Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. I | Page 5

Charles Dickens
pour une contusion, monsieur. Un cand��labre �� gaz, excellent, mais incommode. Diablement dr?le de se tenir en pleine rue une demi-heure, l'oeil appuy�� sur un cand��labre �� gaz. La bonne plaisanterie, hein! Ha! ha!? Et l'��tranger, sans s'arr��ter pour reprendre haleine, avala d'un seul trait une demi-pinte de grog br?lant, puis il s'��tala sur une chaise, avec autant d'aisance que si rien de remarquable n'��tait arriv��.
M. Pickwick eut le temps d'observer le costume et la tournure de cette nouvelle connaissance, tandis que ses trois compagnons ��taient occup��s �� lui offrir leurs remerciements.
C'��tait un homme d'une taille moyenne; mais comme il avait le corps mince et les jambes tr��s-longues, il paraissait beaucoup plus grand qu'il ne l'��tait en r��alit��. Son habit vert avait ��t�� un v��tement ��l��gant dans les beaux jours des habits �� queue de morue; malheureusement, dans ce temps-l��, il avait sans doute ��t�� fait pour un homme beaucoup plus petit que l'��tranger, car les manches salies et fan��es lui descendaient �� peine aux poignets. Sans ��gard pour l'age respectable de cet habit, il l'avait boutonn�� jusqu'au menton, au hasard imminent d'en faire craquer le dos. Son cou ��tait d��cor�� d'un vieux col noir, mais on n'y apercevait aucun vestige d'un col de chemise. Son ��troit pantalon ��talait ?�� et l�� des places luisantes qui indiquaient de longs services; il ��tait fortement tendu par des sous-pieds sur des souliers rapi��c��s, afin de cacher, sans doute, des bas, jadis blancs, qui se trahissaient encore malgr�� cette pr��caution inutile. De chaque c?t�� d'un chapeau �� bords retrouss��s tombaient en boucles n��glig��es les longs cheveux noirs du personnage, et l'on entrevoyait la chair de ses poignets entre ses gants et les parements de son habit Enfin son visage ��tait maigre et pale, et dans toute sa personne r��gnait un air ind��finissable d'impudence hableuse et d'aplomb imperturbable.
Tel ��tait l'individu que M. Pickwick examinait �� travers ses lunettes (heureusement retrouv��es), et auquel il offrit, en termes choisis, ses remerc?ments, apr��s que ses trois amis eurent ��puis�� les leurs.
?N'en parlons plus, dit l'��tranger, coupant court aux compliments, ?a suffit. Fameux gaillard, ce cocher, il jouait bien des poings, mais si j'avais ��t�� votre ami �� l'habit de chasse vert, Dieu me damne! j'aurais bris�� la t��te du cocher en moins de rien; celle du patissier aussi, parole d'honneur!?
Ce discours tout d'une haleine fut interrompu par le cocher de Rochester, annon?ant que le Commodore ��tait pr��t �� partir.
?Commodore! murmura l'��tranger en se levant: ma voiture, place retenue. Place d'imp��riale. Payez l'eau-de-vie et l'eau; faudrait changer un billet de cinq livres; il circule beaucoup de pi��ces fausses, monnaie de Birmingham; connu. Et il secoua la t��te d'un air fin.?
Or, M. Pickwick et ses trois compagnons avaient pr��cis��ment projet�� de faire leur premi��re halte �� Rochester. Ils d��clar��rent donc �� leur nouvelle connaissance qu'ils suivaient la m��me route, et convinrent d'occuper le si��ge de derri��re de la voiture, o�� ils pourraient tenir tous les cinq.
?Allons! haut! dit l'��tranger, en aidant M. Pickwick �� grimper sur l'imp��riale, avec une pr��cipitation qui d��rangea mat��riellement la gravit�� ordinaire du philosophe.
--Aucun bagage, monsieur? demanda le cocher.
--Qui? moi? r��pliqua l'��tranger: Paquet de papier gris, voil��! le reste parti par eau; grosses caisses clou��es, grosses comme des maisons, lourdes, lourdes, diablement lourdes!? Et il enfon?a dans sa poche, le plus qu'il put, le paquet de papier gris, qui, �� en juger d'apr��s les apparences paraissait contenir une chemise et un mouchoir.
?Gare! gare les t��tes! cria le babillard ��tranger, quand ils arriv��rent sous la vo?te, par laquelle entraient ou sortaient les voitures; terrible endroit, tr��s-dangereux; l'autre jour; cinq enfants; m��re; grande femme, mangeant des sandwiches, oublie la vo?te; crac! les enfants se retournent; la t��te de la m��re enlev��e! les sandwiches dans sa main; pas de bouche pour les mettre, le chef de la famille n'y ��tait plus. Horrible! horrible! Vous regardez Whitehall, monsieur? beau palais, petite crois��e; la t��te de quelqu'un tomb��e l��[6]... Eh! Il n'avait pas pris garde non plus! Eh! monsieur, eh!
[Footnote 6: Charles Ier, d��capit�� sur un ��chafaud, dress�� contre une des fen��tres du palais et par o�� il sortit.
(Note du traducteur.)]
--Je ruminais, dit M. Pickwick, sur l'��trange mutabilit�� des choses de ce monde.
--Ah! je devine: on entre par la porte du palais un jour; on en sort par la fen��tre le lendemain. Philosophe, monsieur?
--Observateur de la nature humaine, monsieur.
--Moi aussi, comme la plupart des hommes, quand ils n'ont pas grand'chose �� faire, et encore moins �� gagner. Po?te, monsieur?
--Mon ami, M. Snodgrass, a une disposition po��tique tr��s-prononc��e, r��pondit M. Pickwick.
--Moi aussi, reprit l'��tranger, po?me ��pique; dix mille vers; r��volution de juillet; compos�� sur place; Mars le jour, Apollon la nuit; d��chargeant la fusil, pin?ant la lyre.
--Vous ��tiez pr��sent �� cette glorieuse sc��ne? demanda M. Snodgrass.
--Pr��sent! un peu[7], j'ajustais un Suisse; j'ajustais un vers; j'entre chez un marchand de vin et
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