la d��esse Isis, femme et soeur d'Osiris; c'est la seule intrigue compromettante qu'il ait �� sa charge. Il ne s'est jamais int��ress�� qu'aux ��v��nements qui ont bien pu se passer sous le r��gne de S��sostris le Grand; les discussions les plus passionn��es de nos d��put��s et jusqu'aux gros mots qu'ils peuvent se dire lui ont toujours paru fades aupr��s de l'histoire intime des Pharaons. A tous les divertissements que tu lui as jamais propos��s, il pr��f��rait un papyrus mont�� sur toile ou sur carton, un masque de momie, l'��pervier, symbole des ames, ou un joli scarab��e dor��, embl��me de l'immortalit��. J'en parle en connaissance de cause: il m'honorait de ses confidences. La derni��re fois que je le vis, il m'en souviendra longtemps, je le trouvai enferm�� avec un texte hi��roglyphique, dispos�� en colonnes r��trogrades et orn�� de figures au trait. Il t��moigna quelque humeur d'��tre troubl�� dans son voluptueux t��te-��-t��te. En haut du manuscrit, on voyait un h��ro?ne au visage jaune, aux cheveux peints en bleu, au front orn�� d'un bouton de lotus et d'un grand c?ne blanc. Je posai le doigt sur une des colonnes r��trogrades, et je dis �� ce cher enfant: ?Grand d��chiffreur, que peut bien signifier ce grimoire?? Il me r��pondit sans se facher: ?Mon cher oncle, ce grimoire, qui, ne vous en d��plaise, est fort limpide et de la plus haute importance, signifie que l'intendant des troupeaux d'Ammon, grammate principal, Amen-Heb le v��ridique, et sa femme qui l'aime, la dame qui fait toutes ses d��lices, Amen-Apt la v��ridique, pr��sentent leurs hommages �� Osiris, habitant la r��gion occidentale, seigneur des temps, �� Ptah-Sokari, seigneur du tombeau, et au grand Tum, qui a fait le ciel et cr���� les essences qui sortent de la terre...? Je l'��coutais avec tant d'int��r��t que le lendemain il pensa m'obliger en m'envoyant toute l'histoire d'Amen-Heb couch��e par ��crit. Je la relis une fois chaque ann��e �� la Saint-Horace. M'accusera-t-on de n��gliger mes devoirs de grand-oncle?
?Ne le nie pas, ma ch��re, cette fureur faisait ton d��sespoir. De quoi te plains-tu donc? Voil�� un gar?on �� demi sauv��. C'est le Ciel qui l'a adress�� �� Mme Corneuil; elle lui apprendra beaucoup de choses qu'il ignora et lui en fera d��sapprendre beaucoup d'autres: il boira dans ses beaux yeux l'oubli d'Am��nophis III, de la dix-huiti��me dynastie, d'Amen-Apt la v��ridique et de l'homme au grand c?ne blanc. Ne lui envie pas ses tardifs plaisirs, sans compter qu'il est bon d'��tre charitable envers une pauvre garde-malade. Lui feras-tu un crime, �� cette sainte femme, de se d��lasser de ses fatigues dans la soci��t�� d'un beau jeune homme qui lui dit des douceurs en l'aidant �� pr��parer ses tisanes? Tout est pour la mieux, ma ch��re Mathilde. Puisque l'occasion se pr��sente de t'en faire l'aveu, j'��tais un peu mortifi�� de penser qu'Horace, mon futur h��ritier, avait attrap�� l'age de vingt-huit ans sans que personne lui conn?t une ma?tresse; son aventure me r��jouit fort, et je suis bien tent�� de faire mettre la chose dans les journaux. Mais toi-m��me, conviens-en... Les m��res ont beau s'en d��fendre, rien ne les humilie tant que d'avoir un fils �� qui le monde reproche d'��tre trop sage; c'est un affront qu'on leur fait et qu'elles ont peine �� dig��rer. Dieu b��nisse Mme Corneuil! La d��esse Isis a trouv�� �� qui parler. ��cris-moi incontinent que j'ai rencontr�� juste et que, toute r��flexion faite, tu es aussi contente que moi.?
Le surlendemain, le marquis de Miraval re?ut de sa ni��ce la courte r��ponse que voici:
?Mon cher oncle, votre lettre et les renseignements que vous avez eu l'obligeance de me procurer ont redoubl�� mon inqui��tude. Ne doutez pas un seul instant que le jeune homme qui s'est brouill�� avec Mme Corneuil n'ait dit vrai; c'est �� une intrigante que nous avons affaire. Pourquoi faut-il qu'Horace se soit laiss�� prendre dans ses filets? Depuis que j'ai eu le malheur de perdre mon mari, vous avez ��t�� dans tous les cas importants mon seul conseil et mon supr��me recours. Jamais je n'ai eu plus besoin de votre assistance. Je sais qu'il est cruel de vous arracher �� votre cher Paris; mais je connais vos bons sentiments �� mon ��gard, votre sollicitude pour les int��r��ts de notre famille, votre amiti�� presque paternelle pour ce pauvre et absurde Horace. Je vous en supplie, venez me trouver �� Vichy; nous aviserons ensemble. Je vous appelle et je vous attends.?
Mme de Penneville avait raison de croire qu'il en co?tait �� son oncle de quitter Paris; depuis qu'il n'��tait plus diplomate, il ne pouvait se souffrir ailleurs. Dans les mois br?lants de l'��t��, alors que tout le monde s'en va, il n'avait garde de s'en aller. Il pr��f��rait aux plus belles sapini��res les vernis du Japon et les ormeaux �� petites feuilles qu'il apercevait de la terrasse de son cercle, o�� il passait
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