Chrétiens ne connaissaient ni la Suprématie de Rome, ni la Transubstantiation, ni
plusieurs Sacrements, ni le Purgatoire, ni le Culte des Images. Nous verrons en son temps
comment de nouveaux Missionnaires leur ont appris ce qu'ils ignoraient.
En remontant vers la Perse, on y trouve un peu avant le temps qui me sert d'époque, la
plus grande et la plus prompte révolution que nous connaissions sur la Terre.
Une nouvelle Domination, une Religion et des Moeurs jusqu'alors inconnues, avaient
changé la face de ces Contrées; et ce changement s'étendait déjà fort avant en Asie, en
Afrique et en Europe.
Pour me faire une idée du Mahométisme qui a donné une nouvelle forme à tant d'Empires,
je me rappellerai d'abord les parties du Monde qui lui furent les premières soumises.
La Perse avait étendu sa domination avant Alexandre, de l'Égypte à la Bactriane au-delà
du Pays où est aujourd'hui Samarcande, et de la Thrace jusqu'au Fleuve de l'Inde.
Divisée et resserrée sous les Séleucides, elle avait repris des accroissements sous Arsaces
le Parthien 250 ans avant JÉSUS-CHRIST. Les Arsacides n'eurent ni la Syrie, ni les
Contrées qui bordent le Pont-Euxin; mais ils disputèrent avec les Romains de l'Empire de
l'Orient, et leur opposèrent toujours des barrières insurmontables.
Du temps d'Alexandre Sévère, vers l'an 226, Artaxare enleva ce Royaume et rétablit
l'Empire des Perses, dont l'étendue ne différait guères alors de ce qu'elle est de nos jours.
Au milieu de toutes ces révolutions, l'ancienne Religion des Mages s'était toujours
soutenue en Perse, et ni les Dieux des Grecs, ni d'autres Divinités n'avaient prévalu.
Noushirvan ou Cosroés le Grand, sur la fin du VIe Siècle, avait étendu son empire dans
une partie de l'Arabie pétrée et de celle qu'on nommait heureuse. Il en avait chassé des
Abyssins Chrétiens, qui l'avaient envahie. Il proscrivit autant qu'il le put le Christianisme
de ses propres États, forcé à cette sévérité par le crime d'un fils de sa femme, qui s'étant
fait Chrétien, se révolta contre lui.
La dernière année du règne de ce fameux Roi, naquit Mahomet à la Mecque dans l'Arabie
pétrée en 570. Son Pays défendait alors sa liberté contre les Perses et contre ces Princes
de Constantinople, qui retenaient toujours le nom d'Empereurs Romains.
Les enfants du Grand Noushirvan, indignes d'un tel Père, désolaient la Perse par des
guerres civiles et par des parricides. Les successeurs du sage Justinien avilissaient le nom
de l'Empire. Maurice venait d'être détrôné par les armes de Phocas, et par les intrigues du
Patriarche Ciriaque et de quelques Évêques, que Phocas punit ensuite de l'avoir servi. Le
sang de Maurice et de ses cinq fils avait coulé sous la main du bourreau; et le Pape
Grégoire le Grand, ennemi des Patriarches de Constantinople, tâchait d'attirer le Tyran
Phocas dans son parti, en lui prodiguant des louanges, et en condamnant la mémoire de
Maurice, qu'il avait loué pendant sa vie.
L'Empire de Rome en Occident était anéanti, un déluge de Barbares, Goths, Hérules,
Huns, Vandales inondaient l'Europe, quand Mahomet jetait dans les Déserts de l'Arabie
les fondements de la Religion et de la Puissance Musulmane.
On sait que Mahomet était le cadet d'une famille pauvre, qu'il fut longtemps au service
d'une femme de la Mecque, nommée Caditscha, laquelle exerçait le négoce; qu'il l'épousa,
et qu'il vécut obscur jusqu'à l'âge de quarante ans. Il ne déploya qu'à cet âge les talents
qui le rendaient supérieur à ses compatriotes. Il avait une éloquence vive et forte,
dépouillée d'art et de méthode, telle qu'il la fallait à des Arabes; un air d'autorité et
d'insinuation, animé par des yeux perçants et par une physionomie heureuse; l'intrépidité
d'Alexandre, sa libéralité, et la sobriété dont Alexandre aurait eu besoin pour être un
grand-homme en tout.
L'amour, qu'un tempérament ardent lui rendait nécessaire, et qui lui donna tant de
femmes et de concubines, n'affaiblit ni son courage, ni son application, ni sa santé. C'est
ainsi qu'en parlent les Arabes contemporains, et ce portrait est justifié par ses actions.
Après avoir bien connu le caractère de ses concitoyens, leur ignorance, leur crédulité et
leur disposition à l'enthousiasme, il vit qu'il pouvait s'ériger en Prophète. Il feignit des
révélations, il parla, il se fit croire d'abord dans sa maison, ce qui était probablement le
plus difficile. En trois ans il eut quarante-deux disciples persuadés; Omar, son
persécuteur, devint son Apôtre; au bout de cinq ans il en eut 114.
Il enseignait aux Arabes adorateurs des Étoiles, qu'il ne fallait adorer que le Dieu qui les a
faites: que les Livres des Juifs et des Chrétiens s'étant corrompus et falsifiés, on devait les
avoir en horreur: qu'on était obligé sous peine de châtiment éternel de prier cinq fois par
jour; de donner l'aumône; et surtout, en ne reconnaissant qu'un seul Dieu, de croire en
Mahomet son dernier Prophète; enfin de
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