Actes et Paroles, vol 4 | Page 4

Victor Hugo
soi le peuple de Paris, c'est un supr��me honneur, et l'on n'en est digne qu'�� la condition d'avoir en soi la droiture. Et j'ajoute, la mod��ration. Car, si la droiture est la puissance, la mod��ration est la force.
Maintenant, et sous ces r��serves, trouvez bon que je vous dise ma pens��e enti��re.
A l'heure o�� nous sommes, le monde est en proie �� deux efforts contraires.
Un mot suffit pour caract��riser cette heure ��trange. A quoi songent les rois? A la guerre. A quoi songent les peuples? A la paix. (Applaudissements prolong��s.)
L'agitation fi��vreuse des gouvernements a pour contraste et pour le?on le calme des nations. Les princes arment, les peuples travaillent. Les peuples s'aiment et s'unissent. Aux rois pr��m��ditant et pr��parant des ��v��nements violents, les peuples opposent la grandeur des actions paisibles.
Majestueuse r��sistance.
Les populations s'entendent, s'associent, s'entr'aident.
Ainsi, voyez:
Lyon souffre, Paris s'��meut.
Que le patriotique auditoire ici rassembl�� me permette de lui parler de Lyon.
Lyon est une glorieuse ville, une ville laborieuse et militante. Au-dessus de Lyon, il n'y a que Paris. A ne voir que l'histoire, on pourrait presque dire que c'est �� Lyon que la France est n��e. Lyon est un des plus antiques berceaux du fait moderne; Lyon est le lieu d'inoculation de la d��mocratie latine �� la th��ocratie celtique; c'est �� Lyon que la Gaule s'est transform��e et transfigur��e jusqu'�� devenir l'h��riti��re de l'Italie; Lyon est le point d'intersection de ce qui a ��t�� jadis Rome et de ce qui est aujourd'hui la France.--Lyon a ��t�� notre premier centre. Agrippa a fait de Lyon le noeud des chemins militaires de la Gaule, et ce proc��d�� p��remptoire de civilisation a ��t�� imit�� depuis par les routes strat��giques de la Vend��e. Comme toutes les cit��s pr��destin��es, la ville de Lyon a ��t�� ��prouv��e; au deuxi��me si��cle par l'incendie, au cinqui��me si��cle par l'inondation, au dix-septi��me si��cle par la peste. Fait que l'histoire doit noter, N��ron, qui avait br?l�� Rome, a rebati Lyon. Lyon, historiquement illustre, n'est pas moins illustre politiquement. Aujourd'hui, entre toutes les villes d'Europe, Lyon repr��sente l'initiative ing��nieuse, le labeur puissant, opiniatre et f��cond, l'invention dans l'industrie, l'effort du bien vers le mieux, et cette chose touchante et sublime,--car l'ouvrier de Lyon souffre,--la pauvret�� cr��ant la richesse. (Mouvement.) Oui, citoyens, j'y insiste, la vertu qui est dans le travail, l'intuition sociale qui conna?t et qui r��clame sans relache la quantit�� acceptable des r��volutions, l'esprit d'aventure pour le progr��s, ce je ne sais quoi d'infatigable qu'on a quand on porte en soi l'avenir, voil�� ce qui caract��rise la France, voil�� ce qui caract��rise Lyon. Lyon a ��t�� la m��tropole des Gaule, et l'est encore, avec l'accroissement d��mocratique. C'est la ville du m��tier, c'est la ville de l'art, c'est la ville o�� la machine ob��it �� l'ame, c'est la ville o�� dans l'ouvrier il y a un penseur, et o�� Jacquard se compl��te par Voltaire. (Applaudissements.) Lyon est la premi��re de nos villes; car Paris est autre chose, Paris d��passe les proportions d'une nation; Lyon est essentiellement la cit�� fran?aise, et Paris est la cit�� humaine. C'est pourquoi l'assistance que Paris offre �� Lyon est un admirable spectacle; on pourrait dire que Lyon assist�� par Paris, c'est la capitale de la France secourue par la capitale du monde. (Bravos.)
Glorifions ces deux villes. Dans un moment o�� les partis du pass�� semblent conspirer la diminution de la France, et essayent de d��tr?ner le chef-lieu de la r��volution au profit du chef-lieu de la monarchie, il est bon d'affirmer les grandes r��alit��s de la civilisation fran?aise, c'est-��-dire Lyon, la ville du travail, et Paris, la ville de la lumi��re. (Sensation. Bravos r��p��t��s.)
Autour de ces deux capitales se groupent toutes nos illustres villes, leurs soeurs ou leurs filles, et parmi elles cette admirable Marseille qui veut une place �� part, car elle repr��sente en France la Gr��ce de m��me que Lyon repr��sente l'Italie.
Mais ��largissons l'horizon, regardons l'Europe, regardons les nations, et, en m��me temps que nous d��montrons la solidarit�� de nos villes, constatons, citoyens, au profit de la civilisation, tous les sympt?mes de la concorde humaine.
Ces sympt?mes ��clatent de toutes parts.
Comme je le disais en commen?ant, �� l'heure troubl��e o�� nous sommes, les ph��nom��nes inqui��tants viennent des rois, les ph��nom��nes rassurants viennent des peuples.
Au-dessous du grondement bestial de la guerre d��cha?n��e il y a sept ans par deux empereurs, au-dessous des menaces de carnage et de d��vastation �� chaque instant renouvel��es, quelquefois m��me r��alis��es en partie, t��moin l'assassinat de la Bulgarie par la Turquie, au-dessous de la mobilisation des arm��es, au-dessous de tout ce sombre tumulte militaire, on sent une immense volont�� de paix.
Je le r��p��te et j'y insiste, qui veut la guerre? Les rois. Qui veut la paix? Les peuples.
Il semble qu'en ce moment une bataille ��trange se pr��pare entre la guerre, qui est la volont�� du pass��, et la paix, qui est la volont��
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