des recrues. Pas mal de bi��re fut ingurgit��e �� cette intention, car il ne faut pas oublier que ces n��ophytes se r��unissaient sous ce vocable impr��vu: le Bock id��al (M. l'abb�� Fonssagrive, aum?nier du cercle catholique du Luxembourg, m'a fourni des d��tails bien amusants sur cette tentative. Mais ce n'est pas mon objet actuel de les publier).
Ailleurs, les vers comme la prose s'encombr��rent de termes liturgiques, pris souvent �� rebours du sens v��ritable. Surtout il se fit une d��pense incroyable de lys.
Oui, les lys -- symboles gracieux de la virginit��, corolles ch��res �� la Madone immacul��e -- foisonn��rent, parmi toutes sortes d'orchid��es ��quivoques, dans les jardins du Parnasse. Certains, outrant la m��tamorphose, se comparaient, eux-m��mes, �� des lys. St��phane Mallarm��, qui, pour l'ahurissement d��vot de quelques-uns, publiait alors ses charades sans solution, fut le premier, je crois, �� donner, dans un po��me, par hasard un peu moins n��buleux que les autres, une signification scabreuse au lys. Depuis, l'on alla beaucoup plus loin -- inutile de dire jusqu'o��. Il suffira de mentionner qu'un observateur qui analysait, avec une curiosit�� quelque peu d��go?t��e, ces profanations, qualifia, d'une fa?on mordante, les esth��tes en pantalon collant et les toqu��es �� bandeaux plats et �� robes extravagantes dont se bariolait ce carnaval.
-- Ce sont peut-��tre des lys, dit-il, -- mais des lys noirs.
De l�� le titre de ce livre.
* * * * *
La Gnose, toujours vivante et agissante depuis le premier si��cle de l'��glise, guettait l'heure favorable pour semer son ivraie dans un terrain aussi propice �� son d��veloppement. Avoir fait fusionner dans les Loges la post��rit�� d'Hiram avec celle d'Homais et celle de Renan, c'��tait bien. S'insinuer dans la litt��rature pour y conqu��rir une influence et des adeptes, ce serait mieux. Elle n'y manqua pas.
Ce sont quelques-uns de mes souvenirs de cette p��riode que je rapporte ici.
Un des faits caract��ristiques de cette ��poque troubl��e, c'est que, non seulement dans la litt��rature, mais dans toute la soci��t��, faute d'une doctrine traditionnelle, le sentiment religieux s'��gara hors de la voie unique o�� il n'y avait que l'��glise pour avoir mission de le maintenir. Toutes les erreurs et toutes les h��r��sies reparurent. On se d��tournait de Dieu et de sa R��v��lation. Mais plusieurs se r��clam��rent des divinit��s du paganisme grec. Ce morceau de rh��torique papelarde: la pri��re sur l'Acropole, fut leur Credo. D'autres annon?aient la r��surrection du Grand Pan ou adoraient la nature sous la forme d'un vague culte rendu �� Isis. Valentin et son Pl��r?me retrouv��rent des sectateurs. Les th��urgies de Porphyre et de Jamblique furent remises en lumi��re. Des ames se fig��rent dans le Bouddhisme. Il y eut des manich��ens qui vant��rent les deux principes et qui offrirent, de pr��f��rence, leur encens au dieu noir.
Mais le plus grand nombre oscillait d'une croyance �� l'autre, mu par l'intuition que les hypoth��ses, donn��es arrogamment par la science mat��rialiste pour des certitudes, ne suffisaient pas �� expliquer l'��nigme du monde. Tous, mais ceux-l�� surtout qui cherchaient, avec anxi��t��, une conviction, devinrent des proies empress��es �� se prendre aux gluaux de l'occultisme.
Deux livres marqu��rent cette pr��occupation des choses invisibles. L'un, de M. Jules Bois, s'intitulait: les Petites Religions de Paris. C'��tait une enqu��te assez bien faite sur les cultes h��t��rodoxes qui se pratiquaient ?�� et l�� dans la Grand'Ville. Pour la premi��re fois, si je ne me trompe, le mot l'Au-del��, qui fit fortune depuis, y ��tait employ��.
On remarquera, en passant, qu'il dut sans doute sa vogue �� son impr��cision. En effet, il semblait propre �� remplacer le seul mot qui e?t convenu, celui de Surnaturel.
Mais voil��: ce dernier paraissait trop net; il ��tait clair et ne souffrait pas l'��quivoque. Il impliquait, en somme, l'aveu que quelqu'un existait en dehors et au-dessus de la nature telle que l'orgueil humain l'acceptait. �� ce titre, il g��nait, d'autant que, depuis plus d'un si��cle, la majorit�� des savants ne cessait d'enseigner que le Surnaturel n'existe pas.
L'Au-del��, au contraire, cela demeurait vague; cela pouvait signifier un ensemble de lois naturelles, encore peu sp��cifi��es et dont l'action ne tombait pas, d'une fa?on imm��diate, sous les sens. On voulait bien excursionner �� travers le myst��re. Mais on pr��f��rait ne pas courir le risque d'y rencontrer ce Dieu du christianisme auquel on s'effor?ait de ne plus penser. C'est ainsi que Celui qui ne veut pas servir mit si facilement sa griffe sur des ames avides de plonger dans l'Inconnu.
Ce terme, incorrect mais ��lastique, l'Au-del��, d��signa donc, �� la satisfaction g��n��rale, la r��gion confuse o�� tatonn��rent, inconscients du danger qu'ils couraient, les blas��s de la pens��e qui cherchaient un frisson in��dit, les myopes du spiritisme, qui prennent pour des anges de lumi��re des esprits t��n��breux venus de tr��s bas, et les na?fs qui s'imaginaient ne c��der qu'�� une curiosit�� d'ordre scientifique.
Le vieux serpent avait donc r��ussi, une fois de plus, �� se dissimuler dans cet occultisme qu'on
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