l��gers ou plus corrompus qu'ils ne le sont. �� distance, l'image de la douleur qu'on impose para?t vague et confuse, telle qu'un nuage facile �� traverser; on est encourag�� par l'approbation d'une soci��t�� toute factice, qui suppl��e aux principes par les r��gles et aux ��motions par les convenances, et qui hait le scandale comme importun, non comme immoral, car elle accueille assez bien le vice quand le scandale ne s'y trouve pas. On pense que des liens form��s sans r��flexion se briseront sans peine. Mais quand on voit l'angoisse qui r��sulte de ces liens bris��s, ce douloureux ��tonnement d'une ame tromp��e, cette d��fiance qui succ��de �� une confiance si compl��te, et qui, forc��e de se diriger contre l'��tre �� part du reste du monde, s'��tend �� ce monde tout entier, cette estime refoul��e sur elle- m��me et qui ne sait plus o�� se replacer, on sent alors qu'il y a quelque chose de sacr�� dans le coeur qui souffre, parce qu'il aime; on d��couvre combien sont profondes les racines de l'affection qu'on croyait inspirer sans la partager: et si l'on surmonte ce qu'on appel la faiblesse, c'est en d��truisant en soi- m��me tout ce qu'on a de g��n��reux, en d��chirant tout ce qu'on a de fid��le, en sacrifiant tout ce qu'on a de noble et de bon. On se rel��ve de cette victoire, �� laquelle les indiff��rents et les amis applaudissent, ayant frapp�� de mort une portion de son ame, brav�� la sympathie, abus�� de la faiblesse, outrag�� la morale en la prenant pour pr��texte de la duret��; et l'on survit �� sa meilleure nature, honteux ou perverti par ce triste succ��s.
Tel a ��t�� le tableau que j'ai voulu tracer dans Adolphe. Je ne sais si j'ai r��ussi; ce qui me ferait croire au moins �� un certain m��rite de v��rit��, c'est que presque tous ceux de mes lecteurs que j'ai rencontr��s m'ont parl�� d'eux-m��mes comme ayant ��t�� dans la position de mon h��ros. Il est vrai qu'�� travers les regrets qu'ils montraient de toutes les douleurs qu'ils avaient caus��es per?ait je ne sais quelle satisfaction de fatuit��; ils aimaient �� se peindre, comme ayant, de m��me qu'Adolphe, ��t�� poursuivis par les opiniatres affections qu'ils avaient inspir��es, et victimes de l'amour immense qu'on avait con?u pour eux. Je crois que pour la plupart ils se calomniaient, et que si leur vanit�� les e?t laiss��s tranquilles, leur conscience e?t pu rester en repos.
Quoi qu'il en soit, tout ce qui concerne Adolphe m'est devenu fort indiff��rent; je n'attache aucun prix �� ce roman, et je r��p��te que ma seule intention, en le laissant repara?tre devant un public qui l'a probablement oubli��, si tant est que jamais il l'ait connu, a ��t�� de d��clarer que toute ��dition qui contiendrait autre chose que ce qui est renferm�� dans celle-ci ne viendrait pas de moi, et que je n'en serais pas responsable.
AVIS DE L'��DITEUR
Je parcourais l'Italie, il y a bien des ann��es. Je fus arr��t�� dans une auberge de Cerenza, petit village de la Calabre, par un d��bordement du Neto; il y avait dans la m��me auberge un ��tranger qui se trouvait forc�� d'y s��journer pour la m��me cause. Il ��tait fort silencieux et paraissait triste. Il ne t��moignait aucune impatience. Je me plaignais quelquefois �� lui, comme au seul homme �� qui je pusse parler dans ce lieu, du retard que notre marche ��prouvait. ?Il m'est ��gal, me r��pondit-il, d'��tre ici ou ailleurs.? Notre h?te, qui avait caus�� avec un domestique napolitain, qui servait cet ��tranger sans savoir son nom, me dit qu'il ne voyageait point par curiosit��, car il ne visitait ni les ruines, ni les sites, ni les monuments, ni les hommes. Il lisait beaucoup, mais jamais d'une mani��re suivie; il se promenait le soir, toujours seul, et souvent il passait les journ��es enti��res assis, immobile, la t��te appuy��e sur les deux mains.
Au moment o�� les communications, ��tant r��tablies, nous auraient permis de partir, cet ��tranger tomba tr��s malade. L'humanit�� me fit un devoir de prolonger mon s��jour aupr��s de lui pour le soigner. Il n'y avait �� Cerenza qu'un chirurgien de village; je voulais envoyer �� Cozenze chercher des secours plus efficaces. ?Ce n'est pas la peine, me dit l'��tranger; l'homme que voil�� est pr��cis��ment ce qu'il me faut.? Il avait raison, peut-��tre plus qu'il ne pensait, car cet homme le gu��rit. ?Je ne vous croyais pas si habile?, lui dit-il avec une sorte d'humeur en le cong��diant; puis il me remercia de mes soins, et il partit.
Plusieurs mois apr��s, je re?us, �� Naples, une lettre de l'h?te de Cerenza, avec une cassette trouv��e sur la route qui conduit �� Strongoli, route que l'��tranger et moi nous avions suivie, mais s��par��ment. L'aubergiste qui me l'envoyait se croyait s?r qu'elle appartenait �� l'un de nous deux. Elle renfermait beaucoup de lettres fort
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