laisse-t-il pas poss��der comme un troupeau de b��tes? Pourquoi? ... etc.
Cette fa?on de pallier ajoute �� l'horreur. Chicaner l'indignation publique, rien de plus mis��rable. Les att��nuations aggravent. C'est la subtilit�� plaidant pour la barbarie. C'est Byzance excusant Stamboul.
Nommons les choses par leur nom. Tuer un homme au coin d'un bois qu'on appelle la for��t de Bondy ou la for��t Noire est un crime; tuer un peuple au coin de cet autre bois qu'on appelle la diplomatie est un crime aussi.
Plus grand. Voil�� tout.
Est-ce que le crime diminue en raison de son ��normit��? H��las! c'est en effet une vieille loi de l'histoire. Tuez six hommes, vous ��tes Troppmann; tuez-en six cent mille, vous ��tes C��sar. ��tre monstrueux, c'est ��tre acceptable. Preuves: la Saint-Barth��lemy, b��nie par Rome; les dragonnades, glorifi��es par Bossuet; le Deux-D��cembre, salu�� par l'Europe.
Mais il est temps qu'�� la vieille loi succ��de la loi nouvelle; si noire que soit la nuit, il faut bien que l'horizon finisse par blanchir.
Oui, la nuit est noire; on en est �� la r��surrection des spectres; apr��s le Syllabus, voici le Koran; d'une Bible �� l'autre on fraternise; jungamus dextras; derri��re le Saint-Si��ge se dresse la Sublime Porte; on nous donne le choix des t��n��bres; et, voyant que Rome nous offrait son moyen age, la Turquie a cru pouvoir nous offrir le sien.
De l�� les choses qui se font en Serbie.
O�� s'arr��tera-t-on?
Quand finira le martyre de cette h��ro?que petite nation?
Il est temps qu'il sorte de la civilisation une majestueuse d��fense d'aller plus loin.
Cette d��fense d'aller plus loin dans le crime, nous, les peuples, nous l'intimons aux gouvernements.
Mais on nous dit: Vous oubliez qu'il y a des ?questions?. Assassiner un homme est un crime, assassiner un peuple est ?une question?. Chaque gouvernement a sa question; la Russie a Constantinople, l'Angleterre a l'Inde, la France a la Prusse, la Prusse a la France.
Nous r��pondons:
L'humanit�� aussi a sa question; et cette question la voici, elle est plus grande que l'Inde, l'Angleterre et la Russie: c'est le petit enfant dans le ventre de sa m��re.
Rempla?ons les questions politiques par la question humaine.
Tout l'avenir est l��.
Disons-le, quoiqu'on fasse, l'avenir sera. Tout le sert, m��me les crimes. Serviteurs effroyables.
Ce qui se passe en Serbie d��montre la n��cessit�� des ��tats-Unis d'Europe. Qu'aux gouvernements d��sunis succ��dent les peuples unis. Finissons-en avec les empires meurtriers. Muselons les fanatismes et les despotismes. Brisons les glaives valets des superstitions et les dogmes qui ont le sabre au poing. Plus de guerres, plus de massacres, plus de carnages; libre pens��e, libre ��change; fraternit��. Est-ce donc si difficile, la paix? La R��publique d'Europe, la F��d��ration continentale, il n'y a pas d'autre r��alit�� politique que celle-l��. Les raisonnements le constatent, les ��v��nements aussi. Sur cette r��alit��, qui est une n��cessit��, tous les philosophes sont d'accord, et aujourd'hui les bourreaux joignent leur d��monstration �� la d��monstration des philosophes. A sa fa?on, et pr��cis��ment parcequ'elle est horrible, la sauvagerie t��moigne pour la civilisation. Le progr��s est sign�� Achmet-Pacha. Ce que les atrocit��s de Serbie mettent hors de doute, c'est qu'il faut �� l'Europe une nationalit�� europ��enne, un gouvernement un, un immense arbitrage fraternel, la d��mocratie en paix avec elle-m��me, toutes les nations soeurs ayant pour cit�� et pour chef-lieu Paris, c'est-��-dire la libert�� ayant pour capitale la lumi��re. En un mot, les ��tats-Unis d'Europe. C'est l�� le but, c'est l�� le port. Ceci n'��tait hier que la v��rit��; grace aux bourreaux de la Serbie, c'est aujourd'hui l'��vidence. Aux penseurs s'ajoutent les assassins. La preuve ��tait faite par les g��nies, la voil�� faite par les monstres.
L'avenir est un dieu tra?n�� par des tigres.
Paris, 29 ao?t 1876.
II
AU PR��SIDENT DU CONGR��S DE LA PAIX A GEN��VE
Paris, 10 septembre 1876.
Mon honorable et cher pr��sident,
Je vous envoie mes voeux fraternels.
Le Congr��s de la paix persiste, et il a raison.
Devant la France mutil��e, devant la Serbie tortur��e, la civilisation s'indigne, et la protestation du Congr��s de la paix est n��cessaire.
C'est �� Berlin qu'est l'obstacle �� la paix; c'est �� Rome qu'est l'obstacle �� la libert��. Heureusement le pape et l'empereur ne sont pas d'accord; Rome et Berlin sont aux prises.
Esp��rons.
Recevez mon cordial serrement de main.
VICTOR HUGO.
III
LE BANQUET DE MARSEILLE
Victor Hugo, invit�� au banquet par lequel les d��mocrates de Marseille c��l��brent le grand anniversaire de la R��publique, et ne pouvant s'y rendre, a ��crit la lettre suivante:
Paris, 22 septembre 1876.
Mes chers concitoyens,
Vous m'avez adress��, en termes ��loquents, un appel dont je suis profond��ment touch��. C'est un regret pour moi de ne pouvoir m'y rendre. Je veux du moins me sentir parmi vous, et ce que je vous dirais, je vous l'��cris.
L'heure o�� nous sommes sera une de celles qui caract��riseront ce si��cle.
En ce moment la monarchie fait �� sa fa?on la preuve de la r��publique. De tous les c?t��s, les rois font le mal; la querelle des tr?nes et flagrante; de pape �� empereur, on s'excommunie; de
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