
--Allez-vous rester ici, monsieur, lui demanda M. Nathaniel Winkle.
?Ici? non, monsieur. Mais vous ferez bien d'y s��journer, bonne maison, lits propres. L'h?tel Wright, �� c?t��, tr��s-cher, une demi-couronne de plus sur votre compte, si vous regardez seulement le gar?on; fait payer plus cher si vous d?nez en ville que si vous d?niez �� l'h?tel: dr?les de gens, vraiment.?
M. Winkle s'approcha de M. Pickwick et lui dit quelques paroles �� l'oreille. Un chuchotement passa de M. Pickwick �� M. Snodgrass, de M. Snodgrass �� M. Tupman, et des signes d'assentiment ayant ��t�� ��chang��s, M. Pickwick s'adressa ainsi �� l'��tranger.
?Vous nous avez rendu ce matin un important service, monsieur. Permettez-moi de vous offrir une l��g��re marque de notre reconnaissance, en vous priant de nous faire l'honneur de d?ner avec nous.
--Grand plaisir. Ne me permettrai pas de dire mon go?t; volaille r?tie et champignons, excellente chose; quelle heure?
--Voyons, r��pondit M. Pickwick, en tirant sa montre. Il est maintenant pr��s de trois heures. A cinq heures, si
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 188
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.