Actes et Paroles, vol 4 | Page 3

Victor Hugo
sultan �� sultan, on s'assassine. Partout le cynisme de la victoire; partout cette esp��ce d'ivrognerie terrible qu'on appelle la guerre. La force s'imagine qu'elle est le droit; ici, on mutile la France, c'est-��-dire la civilisation; l��, on poignarde la Serbie, c'est-��-dire l'humanit��. A cette heure, il y a un gouvernement, qui est un bandit, assis sur un peuple, qui est un cadavre.
Certes les monarchies ne le font pas expr��s, mais elles d��montrent la n��cessit�� de la r��publique.
La monarchie imp��riale aboutit �� Sedan; la monarchie pontificale aboutit au Syllabus. Le Syllabus, je l'ai dit et je le r��p��te, c'est toute la quantit�� de b?cher possible au dix-neuvi��me si��cle. Au moment o�� nous sommes, ce qui sort de l'autel, ce n'est pas la pri��re, c'est la menace; l'oraison est coup��e par ce hoquet farouche: Anath��me! anath��me! Le pr��tre b��nit �� poing ferm��. On refuse aux cercueils ce qui leur est d?; on ajoute �� la violation du respect la violation de la loi; on m��conna?t ce qu'il y a de myst��rieux et de v��n��rable dans la volont�� du mourant; on choisit, pour insulter la philosophie et la raison, l'instant o�� la libert�� de la conscience s'appuie sur la majest�� de la mort.
Qui fait ces choses audacieuses? Le vieil esprit sacerdotal et monarchique. Ici la conqu��te, l�� le massacre, l�� l'intol��rance; le mensonge ��pousant la nuit, la haine de tr?ne �� tr?ne engendrant la guerre de peuple �� peuple, tel est le spectacle. O�� la d��mocratie dit: Paix et libert��! le despotisme dit: Carnage et servitude! De l�� les crimes qui aujourd'hui ��pouvantent l'Europe. Admirons la mani��re dont les monarchies s'y prennent pour montrer les beaut��s de la r��publique: elles montrent leurs laideurs.
Tant que les fanatismes et les despotismes seront les ma?tres, l'Europe sera difforme et terrible. Mais esp��rons. Que prouvent les carcans et les cha?nes? qu'il faut que les peuples soient libres. Que prouvent les sabres et les mitrailles? qu'il faut que les peuples soient fr��res. Que prouvent les sceptres? qu'il faut des lois.
Les lois, les voici: libert�� de pens��e, libert�� de croyance, libert�� de conscience; libert�� dans la vie, d��livrance dans la mort; l'homme libre, l'ame libre.
C��l��brons donc ce rassurant anniversaire, le 22 septembre 1792. Il y a une aurore dans l'humanit��, comme il y en a une dans le ciel; ce jour-l�� le ciel et l'homme ont ��t�� d'accord, les deux aurores ont fait leur jonction. Lux populi, lux Dei.
La g��n��reuse ville de Marseille a raison de v��n��rer ce jour supr��me; elle fait bien; je m'associe �� sa patriotique manifestation.
Cet anniversaire vient �� propos.
Il y a quatrevingt-quatre ans, �� pareil jour, au milieu des plus redoutables complications, en pr��sence de la coalition des rois, l'immense ��nigme humaine ��tant pos��e, une bouche sublime, la bouche de la France, s'est ouverte et a jet�� aux peuples ce cri qui est une solution: R��publique! Il y a dans ce cri une puissance d'��croulement qui ��branle sur leur base les tyrannies, les usurpations et les impostures, et qui fait trembler toutes les tours des t��n��bres. L'��croulement du mal, c'est la construction du bien.
R��p��tons-le, ce cri lib��rateur R��publique!
R��p��tons-le d'une voix si ferme et si haute qu'il ait raison de toutes les surdit��s. Achevons ce que nos a?eux ont commenc��. Soyons les fils ob��issants de nos glorieux p��res. Compl��tons la r��volution fran?aise par la fraternit�� europ��enne, et l'unit�� de la France par l'unit�� du continent. ��tablissons entre les nations cette solide paix, la f��d��ration, et cette solide justice, l'arbitrage. Soyons des peuples d'esprit au lieu d'��tre des peuples stupides. ��changeons des id��es et non des boulets. Quoi de plus b��te qu'un canon? Que toute l'oscillation du progr��s soit contenue entre ces deux termes:
Civilisation, mais r��volution.
R��volution, mais civilisation.
Et, convaincus, d��vou��s, unanimes, glorifions nos dates m��morables. Glorifions le 14 juillet, glorifions le 10 ao?t, glorifions le 22 septembre. Ayons une si fi��re fa?on de nous en souvenir qu'il en sorte la libert�� du monde. C��l��brer les grands anniversaires, c'est pr��parer les grands ��v��nements.
Mes concitoyens, je vous salue.

1877

I
LES OUVRIERS LYONNAIS
Le dimanche 25 mars, une conf��rence a lieu dans la salle du Chateau d'Eau pour les ouvriers lyonnais.
Victor Hugo et Louis Blanc y prennent la parole.
Voici le discours de Victor Hugo:
Les ouvriers de Lyon souffrent, les ouvriers de Paris leur viennent en aide. Ouvriers de Paris, vous faites votre devoir, et c'est bien. Vous donnez l�� un noble exemple. La civilisation vous remercie.
Nous vivons dans un temps o�� il est n��cessaire d'accomplir d'��clatantes actions de fraternit��. D'abord, parce qu'il est toujours bon de faire le bien; ensuite, parce que le pass�� ne veut pas se r��signer �� dispara?tre, parce qu'en pr��sence de l'avenir, qui apporte aux nations la f��d��ration et la concorde, le pass�� tache de r��veiller la haine. (Applaudissements).
R��pondons �� la haine par la solidarit�� et par l'union.
Messieurs, je ne prononcerai que des paroles aust��res et graves. Avoir devant
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