Autour de la Lune | Page 4

Jules Verne
Nicholl.
--Eh bien, s'��cria Michel Ardan d'un ton de belle humeur, en vingt-six minutes, on fait bien des choses! On peut discuter les plus graves questions de morale ou de politique, et m��me les r��soudre! Vingt-six minutes bien employ��es valent mieux que vingt-six ann��es o�� on ne fait rien! Quelques secondes d'un Pascal ou d'un Newton sont plus pr��cieuses que toute l'existence de l'indigeste foule des imb��ciles...
--Et tu en conclus, ��ternel parleur? demanda le pr��sident Barbicane.
--J'en conclus que nous avons vingt-six minutes, r��pondit Ardan.
--Vingt-quatre seulement, dit Nicholl.
--Vingt-quatre, si tu y tiens, mon brave capitaine, r��pondit Ardan, vingt-quatre minutes pendant lesquelles on pourrait approfondir...
--Michel, dit Barbicane, pendant notre travers��e, nous aurons tout le temps n��cessaire pour approfondir les questions les plus ardues. Maintenant occupons-nous du d��part.
--Ne sommes-nous pas pr��ts?
--Sans doute. Mais il est encore quelques pr��cautions �� prendre pour att��nuer autant que possible le premier choc!
--N'avons-nous pas ces couches d'eau dispos��es entre les cloisons brisantes, et dont l'��lasticit�� nous prot��gera suffisamment?
--Je l'esp��re, Michel, r��pondit doucement Barbicane, mais je n'en suis pas bien s?r!
--Ah! le farceur! s'��cria Michel Ardan. Il esp��re!... Il n'est pas s?r!... Et il attend le moment o�� nous sommes encaqu��s pour faire ce d��plorable aveu! Mais je demande �� m'en aller!
--Et le moyen? r��pliqua Barbicane.
--En effet! dit Michel Ardan, c'est difficile. Nous sommes dans le train et le sifflet du conducteur retentira avant vingt-quatre minutes...
--Vingt?, fit Nicholl.
Pendant quelques instants, les trois voyageurs se regard��rent. Puis ils examin��rent les objets emprisonn��s avec eux.
?Tout est �� sa place, dit Barbicane. Il s'agit de d��cider maintenant comment nous nous placerons le plus utilement pour supporter le choc du d��part. La position �� prendre ne saurait ��tre indiff��rente, et autant que possible, il faut emp��cher que le sang ne nous afflue trop violemment �� la t��te.
--Juste, fit Nicholl.
--Alors, r��pondit Michel Ardan, pr��t �� joindre l'exemple �� la parole, mettons-nous la t��te en bas et les pieds en haut, comme les clowns du Great-Circus!
--Non, dit Barbicane, mais ��tendons-nous sur le c?t��. Nous r��sisterons mieux ainsi au choc. Remarquez bien qu'au moment o�� le boulet partira que nous soyons dedans ou que nous soyons devant, c'est �� peu pr��s la m��me chose.
--Si ce n'est qu' ?�� peu pr��s? la m��me chose, je me rassure, r��pliqua Michel Ardan.
--Approuvez-vous mon id��e, Nicholl? demanda Barbicane.
--Enti��rement, r��pondit le capitaine. Encore treize minutes et demie.
--Ce n'est pas un homme que ce Nicholl s'��cria Michel, c'est un chronom��tre �� secondes, a ��chappement, avec huit trous...?
Mais ses compagnons ne l'��coutaient plus, et ils prenaient leurs derni��res dispositions avec un sang-froid inimaginable. Ils avaient l'air de deux voyageurs m��thodiques, mont��s dans un wagon, et cherchant �� se caser aussi confortablement que possible. On se demande vraiment de quelle mati��re sont faits ces coeurs d'Am��ricains auxquels l'approche du plus effroyable danger n'ajoute pas une pulsation!
Trois couchettes, ��paisses et solidement conditionn��es, avaient ��t�� plac��es dans le projectile. Nicholl et Barbicane les dispos��rent au centre du disque qui formait le plancher mobile. L�� devaient s'��tendre les trois voyageurs, quelques moments avant le d��part.
Pendant ce temps, Ardan, ne pouvant rester immobile, tournait dans son ��troite prison comme une b��te fauve en cage, causant avec ses amis, parlant �� ses chiens, Diane et Satellite, auxquels, on le voit, il avait donn�� depuis quelque temps ces noms significatifs.
?H��! Diane! H��! Satellite! s'��criait-il en les excitant. Vous allez donc montrer aux chiens s��l��nites les bonnes fa?ons des chiens de la terre! Voil�� qui fera honneur �� la race canine! Pardieu! Si nous revenons jamais ici-bas, je veux rapporter un type crois�� de ?moon-dogs? qui fera fureur!
--S'il y a des chiens dans la Lune, dit Barbicane.
--Il y en a, affirma Michel Ardan, comme il y a des chevaux, des vaches, des anes, des poules. Je parie que nous y trouvons des poules!
--Cent dollars que nous n'en trouverons pas, dit Nicholl.
--Tenu, mon capitaine, r��pondit Ardan en serrant la main de Nicholl. Mais �� propos, tu as d��j�� perdu trois paris avec notre pr��sident, puisque les fonds n��cessaires �� l'entreprise ont ��t�� faits, puisque l'op��ration de la fonte a r��ussi, et enfin puisque la Columbiad a ��t�� charg��e sans accident, soit six mille dollars.
--Oui, r��pondit Nicholl. Dix heures trente-sept minutes et six secondes.
--C'est entendu, capitaine. Eh bien, avant un quart d'heure, tu auras encore �� compter neuf mille dollars au pr��sident, quatre mille parce que la Columbiad n'��clatera pas, et cinq mille parce que le boulet s'enl��vera �� plus de six milles dans l'air.
--J'ai les dollars, r��pondit Nicholl en frappant sur la poche de son habit, je ne demande qu'�� payer.
--Allons, Nicholl, je vois que tu es un homme d'ordre, ce que je n'ai jamais pu ��tre, mais en somme, tu as fait l�� une s��rie de paris peu avantageux pour toi, permets-moi de te le dire.
--Et pourquoi? demanda Nicholl.
--Parce que si tu gagnes le premier, c'est que la Columbiad aura ��clat��, et
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 70
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.