Autour de la Lune | Page 3

Jules Verne
ni une com��te, ni un satellite, et qui se trompe en pareil cas, s'expose justement aux quolibets de la foule. Donc, mieux vaut attendre, et c'est ce qu'aurait d? faire l'impatient J.-T. Maston, avant de lancer �� travers le monde ce t��l��gramme qui, suivant lui, disait le dernier mot de cette entreprise.
En effet, ce t��l��gramme contenait des erreurs de deux sortes, ainsi que cela fut v��rifi�� plus tard: 1�� Erreurs d'observation, en ce qui concernait la distance du projectile �� la surface de la Lune, car, �� la date du 11 d��cembre, il ��tait impossible de l'apercevoir, et ce que J.-T. Maston avait vu ou cru voir, ne pouvait ��tre le boulet de la Columbiad. 2�� Erreurs de th��orie sur le sort r��serv�� audit projectile, car en faire un satellite de la Lune, c'��tait se mettre en contradiction absolue avec les lois de la m��canique rationnelle.
Une seule hypoth��se des observateurs de Long's-Peak pouvait se r��aliser, celle qui pr��voyait le cas o�� les voyageurs -- s'ils existaient encore --, combineraient leurs efforts avec l'attraction lunaire de mani��re �� atteindre la surface du disque.
Or, ces hommes, aussi intelligents que hardis, avaient surv��cu au terrible contrecoup du d��part, et c'est leur voyage dans le boulet-wagon qui va ��tre racont�� jusque dans ses plus dramatiques comme dans ses plus singuliers d��tails. Ce r��cit d��truira beaucoup d'illusions et de pr��visions; mais il donnera une juste id��e des p��rip��ties r��serv��es �� une pareille entreprise, et il mettra en relief les instincts scientifiques de Barbicane, les ressources de l'industrieux Nicholl et l'humoristique audace de Michel Ardan.
En outre, il prouvera que leur digne ami, J.-T. Maston, perdait son temps, lorsque, pench�� sur le gigantesque t��lescope, il observait la marche de la Lune �� travers les espaces stellaires.

I
De dix heures vingt a dix heures quarante-sept minutes du soir
Quand dix heures sonn��rent, Michel Ardan, Barbicane et Nicholl firent leurs adieux aux nombreux amis qu'ils laissaient sur terre. Les deux chiens, destin��s �� acclimater la race canine sur les continents lunaires, ��taient d��j�� emprisonn��s dans le projectile. Les trois voyageurs s'approch��rent de l'orifice de l'��norme tube de fonte, et une grue volante les descendit jusqu'au chapeau conique du boulet.
L��, une ouverture, m��nag��e �� cet effet, leur donna acc��s dans le wagon d'aluminium. Les palans de la grue ��tant hal��s �� l'ext��rieur, la gueule de la Columbiad fut instantan��ment d��gag��e de ses derniers ��chafaudages.
Nicholl, une fois introduit avec ses compagnons dans le projectile, s'occupa d'en fermer l'ouverture au moyen d'une forte plaque maintenue int��rieurement par de puissantes vis de pression. D'autres plaques, solidement adapt��es, recouvraient les verres lenticulaires des hublots. Les voyageurs, herm��tiquement clos dans leur prison de m��tal, ��taient plong��s au milieu d'une obscurit�� profonde.
?Et maintenant, mes chers compagnons, dit Michel Ardan, faisons comme chez nous. Je suis homme d'int��rieur, moi, et tr��s fort sur l'article m��nage. Il s'agit de tirer le meilleur parti possible de notre nouveau logement et d'y trouver nos aises. Et d'abord, tachons d'y voir un peu plus clair. Que diable! le gaz n'a pas ��t�� invent�� pour les taupes!?
Ce disant, l'insouciant gar?on fit jaillir la flamme d'une allumette qu'il frotta �� la semelle de sa botte; puis, il l'approcha du bec fix�� au r��cipient, dans lequel l'hydrog��ne carbon��, emmagasin�� �� une haute pression, pouvait suffire �� l'��clairage et au chauffage du boulet pendant cent quarante-quatre heures, soit six jours et six nuits.
Le gaz s'alluma. Le projectile, ainsi ��clair��, apparut comme une chambre confortable, capitonn��e �� ses parois, meubl��e de divans circulaires, et dont la vo?te s'arrondissait en forme de d?me.
Les objets qu'elle renfermait, armes, instruments, ustensiles, solidement saisis et maintenus contre les rondeurs du capiton, devaient supporter impun��ment le choc du d��part. Toutes les pr��cautions humainement possibles avaient ��t�� prises pour mener �� bonne fin une si t��m��raire tentative.
Michel Ardan examina tout et se d��clara fort satisfait de son installation.
?C'est une prison, dit-il, mais une prison qui voyage, et avec le droit de mettre le nez �� la fen��tre, je ferais bien un bail de cent ans! Tu souris Barbicane? As-tu donc une arri��re-pens��e? Te dis-tu que cette prison pourrait ��tre notre tombeau? Tombeau, soit, mais je ne le changerais pas pour celui de Mahomet qui flotte dans l'espace et ne marche pas!?
Pendant que Michel Ardan parlait ainsi, Barbicane et Nicholl faisaient leurs derniers pr��paratifs.
Le chronom��tre de Nicholl marquait dix heures vingt minutes du soir lorsque les trois voyageurs se furent d��finitivement mur��s dans leur boulet. Ce chronom��tre ��tait r��gl�� �� un dixi��me de seconde pr��s sur celui de l'ing��nieur Murchison. Barbicane le consulta.
?Mes amis, dit-il, il est dix heures vingt. A dix heures quarante-sept, Murchison lancera l'��tincelle ��lectrique sur le fil qui communique avec la charge de la Columbiad. A ce moment pr��cis, nous quitterons notre sph��ro?de. Nous avons donc encore vingt-sept minutes �� rester sur la terre.
--Vingt-six minutes et treize secondes, r��pondit le m��thodique
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