la Columbiad fut coul��e avec un plein succ��s.
Les choses en ��taient l��, quand survint un incident qui centupla l'int��r��t attach�� �� cette grande entreprise.
Un Fran?ais, un Parisien fantaisiste, un artiste aussi spirituel qu'audacieux, demanda �� s'enfermer dans un boulet afin d'atteindre la Lune et d'op��rer une reconnaissance du satellite terrestre. Cet intr��pide aventurier se nommait Michel Ardan. Il arriva en Am��rique, fut re?u avec enthousiasme, tint des meetings, se vit porter en triomphe, r��concilia le pr��sident Barbicane avec son mortel ennemi le capitaine Nicholl et, comme gage de r��conciliation, il les d��cida �� s'embarquer avec lui dans le projectile.
La proposition fut accept��e. On modifia la forme du boulet. Il devint cylindro-conique. On garnit cette esp��ce de wagon a��rien de ressorts puissants et de cloisons brisantes qui devaient amortir le contrecoup du d��part. On le pourvut de vivres pour un an, d'eau pour quelques mois, de gaz pour quelques jours. Un appareil automatique fabriquait et fournissait l'air n��cessaire �� la respiration des trois voyageurs. En m��me temps, le Gun-Club faisait construire sur l'un des plus hauts sommets des montagnes Rocheuses un gigantesque t��lescope qui permettrait de suivre le projectile pendant son trajet �� travers l'espace. Tout ��tait pr��t.
Le 30 novembre, �� l'heure fix��e, au milieu d'un concours extraordinaire de spectateurs, le d��part eut lieu et pour la premi��re fois, trois ��tres humains, quittant le globe terrestre, s'��lanc��rent vers les espaces interplan��taires avec la presque certitude d'arriver �� leur but. Ces audacieux voyageurs, Michel Ardan, le pr��sident Barbicane et le capitaine Nicholl, devaient effectuer leur trajet en _quatre-vingt dix-sept heures treize minutes et vingt secondes_. Cons��quemment, leur arriv��e �� la surface du disque lunaire ne pouvait avoir lieu que le 5 d��cembre, �� minuit, au moment pr��cis o�� la Lune serait pleine, et non le 4, ainsi que l'avaient annonc�� quelques journaux mal inform��s.
Mais, circonstance inattendue, la d��tonation produite par la Columbiad eut pour effet imm��diat de troubler l'atmosph��re terrestre en y accumulant une ��norme quantit�� de vapeurs. Ph��nom��ne qui excita l'indignation g��n��rale, car la Lune fut voil��e pendant plusieurs nuits aux yeux de ses contemplateurs.
Le digne J.-T. Maston, le plus vaillant ami des trois voyageurs, partit pour les montagnes Rocheuses, en compagnie de l'honorable J. Belfast, directeur de l'Observatoire de Cambridge, et il gagna la station de Long's-Peak, o�� se dressait le t��lescope qui rapprochait la Lune �� deux lieues. L'honorable secr��taire du Gun-Club voulait observer lui-m��me le v��hicule de ses audacieux amis.
L'accumulation des nuages dans l'atmosph��re emp��cha toute observation pendant les 5, 6, 7, 8, 9 et 10 d��cembre. On crut m��me que l'observation devrait ��tre remise au 3 janvier de l'ann��e suivante, car la Lune, entrant dans son dernier quartier le 11, ne pr��senterait plus alors qu'une portion d��croissante de son disque, insuffisante pour permettre d'y suivre la trace du projectile.
Mais enfin, �� la satisfaction g��n��rale, une forte temp��te nettoya l'atmosph��re dans la nuit du 11 au 12 d��cembre, et la Lune, �� demi ��clair��e, se d��coupa nettement sur le fond noir du ciel.
Cette nuit m��me, un t��l��gramme ��tait envoy�� de la station de Long's-Peak par J.-T. Maston et Belfast �� MM. les membres du bureau de l'Observatoire de Cambridge.
Or, qu'annon?ait ce t��l��gramme?
Il annon?ait: que le 11 d��cembre, �� huit heures quarante-sept du soir, le projectile lanc�� par la Columbiad de Stone's-Hill avait ��t�� aper?u par MM. Belfast et J.-T. Maston, -- que le boulet, d��vi�� pour une cause ignor��e, n'avait point atteint son but, mais qu'il en ��tait pass�� assez pr��s pour ��tre retenu par l'attraction lunaire, -- que son mouvement rectiligne s'��tait chang�� en un mouvement circulaire, et qu'alors, entra?n�� suivant un orbe elliptique autour de l'astre des nuits, il en ��tait devenu le satellite.
Le t��l��gramme ajoutait que les ��l��ments de ce nouvel astre n'avaient pu ��tre encore calcul��s; -- et en effet, trois observations prenant l'astre dans trois positions diff��rentes, sont n��cessaires pour d��terminer ces ��l��ments. Puis, il indiquait que la distance s��parant le projectile de la surface lunaire ?pouvait? ��tre ��valu��e �� deux mille huit cent trente-trois milles environ, soit quatre mille cinq cents lieues.
Il terminait enfin en ��mettant cette double hypoth��se: Ou l'attraction de la Lune finirait par l'emporter, et les voyageurs atteindraient leur but; ou le projectile, maintenu dans un orbe immutable, graviterait autour du disque lunaire jusqu'�� la fin des si��cles.
Dans ces diverses alternatives, quel serait le sort des voyageurs? Ils avaient des vivres pour quelque temps, c'est vrai. Mais en supposant m��me le succ��s de leur t��m��raire entreprise, comment reviendraient-ils? Pourraient-ils jamais revenir? Aurait-on de leurs nouvelles? Ces questions, d��battues par les plumes les plus savantes du temps, passionn��rent le public.
Il convient de faire ici une remarque qui doit ��tre m��dit��e par les observateurs trop press��s. Lorsqu'un savant annonce au public une d��couverte purement sp��culative, il ne saurait agir avec assez de prudence. Personne n'est forc�� de d��couvrir ni une plan��te,
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